Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Trois questions à Florence Raymond, directrice du Réseau Initiative Vendée Terres et Littoral

Initiative France est le 1er réseau associatif de financement et d’accompagnement des créateurs, repreneurs et développeurs d’entreprise. L’antenne Vendée Terres et Littoral couvre les deux tiers du département sous la direction de Florence Raymond depuis neuf ans. Cette ancienne chef d’entreprise est formelle : créateur ou repreneur… même combat !

Florence Raymond, directrice Réseau Initiative Vendée Terres et Littoral ©Initiative Vendée Terres et Littoral

Selon vous, y a-t-il des différences fondamentales entre un repreneur et un créateur ?

Chez Initiative Vendée Terres et Littoral, nous accompagnons tous les chefs d’entreprise, avec une spécificité : les petites structures. Dans un projet de reprise, nous nous positionnons rarement au-delà de 20 salariés. Ce n’est pas tellement l’idée qui va motiver un accompagnement par le réseau, mais bien le projet derrière et la capacité du porteur à devenir un chef d’entreprise. À cet égard, créateur et repreneur sont sur un pied d’égalité. Les premières difficultés sont communes : est-ce que je suis capable d’être multi-casquettes : commercial, comptable, stratège, etc. ?

Pour donner un ordre d’idée, en 2022, nous avons accompagné 171 créations et 109 reprises d’entreprises. Le taux de pérennité à trois ans est de 99 % pour la reprise contre 95 % sur la création. On est donc à peu de choses près sur les mêmes ratios, avec un léger avantage pour la reprise.

La différence est davantage pratique. Si on file la métaphore, je dirais que le créateur est face à une page blanche tandis que le repreneur hérite d’un roman déjà écrit et dont il faut écrire la suite. C’est une mission d’une grande complexité car cela demande d’assurer une continuité, pour ne surtout pas “casser” l’histoire, tout en étant capable d’écrire à sa façon. L’autre difficulté de taille, c’est la ressource humaine ! Comment se faire accepter des salariés et se positionner en capitaine de navire ?

Le créateur est lui aussi confronté à la dimension humaine, non ?

Effectivement, mais la plupart du temps, il est seul au départ. Même s’il embauche très vite, c’est quand même lui qui choisit les personnes qui rejoindront l’aventure. Un repreneur n’a pas vraiment ce luxe à son arrivée.

Quid des avantages de la reprise ?

Je dirais un climat de confiance ! Un repreneur hérite d’une base clients existante, d’une activité normalement assise et saine, d’une notoriété aussi…  C’est plus confortable qu’une création où l’on part de rien. Ceci dit, ce n’est pas plus simple pour autant. Quand on fait une reprise d’entreprise, les investissements de départ sont bien plus importants. Racheter une entreprise suppose des fonds et des garanties bien plus exigeants ! Enfin, il y a un côté “job dating” à ne pas négliger. Un repreneur doit avant toute chose séduire les cédants. Passer à la moulinette d’un vendeur n’est pas toujours une expérience agréable, encore plus quand celui-ci porte un affect particulièrement fort à sa création. En termes de personnalité, un repreneur se doit d’avoir du charisme dès le départ alors qu’un créateur à plus de temps pour l’acquérir !