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Hervé Coulombel, président de Royal Mer : « Il faut toujours avoir un coup d’avance »

Patron de l’entreprise Royal Mer dont il a pris la barre en 2016, Hervé Coulombel, Breton de 60 ans, a développé l’atelier implanté à La Regrippière, au sud-est de Nantes, en s’appuyant sur un savoir-faire local et le choix du haut de gamme. La marque Royal Mer se positionne sur la qualité et la durabilité tandis que l’expertise de l’atelier séduit les marques de luxe.

Hervé Coulombel Royal Mer

Hervé Coulombel, président de Royal Mer. © Benjamin Lachenal

Rien ne vous prédestinait à devenir un spécialiste de la maille et du tissu ?

J’ai une formation de gestion, je ne suis pas un technicien. Breton de la région rennaise, mes parents habitent à Dinan. J’ai exercé dans plusieurs entreprises pendant une dizaine d’années, dont Noël, qui fabriquait des chaussettes. Je m’occupais de l’export… À la fin des années 1990, j’ai monté ma structure pour aider les entreprises de l’Ouest à exporter, m’associant avec mon frère Roland pour proposer un service export externalisé aux PME-PMI de la région. Durant sept ans, jusqu’au moment où l’on s’est dit que ce serait mieux de vendre nos propres produits. En 2004, nous avons mis un pied dans le textile en reprenant l’entreprise Lambert Créations, spécialisée dans la robe de mariée. Cette même année nous avons été confrontés à l’ouverture des frontières et l’invasion des produits asiatiques. Nous avions le choix entre licencier le personnel de l’atelier de Rennes et faire fabriquer en Thaïlande ou garder les compétences et bâtir sur le savoir-faire en changeant de modèle économique. Ce que nous avons choisi et nous ne le regrettons pas car cela marche plutôt bien. Nous sommes quasiment les seuls en France à faire des robes de mariées et robes du soir pour le luxe avec 25 salariés. L’entreprise est dirigée par mon épouse. Le bon schéma s’avère être un mix entre la fabrication pour notre marque Lambert et celle pour d’autres marques de créateurs. Ce qui permet d’équilibrer les charges et alimenter l’atelier toute l’année. Cela m’a occupé pendant deux ans à temps plein.

Votre credo était déjà d’avoir un atelier local, fabriquant de la qualité et haut de gamme ?

En fait, il n’y a pas beaucoup de choix. Si vous décidez de maintenir des activités de production de main-d’œuvre en France il faut être haut de gamme. Fabriquer des chemises à 10 € cela ne marche pas. À l’époque, le choix a été fait de garder les savoir-faire et d’amener du service, du sur-mesure, de la demi-mesure et de monter en gamme. Aujourd’hui, cela marche plutôt bien. Mon frère s’occupait de la partie commerciale et mon épouse des collections et de l’atelier. J’avais toujours sous le coude un ou deux contrats de prestataire pour mettre du beurre dans les épinards, car nous avions tout emprunté et hypothéqué la maison. Puis, j’ai eu l’occasion de diriger une entreprise près de Laval qui faisait de la maille pour des marques de luxe, de 2006 à 2012. J’ai découvert le monde de la maille et du luxe. Jusqu’au jour où j’ai rencontré une Belge qui venait de monter sa marque de vêtements de luxe en maille et en cuir. Je suis alors passé du statut de fabricant à donneur d’ordre pendant quatre ans. Les collections étaient fabriquées en Italie car nous n’avions pas trouvé en France d’atelier ayant un grade de qualité suffisante. Habitant entre Rennes et Saint-Malo je partais tous les lundis à Bruxelles, je passais ma vie dans les trains et les avions. Jusqu’à fin 2015, quand un ami m’a parlé d’une entreprise près de Nantes, Royal Mer Bretagne qui n’allait pas bien. Nous avons fait un audit, il y avait du boulot à faire au niveau des collections…