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Tourisme : un premier bilan mitigé en Vendée

Une météo pluvieuse, des annulations de dernière minute et des vacanciers qui surveillent scrupuleusement leur budget : malgré une avant-saison prometteuse, le mois de juillet s’est avéré relativement décevant pour le tourisme vendéen. Pour autant, le retour du soleil en août et l’allongement de la saison en septembre pourraient nuancer positivement ce premier bilan. À condition que les professionnels s’adaptent aux nouveaux modes de consommation des touristes, notamment en proposant davantage de séjours à la nuitée.

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Une avant-saison prometteuse, favorisée par les nombreux ponts du mois de mai et des réservations en hausse de 20 à 30 % à la mi-juin, notamment dans les campings. L’été 2023 s’annonçait touristiquement exceptionnel en Vendée, dans la continuité de 2022, première saison post-Covid. Mais la météo maussade de juillet est venue doucher l’euphorie annoncée.

C’est le cas du côté de la destination Vendée Grand Littoral, collectivité d’une vingtaine de communes autour de Talmont-Saint-Hilaire (au sud des Sables d’Olonne). Le territoire comptabilise 100 000 lits touristiques dont 79 % au sein des quatre communes du littoral[1].

L’essor des météo-opportunistes

« En juin et juillet, nous avons observé un ralentissement du nombre de réservations sur notre zone et nous n’avons pas eu les nuitées escomptées, résume Magalie Bironneau, directrice de l’office de tourisme intercommunal. Fin juillet, on était à 85 % de réservations pour les hébergements. Or, habituellement, à cette période-là, on est complet. On misait sur les réservations de dernière minute pour ajuster le tir, mais cela ne s’est pas produit. »

En effet, même si elles restent très importantes encore cette année, bon nombre de ces réservations de dernière minute, dites météo-opportunistes, ne sont pas tombées en juillet, surtout lors de la deuxième quinzaine, du fait de cette météo défavorable. « La pluie est venue freiner la dynamique », renchérit Delphine Menanteau, directrice de l’office de tourisme Pays de Fontenay-Vendée, dans le sud du département. Dans ce territoire de 25 communes autour de Fontenay-le-Comte, qui compte 6 000 lits touristiques (marchands et non marchands), certains hébergeurs ont fait part d’annulations de dernière minute liées au temps. « En revanche, ils ont observé davantage de réservations d’extrême dernière minute, parfois le jour même. »

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De son côté, Franck Chadeau, président de la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein-air, précise cette analyse pour les campings[2]. « Côté emplacements “nus”, la majorité des établissements sont satisfaits. En juillet, 80 % des professionnels disent avoir constaté une fréquentation identique à la saison dernière sur la même période et 20 % observent une baisse de la clientèle. Les locatifs ont, eux, un peu plus souffert sur ce début de saison. Près de 33 % des professionnels déplorent ainsi une baisse de fréquentation comparé à juillet 2022. Sur ce point, outre l’aspect météo, j’y vois aussi un effet direct de l’inflation. »

Également impactées par ce temps maussade, les activités extérieures. « Sur la destination Vendée Grand Littoral, on note une baisse de fréquentation oscillant entre 5 et 15 % selon les sites, notamment pour le parc aquatique O’Gliss Park et la Maison du marais, situés dans le secteur de Longeville-sur-Mer, indique Magalie Bironneau. Ceux qui ont su tirer leur épingle du jeu en juillet sont ceux qui sont en intérieur comme l’aquarium de Talmont-Saint-Hilaire, les cinémas ou, plus étonnant, le parc d’accrobranches O’Fun. Ce sont les mêmes qui s’en sortent en cas de canicule. » Même son de cloche du côté du Pays de Fontenay-Vendée où la base de loisirs de Mervent, au cœur d’un massif forestier, a souffert d’une baisse significative de fréquentation en juillet. Idem sur le territoire voisin du Marais poitevin, au niveau des embarcadères de la Venise verte.

En août, c’est mieux

Malgré une forte tempête en début de mois, qui a vu plusieurs plages vendéennes fermées ou la baignade interdite[3], août 2023 se déroule sous de meilleurs auspices avec le retour du soleil et des fortes chaleurs.

