Quel a été votre parcours avant de créer la marque de lunettes Naoned ?
Je suis né à Cholet en 1978. J’ai grandi dans les bottes de mes grands-parents, viticulteurs à Gorges dans le pays du muscadet. Ça m’a tatoué l’esprit en mode “produire et distribuer”, parce qu’au-delà d’être producteurs, ils étaient également négociants. En parallèle, j’ai découvert la batterie à 7 ans et j’ai voulu ne faire que ça. Ma mère m’a alors conseillé d’avoir un diplôme et un vrai métier. J’ai choisi celui d’opticien parce qu’il était à la fois dans le soin apporté aux autres et m’offrait la possibilité de voler de mes propres ailes.
Vous aviez déjà à l’époque la volonté d’entreprendre ?
Oui, car j’ai toujours baigné dans cet univers. Mon père a eu une cave pendant plusieurs années. Il était indépendant et libre. C’était essentiel pour moi de l’être aussi. J’ai alors passé mon diplôme d’opticien en alternance, tout en continuant la batterie. Le patron que j’avais à Pornic m’a très vite confié les clés de son magasin et m’a dit : “Toi, tu ne vas pas être optométriste, mais tu es plutôt celui qui les embauchera.”
C’est ce que vous avez fait ?
Oui mais pas directement ! Il m’a d’abord conseillé de poursuivre ma formation avec un certificat de qualification professionnelle (CQP) en marketing,
management et communication. Chose que j’ai adoré faire et qui m’a éveillé sur le monde marketé dans lequel on vit. Après avoir quitté mon emploi à Pornic, j’ai enchaîné 22 remplacements dans des magasins en Bretagne. Les opticiens partaient en vacances et me confiaient leur boutique. J’ai ainsi découvert différents modèles et manières de travailler…
Comment êtes-vous passé de salarié à gérant de magasin d’optique ?
Après avoir rencontré la mère de mes plus grands enfants, je rêvais d’acheter une maison. Le banquier m’a répondu : “Non, vous n’effectuez que des remplacements, c’est une forme de précarité.” J’ai pris le problème à contre-sens et j’ai décidé de faire construire un immeuble. J’ai financé le projet grâce aux loyers que j’allais toucher une fois les appartements loués. Mais je me suis rapidement retrouvé en fin de droit Assedic… J’ai alors été recruté pour créer un magasin d’optique place du Vieux Doulon. Et c’est grâce à cet opticien qui m’a fait confiance que j’ai pris goût au fait d’ouvrir un magasin d’optique.
J’ai ensuite flashé sur un fonds de commerce rue de Bel-Air, en haut de Talensac. L’ancien propriétaire des lieux en voulait 50 000 €. Mais aucun banquier n’acceptait de financer le projet… J’ai osé proposer 15 000 € et il a accepté. C’est comme ça, et grâce à un accompagnement financier maternel indéfectible, que j’ai pu ouvrir ma première boutique à Nantes. “Lunettes etc.” est née en 2010.
Quel constat vous a alors poussé à créer Naoned ?
Pour me fournir en lunettes, j’ai contacté les différents fournisseurs avec qui j’avais travaillé lors de mes remplacements car c’était mon axe de cooptation. Mais aucun n’a pu m’en vendre car ils avaient déjà tous des points de vente partenaires à proximité de la boutique. C’est là que s’est imposée l’idée de créer mes propres modèles, qui ont ensuite donné naissance à la marque Naoned.

Pour le fondateur de Naoned, l’équipe qu’il a constituée au fil des années est une grande famille. ©Naoned
Pouvez-vous me présenter le concept de la marque ?
Au départ, il n’y en avait aucun. C’était même un anti-concept de par ce que j’avais compris pendant mon CQP en marketing, management et communication. J’ai choisi de reprendre les codes du luxe et d’y ajouter l’identité bre- tonne : “New-York, Sydney, Genève, Le Guilvinec”. Tout en faisant le pari de redorer le blason du local, ce qui imposait que notre bilan carbone soit aussi léger que nos aspirations ! En revanche, ce n’était pas une forme d’appropriation du territoire breton. Mais plutôt une volonté d’associer mon terroir à cette prothèse pour le mettre en lumière. Et à l’époque, le marketing de territoire n’existait pas…
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le design de lunettes ?
À l’école d’optique, j’ai croisé la route d’un géant qui nous a quittés : Yves Emond, un architecte québécois qui m’a ouvert les yeux sur les possibilités infinies du monde du design et sensibilisé à la non-obsolescence du bel objet. Aussi, Jean Cocteau di…