Couverture du journal du 02/07/2025 Le nouveau magazine

« J’avais un rêve de recherche »

Elle est à l’origine de 163 publications et 13 brevets et a obtenu la médaille de l’innovation du CNRS en juin dernier. Sophie Brouard, directrice de recherche du CNRS au Centre de recherche en transplantation et immunologie, nous accueille dans son labo. Entretien avec « une tête chercheuse » enjouée et humble, dont le travail n’a de sens, pour elle, que dans les applications industrielles qu’il génère pour la santé.

Vous êtes vétérinaire de formation, c’était le début de votre parcours nantais ? 

Je suis parisienne d’origine, mais j’ai choisi l’École vétérinaire de Nantes à l’époque surtout parce que j’avais des amis dans la région. J’y suis arrivée en 1990 avec déjà l’idée de faire de la recherche. Mais il était important pour moi de passer par le terrain, et, pendant un an après l’école j’ai soigné des gros animaux… J’ai suivi ensuite un Master 2 à Rennes en greffes et xenogreffes, puis je suis revenue à Nantes pour faire de l’immunologie. J’ai alors rencontré Jean-Paul Soulilou, qui était directeur du Centre de recherche en transplantation et immunologie, et j’ai fait une thèse en immunologie, en 1995. À Nantes, il y avait plus de passerelles entre les études vétérinaires et la recherche, moins d’examens à passer pour avoir les équivalences. Le parcours vétérinaire n’était, c’est vrai, pas la voie royale, mais finalement ça m’a bien aidée car, on aimait bien les doubles parcours, médecin/scientifique, ou véto/scientifique. J’ai fait ma thèse en trois ans sur les xenogreffes, je n’avais pas spécialement envie de passer un post-doctorat,
mais Jean-Paul m’a convaincue. Je suis partie deux ans à Harvard, j’ai pu véritablement faire de la recherche fondamentale, et j’ai passé les concours Inserm et CNRS, j’ai eu celui du CNRS. Je l’ai intégré en 2000, à Nantes, sur un poste de chargée de recherche. J’ai pris la codirection du centre de recherche en 2007, puis la direction en 2012, quand Jean-Paul est parti en retraite. 

La recherche était donc votre premier souhait ? Mais pourquoi l’immunologie ? 

J’avais depuis toujours un rêve de recherche. Mon père était ingénieur de recherche, ma mère technicienne de recherche en biologie, c’était mon milieu. Mon père, un jour, quand j’avais 10 ou 11 ans, m’a emmenée avec lui à une conférence du professeur Jean Bernard. Elle portait sur la compatibilité des groupes sanguins. C’était un grand bonhomme, et c’était une intervention très pédagogique, très grand public… Cela m’a donné envie de m’intéresser à l’immunologie, ensuite. Même si j’ai hésité avec les vaccins, j’avais une admiration sans borne pour Pasteur… 

Quels sont vos thèmes de recherche ?

Les thématiques de recherches de no…