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Mentorat Atlantique : la transmission de savoir-faire au programme

Ancien dirigeant de cabinet conseil dans la formation et l’organisation, Philbert Corbrejaud s’est spécialisé dans la mise en valeur des talents et la transmission. Auteur du livre Libérez vos Talents , il met en place en septembre, en partenariat avec le cabinet d’expertise comptable BDO Atlantique, une première double formation mentors-mentorés.

Philbert Corbrejaud

Philbert Corbrejaud est convaincu que le mentorat est la solution pour attirer de jeunes recrues et garder les seniors qui ont l’expérience et le savoir-faire. ©PC

« C’est une initiative pour le développement du patrimoine humain alors qu’on est bien trop souvent sur le patrimoine financier. Ulysse a confié l’éducation de son fils à son ami Mentor avant de partir pour la guerre de Troie. Depuis, le mentorat repose sur le partage bienveillant d’un bénévole, quelqu’un de confiance avec un grand savoir-faire. On ne fait pas cela avec n’importe qui », prévient Philbert Corbrejaud qui constate la difficulté croissante des entreprises à recruter des jeunes et souvent à garder leurs collaborateurs expérimentés.

« Le mentorat d’entreprise est le partage de compétences entre des collaborateurs expérimentés, des seniors, et d’autres en quête d’évolution. Tout le monde n’est pas forcément bienveillant, bénévole et de confiance. Cela n’a rien à voir avec le coaching, le tutorat ou d’autres méthodes. Souvent, dans l’entreprise, il s’agit de tutorat. Là, il faut que le jeune soit volontaire. Ce dispositif améliore la fidélisation des intégrés. Les mentors qui ont transmis leur savoir-faire ont moins envie de partir, ils se sentent valorisés et les jeunes sont fidélisés car le mentor s’intéresse à leur projet, pas seulement à son activité. Une relation de confiance s’instaure », constate Philbert Corbrejaud.

Le consultant a pour partenaire mécène BDO Atlantique, entreprise à mission qui a déjà appliqué le mentorat formant. Parmi les associés, une douzaine de mentors épaulent ainsi les nouvelles recrues « pour les intégrer ou les faire évoluer ».

« On voit l’intérêt que le mentorat apporte, car il n’y a pas de lien hiérarchique. L’idée a été d’en faire profiter d’autres », ajoute Philbert Corbrejaud dont le fonds de dotation d’intérêt général baptisé Talenthum, soutenu par BDO Atlantique, a conçu et piloté le programme Mentor Atlantique, qui vise à favoriser la transmission des savoir-faire entre générations dans les entreprises. C’est lui qui a d’ailleurs créé le Cercle des enfants dirigeants d’entreprises familiales (Cedef), permettant de favoriser la transmission des entreprises aux enfants.

« Aimer les talents et la transmission »

« Talenthum a pour mission la défense et la valorisation des talents cachés, voire gâchés, au sein des entreprises. C’est là que l’on fait grandir les gens. D’un côté, tout le monde se plaint en ce moment de problèmes de recrutement, de fidélisation, d’engagement. La plupart des entreprises en sont un peu responsables car elles s’appuient sur des méthodes d’hier. Il faut que nous, les seniors, nous intégrions mieux les jeunes et partagions mieux notre savoir-faire. D’un autre côté on a les seniors qui se sentent dévalorisés car ils partent sans avoir transmis leur savoir-faire », explique Philbert Corbrejaud qui va s’appuyer, au sein d’une même entreprise, sur des seniors qui « ont envie de partager mais qui sont aussi en capacité de transmettre leur savoir-faire à des juniors qui ont envie de grandir et d’évoluer ».

Le programme proposé est collectif : « Nous prenons plusieurs mentors de plusieurs entreprises et plusieurs mentorés de plusieurs entreprises. Cela n’a jamais été fait comme cela. On peut même envisager le mentorat croisé, en prenant un mentor d’une entreprise qui va intervenir dans une autre. Les mentors choisis sont encore actifs dans l’entreprise ».

Cinquante premiers mentors

La formation va débuter en septembre, avec un groupe de dix personnes, pour un programme sur six mois, à raison d’une demi-journée tous les deux mois. « C’est la sélection des mentors qui va être importante et l’évaluation du potentiel des mentorés déjà dans les entreprises. Ils devront coconstruire avec le mentor, avoir une posture. D’un autre côté, nous établirons un retour d’expérience entre mentors. Toutes les tailles d’entreprises sont concernées », précise le fondateur du programme Mentor Atlantique.

À moyen terme, l’objectif est de former cinquante mentors pour autant de mentorés par groupes de dix binômes. « Je forme les mentors pour qu’ils deviennent autonomes, certains pourront former d’autres mentors. Mon objectif est d’avoir des mentors formateurs, d’autres mentors dans les entreprises. Dans les mentorés certains auront apprécié et deviendront peut-être mentors par la suite », espère Philbert Corbrejaud.

Ce programme collectif de formation et d’accompagnement est cofinancé par des banques, des conseils, des collectivités et les entreprises participantes.