Quel est votre parcours avant Les Réparables ?
Après un BEP Métiers de la mode et un bac pro Artisanat et métiers d’art, j’ai obtenu un titre professionnel de modéliste. J’ai ensuite travaillé dans l’industrie textile pour des façonniers (sous-traitance, NDLR).
À 24 ans, j’ai créé à La Roche-sur-Yon ma première entreprise de fabrication de vêtements féminins 100 % français, conçus avec une matière naturelle et recyclée. C’était en 2010. Au bout de deux ans et demi, j’ai mis un terme à l’aventure. C’était compliqué d’abandonner un projet qui avait du potentiel, mais j’ai préféré arrêter proprement. J’ai vendu tout ce que je pouvais et remboursé tout ce que je devais. Heureusement, je n’avais pas de salarié. J’ai retenu qu’il fallait bien s’entourer, avoir un minimum de fonds et se donner les moyens de ses ambitions. À ce moment-là, pourtant, j’ai fait le choix de redevenir salariée pour retrouver une stabilité et une certaine sérénité. Mais je m’y suis très vite ennuyée. Dans l’année qui a suivi, j’ai remonté une autre boîte comme couturière indépendante. En parallèle, je suis devenue formatrice adulte “costume du spectacle“ et enseignante en bac pro avant de faire le choix de me concentrer uniquement sur mon activité entrepreneuriale.
Pourquoi ?
Entre 2016 et 2018, j’ai eu la chance de participer aux tournées Worn Wear de Patagonia comme couturière freelance. La marque installait en boutique des ateliers de réparation vêtements gratuits pour ses clients. Ce fut un véritable déclic qui changea profondément ma vision du métier. Je me suis dit : « Arrêtons de fabriquer et de consommer autant de vêtements neufs. Commençons par nous occuper de ce que l’on a dans nos armoires, de ce qui dort dans les stocks, de tout ce que l’on peut trouver dans les friperies. » Chaque Français achète en moyenne 9,5 kg de textiles et chaussures par an[1] alors qu’il n’en trie que 3,4 kg via des points d’apport volontaire qui se chargent de leur donner une seconde vie. C’est très peu. Pire : en Europe, 80 % des vêtements sont jetés à la poubelle et finissent enfouis ou incinérés. Je ne dénigre surtout pas le métier de façonnier. Je dis simplement qu’il y a un juste milieu et c’est pourquoi j’ai voulu transformer mon atelier de couture pour en faire un concept autour de la réparation et ainsi prolonger la durée de vie des vêtements.
Quel est ce concept ?
J’ai créé Les Réparables en juillet 2020, avec l’envie de ramener la réparation de vêtements sur le devant de la scène et ainsi lutter contre l’impact négatif de l’industrie textile sur l’environnement. Je veux rendre la réparation accessible à tous, que cet acte ne soit pas exclusivement lié à des problématiques financières mais devienne un réflexe pour tous.
Pour atteindre cet objectif, j’utilise les codes d’aujourd’hui. Grâce au digital, je dépoussière un métier artisanal pour en faire un service d’e-commerce comme un autre. Pour autant, je garde une boutique avec un accueil physique aux Essarts-en-Bocage (entre La Roche-sur-Yon et Les Herbiers, NDLR) et un accueil téléphonique pour ceux qui nous envoient un colis ou qui ont besoin de conseils. En résumé, j’utilise le digital pour avoir un impact plus large et faire rayonner ma solution innovante au niveau national.
Quel outil digital avez-vous imaginé ?
Il s’agit d’un simulateur. Ce calculateur s’adresse uniquement à nos clients particuliers. Il suffit d’aller sur le site, de cliquer sur “Je veux réparer“ et de se laisser guider en fonction du type de vêtement et de réparation pour connaître le prix (hors frais de port car certains clients déposent les vêtements directement en boutique, NDLR). Le prix varie en fonction de la technicité de l’acte et donc du temps passé. Un client qui n’y connaît rien en couture doit pouvoir s’y retrouver facilement.
Qui sont vos clients ?
Nous avons trois cibles, chacune représentant environ un tiers de notre chiffre d’affaires (montant…