Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
Les nouveaux projets, les rencontres, les échanges, l’ambiance entre collègues, le fait d’être assez libre dans ce que je fais. Me faire plaisir au travail, c’est clair que ça a toujours été un fil conducteur pour moi. Le contexte a bien sûr évolué entre le moment où l’on était une poignée et aujourd’hui où l’on est plus de 2 000, mais c’est toujours un plaisir. Je suis assez engagé dans ce que je fais, y compris dans mes relations. J’aime quand elles sont intenses. Ce que j’ai compris en 15 ans, c’est que si l’on s’entoure bien, que ce soit pour les salariés ou les fournisseurs, ça se passe globalement bien, même s’il y a aussi forcément plein d’aléas, d’emmerdements ! C’est hyper important pour moi de ne pas être dans un environnement toxique et d’avoir des relations les plus naturelles possibles.
Après, il faut aussi qu’il y ait du sens, certaines valeurs. C’est pour cela que je me suis engagé dans des projets d’innovation sociale, avec des principes coopératifs et éthiques, d’une lucrativité modérée et partagée entre les différents salariés.
Vous définissez-vous comme un serial entrepreneur ?
Oui. J’aime être à l’impulsion des projets, j’ai toujours besoin d’avoir de nouveaux challenges pour avancer et je passe très vite d’un projet à l’autre. D’ailleurs, mon emploi du temps est basé là-dessus, il intègre de nouvelles rencontres, de nouveaux projets… Je me libère du temps pour cela. Après, ma mission de chef d’entreprises, c’est de les maintenir dans la pérennité.
J’ai le sentiment que l’on est de plus en plus nombreux à être comme ça. Je pense que c’est lié au fait que l’on n’est pas mono-tâches, que l’on a une capacité d’adaptation gigantesque. Sauf qu’il y a aussi une question de moyens. Dans la Silicon Valley, les entrepreneurs ont des milliards sous la main pour faire aboutir leurs idées. Nous, notre mode de fonctionnement c’est d’arriver à débloquer des fonds pour l’amorçage, puis on agrège autour de nous des coactionnaires, d’autres sociétaires, des subventions aussi sur certains projets. On arrive ainsi à lever des fonds. Et on a les moyens humains pour faire de l’ingénierie de projet. Pour tous les projets que j’ai montés, j’ai été épaulé, secondé, ils ont été coordonnés avec d’autres. Autour de moi, il y a également plusieurs personnes qui sont accro à cette culture : on a aujourd’hui une vraie force collective, ça nous permet d’aller plus vite. C’est notamment le cas sur les projets comme Hacoopa, ou le tiers-lieu que l’on crée à Laval où l’on fonctionne avec plusieurs entreprises et où chacun apporte son savoir-faire.
Le partenariat, ce n’est pas forcément une approche naturelle chez les entrepreneurs. Comment ça se passe pour vous ?
Ça ne l’est vraiment pas, non. Pour moi, le déclencheur a été une conférence que j’avais suivie par hasard à Audencia et qui annonçait cette tendance du co-entrepreneuriat. Finalement, à partir du moment où l’on a déjà porté un projet, on n’a plus vraiment quelque chose à prouver. Et par ailleurs, je n’avais pas envie d’être étiqueté transporteur… Je n’aime pas les étiquettes. En revanche, ce qui m’intéresse, c’est d’apporter un service de quali…