Sur le littoral, « les touristes sont massivement revenus sur la première quinzaine, indique Magalie Bironneau. Au niveau des hébergements, on est sur un taux de remplissage de 99 %. Dans les campings, il reste quelques emplacements nus mais globalement, on est complet. À noter que le retour du soleil est propice à la consommation, aux activités et à la baignade. »

Dans le Sud Vendée, Delphine Menanteau pense que « la saison sera bonne malgré tout. L’avant-saison a tellement été exceptionnelle qu’elle a généré beaucoup d’attentes chez les professionnels. Mais finalement, on devrait retrouver un niveau proche à 2019, avant le Covid. »

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Le Marais poitevin. ©Vendée Grand Sud et Vendée Expansion par S. Bourcier

Deux avis partagés par Franck Chadeau. « Août est traditionnellement un mois de forte fréquentation car beaucoup d’usines ferment. Et avec l’amélioration de la météo, c’est effectivement mieux qu’en juillet, même s’il s’agit pour l’heure d’un pré-bilan, rappelle le président de la FVHPA interrogé au lendemain du pont du 15 août. Ainsi, à ce stade, pour les emplacements nus, seulement 6 % des professionnels constatent une baisse de fréquentation contre 17 % pour les locatifs. »

Il conclut : « Là où les professionnels vont peut-être pouvoir compenser la baisse d’activité de fin juillet, c’est fin août et au mois de septembre, avec l’allongement de la saison touristique, à condition évidemment que la météo soit bonne. À ce moment-là, on saura vraiment si on est sur un bon cru ou sur une saison plus classique. »

Cinq (nouvelles) façons de consommer ses vacances 

Lors de cette saison 2023, les professionnels vendéens notent que les touristes font évoluer leurs façons de consommer les vacances. Certaines de ces tendances sont apparues depuis le Covid et se confirment. D’autres sont nées avec l’inflation. Même si les choses changent, la notion de plaisir reste au cœur des séjours.

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La maison de Georges Clemenceau, à Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée) ©Horizon vertical

  1. On part moins longtemps mais plus souvent. Les raisons sont principalement liées à l’inflation : prix de l’essence et des locatifs, entre autres. Les vacances à la semaine ne sont donc plus la norme et la demande de découpage des séjours est de plus en plus forte. « Trois à quatre jours en moyenne », indique Magalie Bironneau du côté de la destination Vendée Grand Littoral. « Voire une nuit seulement », nuance Delphine Menanteau pour le Pays de Fontenay-Vendée, s’appuyant sur des remontées d’information de plusieurs gîtes et chambres d’hôtes du territoire. « Le nombre de nuitées par séjour a effectivement tendance à baisser, rapporte Franck Chadeau, de la FVHPA. Les professionnels s’adaptent en changeant l’habituel format de l’arrivée du samedi avec un séjour de sept jours minimum et multiplient les offres avec des arrivées libres tout au long de la semaine, avec une période de réservation possible en deçà de sept jours. »
  2. La clientèle de proximité, voire de très grande proximité (moins de 50 km) continue de se développer. C’est là encore sans doute une conséquence de la hausse des prix mais aussi du Covid, période où les Français ont appris à redécouvrir leur région. Ces excursionnistes, qui viennent de tous les Pays de la Loire pour la journée, sont ainsi en forte augmentation sur le littoral et la région de Talmont-Saint-Hilaire.
  3. Des vacanciers toujours plus consommateurs d’activités. Si l’inflation impacte le lieu et la durée des séjours, les offices de tourisme notent l’attachement intact des vacanciers aux activités de loisirs. « En juillet, nous avons noté une hausse de notre billetterie de 31 %, commente Delphine Menanteau. Cela s’explique sans doute en partie par le fait que notre billetterie se soit élargie cette année. Mais nous pensons que c’est aussi lié à la hausse de la clientèle locale et régionale, qui, comme elle part moins loin et moins longtemps, a plus envie de se faire plaisir en consommant des activités. » Magalie Bironneau, de Vendée Grand littoral, affine cette analyse : « Au sein de la billetterie de notre office de tourisme, nous avons constaté une hausse du panier moyen pour les activités. Les vacanciers veulent se faire plaisir et concentrent leurs dépenses sur les activités. »
  4. Au détriment des bars et restaurants. Ou du moins consomment différemment. Les cafés-restaurants sont l’une des variables d’ajustement du pouvoir d’achat écorné des touristes. « Cet été, et particulièrement en juillet, on a vu des restaurants quasiment déserts, ou du moins loin d’être complets le soir, dans des stations balnéaires, témoigne Tarek Tarrouche, président de l’Umih 85, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (750 adhérents dont 55 % de restaurants). Certains bistrots ont même vu des familles commander un nombre de boissons inférieur au nombre de personnes assises autour de la table. Ou alors qui se partagent des planches apéro au lieu d’un vrai menu. Nous devons en prendre conscience et adapter nos offres à ces expériences en proposant peut-être plus de brunch ou la possibilité de grignoter de façon conviviale. »

[1] Talmont-Saint-Hilaire, Longeville-sur-Mer, Jard-sur-Mer et Saint-Vincent-sur-Jard.

[2] Il y a 350 campings en Vendée. La FVHPA compte 280 adhérents.

[3] Longeville-sur-Mer, Talmont-Saint-Hilaire, Jard-sur-Mer, Saint-Vincent-sur-Jard, Les Sables d’Olonne…