Couverture du journal du 16/05/2024 Le nouveau magazine

Début de printemps maussade pour l’économie régionale

Les entreprises des Pays de la Loire n’en ont pas fini avec l’inflation. Même si le pic de la crise semble passé, ses conséquences se sont encore fait sentir en mars, entre déprime de la demande et rechute de la production.

Simone Kamycki, directrice régionale de la Banque de France. © Pierrick Lieben - IJ

L’inflation a beau refluer, les entreprises, elles, restent embourbées. L’économie des Pays de la Loire a replongé dans la difficulté en mars, d’après l’enquête de conjoncture de la Banque de France, réalisée auprès de 470 dirigeants, du 27 mars au 4 avril. L’industrie, en particulier, a montré des signes de fébrilité. La production s’y est nettement repliée pour la première fois de l’année et les patrons interrogés n’entrevoient pas d’amélioration sur avril. Résultat, les usines tournent toujours au ralenti (taux d’utilisation de leurs capacités bloqué sous les 80 %), le niveau des stocks continue de se reconstituer et les carnets de commandes de dégringoler. Ils « demeurent en dessous de leur point d’équilibre », s’inquiète même l’institution.

Les perspectives ne sont guère plus réjouissantes dans le BTP. Après un début d’année solide, le bâtiment ralentit vivement, plombé par la dégringolade du gros œuvre. La faute à « une météo défavorable », également pointée du doigt dans la chute d’activité des travaux publics au premier trimestre (la plus lourde depuis 2020). Les services marchands, eux, sauvent la face. Mais leur huitième mois consécutif de croissance est aussi le plus faible sur cette période.

La politique monétaire en cause

Derrière ce coup de frein généralisé se profile l’ombre d’une demande toujours déprimée. Et pour cause : si la flambée des prix tend à battre en retraite en France (+2,3 % en mars, sur un an, selon l’Insee), la bataille contre l’inflation est, en réalité, loin d’être terminée.

La Banque centrale européenne se refuse en effet à baisser la garde sur les taux d’intérêt. Elle les a relevés par 10 fois depuis juillet 2022. Cette politique monétaire “agressive”, de l’aveu même de la directrice régionale de la Banque de France, a pour corollaire le ralentissement de la croissance. Mais Simone Kamycki se veut rassurante : « Officiellement, je le confirme, les taux devraient baisser en juin ». Un délai, et une prudence, qu’elle justifie par une métaphore médicale : « Quand on tombe malade, on n’arrête pas ses antibiotiques dès qu’on se sent mieux : on traite la maladie plus longtemps, sur le fond, pour garantir qu’elle ne redémarrera pas. »

Prix et taux élevés, partis pour durer

Las, même rétablie de la crise inflationniste, l’économie en gardera des stigmates, admet Simone Kamycki : « Nous savons qu’après une telle période, les prix ne reviennent jamais à leur niveau d’origine. » Pas de quoi s’inquiéter néanmoins pour le pouvoir d’achat et la consommation : ils devraient retrouver des couleurs, selon elle, à la faveur des hausses de salaires, des réserves d’épargne et de l’inflexion du chômage.

En revanche, les entreprises risquent, elles, d’avoir à repenser leur structure financière. « Pour investir, elles pourraient avoir besoin de renforcer leurs fonds propres », indique Simone Kamycki. Une situation loin d’être inédite : « On revient simplement à des fondamentaux que nous avions oubliés avec l’argent facile… » Manière subtile de suggérer que les taux d’intérêt, eux non plus, ne sont pas près de revenir à leur niveau d’avant-crise.