Laurence Quiblier, vice-présidente du Club Immobilier Nantes Atlantique (CINA) en charge du commerce décrit une « activité commerciale chahutée et imprévisible pour beaucoup de commerces, des flux piétons ascendants mais ne se traduisant pas sur les chiffres d’affaires des boutiques et des travaux impactant directement l’activité et l’accessibilité aux commerces ». En clair, un avis de coup de vent qui incite les enseignes nationales et les indépendants à mener une réflexion approfondie conduisant à des « arbitrages importants sur des axes commerciaux majeurs, repositionnements ou renégociations », indique-t-elle.
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Conséquence : si la baisse des loyers n’est pas observée, les valeurs des droits au bail ou des fonds de commerces ont clairement chuté. Le CINA vient de publier pour la troisième année consécutive l’Observatoire Nantais de l’Immobilier Commercial (ONICO), outil de mesure de l’activité commerciale métropolitaine.
Le taux de vacance « explose »
« À Nantes, la vacance commerciale a été pendant longtemps parmi les plus faibles de France. Les nombreuses fermetures liées au repositionnement des marques nationales de prêt-à-porter et équipement de la maison ou aux difficultés économiques post-covid de nombreux indépendants qui ont jeté l’éponge redessinent, à présent, le paysage », souligne l’ONICO. « Cette année le nombre de cellules vides explose dans le centre-ville de Nantes et l’on commence à observer, non pas pour l’heure une baisse des loyers mais une baisse des valeurs de droits au bail et de fonds de commerce. » Le taux de vacance commerciale à Nantes est ainsi passé de 3 % à 4,9 % au cours de l’année 2023, avec une moyenne annuelle de 4,15 %. Cette tendance s’est accentuée au premier trimestre 2024 atteignant 6 %. La moyenne nationale est supérieure avec 9,67 % en 2023.
Des emplacements n°1 restent vides
« La défaillance des enseignes nationales laisse émerger un phénomène nouveau sur le paysage urbain avec des cellules vides sur des emplacements n°1, jusqu’ici confortés par la dynamique du territoire. De plus, la hausse du prix des loyers a également joué un rôle crucial en dissuadant de nouveaux investissements et en forçant certains commerces à fermer leurs portes, parfois sans cession », précise l’ONICA.
Parallèlement le nombre d’ouvertures de nouveaux commerces a été inférieur aux années précédentes, avec seulement 87 ouvertures en 2023, à comparer aux 135 en 2019, laissant apparaître un ralentissement préoccupant. Toutefois quelques belles éclaircies sont à noter, avec l’ouverture prochaine de Decathlon City passage de la Châtelaine ou de Fitness Park rue de Budapest.
Les associations redoutent les travaux
À ce contexte économique, s’ajoute l’inquiétude liée aux travaux majeurs entamés à Nantes, entraînant la fermeture du pont Anne-de-Bretagne et d’une partie du quai de la Fosse, et ceux entamés sur la place de la Petite-Hollande. Les organisations professionnelles et associations représentant les acteurs du commerce et de l’entreprise, le Club Titan, Culture Bar-Bars, le GHR Grand Ouest, Plein Centre, l’UMIH 44 et l’UNACOD expriment les inquiétudes de leurs adhérents. « Sur l’île de Nantes, les niveaux des loyers sont très hauts, boostés par une promesse d’attractivité qui n’est pas tenue face à cette perspective de travaux qui s’ouvre aujourd’hui. Il est à craindre de prochaines fermetures sèches et de graves problèmes de trésorerie », prédit l’ONICA. Les acteurs concernés appellent à la mise en place d’une stratégie d’accompagnement individuel construite avec la Ville et supervisée par la Chambre de commerce et d’industrie.
Le commerce nantais en chiffres
Au 1er janvier 2023, Nantes Métropole comptait 2 417 commerces, 1 166 bars et restaurants
L’hypercentre comptait 1 167 commerces et 543 bars et restaurants