Pouvez-vous présenter l’entreprise et son histoire ?
Mes parents avaient une exploitation laitière. Mon père a créé Bioret Agri en 1993, avec pour vocation de vendre des graines (blé, maïs, avoine) pour les animaux, et en particulier les produits dédiés à la colombophilie (élevage de pigeons voyageurs, NDLR).
En parallèle, ma mère s’occupait des vaches. Après une mise aux normes des sols des exploitations laitières à la fin des années 1980, nos bêtes ont commencé à avoir des problèmes quand elles revenaient dans l’étable : gros jarrets, escarres, blessures…
Mon père a alors eu l’idée d’installer du caoutchouc au sol. C’était à la fois antidérapant et un moyen d’augmenter le confort des bêtes. Ça a amélioré un peu les choses, mais pas suffisamment. Il s’est alors inspiré des aires de jeux pour enfants : il a broyé des chutes d’essuie-glace puis les a réagglomérées avec de la résine avant de les couler à la main dans les logettes (lits de vaches, NDLR). Le tout était recouvert d’une bâche de camion pour rendre étanche le produit. C’est comme ça qu’est né notre premier matelas. En 1999, il a reçu le prix de l’innovation au Salon international de l’élevage (Space, NDLR) de Rennes.
Quels ont été les bénéfices de cette innovation ?
Des améliorations au niveau de la santé des animaux : beaucoup moins de pathologies, de frais vétérinaires, des animaux qui dormaient plus longtemps. Ça a aussi augmenté la production de lait quasi immédiatement de près de 10 %.
Cette innovation nous a permis de comprendre que la vache laitière est une athlète : plus elle dépense de l’énergie à lutter contre son environnement (inconfort, bactéries…), moins elle produit de lait. Mon père a alors décidé de vendre son invention à ses collègues éleveurs. Il a développé cette activité pendant quatre ou cinq ans au sein de son entreprise qui, à l’époque, employait 2,5 équivalents plein temps.
Cette innovation nous a permis de comprendre que la vache laitière est une athlète : plus elle dépense de l’énergie à lutter contre son environnement (inconfort, bactéries…), moins elle produit de lait.
Quels ont été vos parcours et formation avant Bioret Agri ?
Pour aider mes parents à la ferme, j’ai commencé très tôt à m’occuper des vaches. Mon frère a repris l’exploitation et de mon côté, après un bac STT (Sciences des technologies du tertiaire) à la Joliverie dans la métropole nantaise, je suis parti deux mois à Londres. J’ai enchainé les petits boulots : balayeur de rue, éboueur, déménageur… De retour en France, j’ai commencé un BTS de force de vente en alternance. Mon entreprise vendait des tracteurs.
Une fois mon BTS en poche, je suis parti en stop en Irlande. Je me suis très vite fait embaucher dans un supermarché Tesco à Dublin. J’y suis resté neuf mois.
À mon retour en 2004, j’ai suivi une formation d’un an en alternance de la CCI Nantes St-Nazaire pour me perfectionner au commerce international. J’ai travaillé chez Motard, une entreprise de Cholet spécialisée dans le mobilier de luxe. J’ai ainsi sillonné l’Europe au volant d’un camion doté d’un showroom. Ensuite, j’ai acheté un aller simple pour Pékin. Puis, j’ai parcouru toute l’Asie avec mon sac à dos.
À quel moment avez-vous envisagé de reprendre l’entreprise familiale ?
Je n’étais pas réellement parti pour. Mon père m’avait prévenu que si je partais en voyage, il se débrouillerait sans moi. Mais lors de mon périple en Asie, j’ai tout de même visité des salons spécialisés dans le caoutchouc.
Six mois après mon retour, j’ai eu le déclic car je voulais vraiment faire du commerce à l’international. J’ai réalisé que ce je recherchais, je l’avais sous le nez. Mon père travaillait en Bretagne, mais très peu à l’étranger. J’ai pris conscience du marché potentiel que représentait nos matelas, et comme mon parcours collait parfaitement avec ce projet, j’ai décidé d’internationaliser le concept. C’est comme ça que j’ai racheté l’entreprise en 2007 et que mon père a pu prendre sa retraite.
À quels changements avez-vous procédé ?
Lorsque j’ai repris l’entreprise, ma première…