Si j’en crois une certaine tendance, chaque occasion même banale semble se vivre dans une exaltation incroyable. Et si l’on décryptait le phénomène caché derrière ces posts et paradoxalement en quoi ils provoquent le contraire de l’effet recherché.
L’enjeu reste d’actualité : fidéliser, recruter. Pour cela, tous les moyens sont bons. Il est aujourd’hui d’usage de montrer une image dynamique où la bonne humeur règne avec des salariés heureux et une ambiance de travail au beau fixe. Souvenez-vous du générique du film Lego, intimant aux travailleurs de chantonner en boucle : « tout est super génial » ! Vous avez déjà fréquenté une telle entreprise où la magie opère en permanence, où aucun conflit n’existe, où personne ne ressent de pression, de stress, où l’on est tellement excité de retrouver ses collègues et d’assister à un enchaînement de réunions ?
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Des posts contre-productifs ?
Ceux qui publient ces posts le savent ; ceux à qui ils sont destinés le savent aussi. On assiste à un prologue d’entretien d’embauche dont chaque partie gonfle son attractivité. D’un côté des titres de plus en plus ronflants auto-attribués au travers d’expériences « incroyables » à base de Brand Evangelist (pour responsable marketing), ou même de Chief of First Impressions (réceptionniste version 2.0). De l’autre, des recruteurs à la recherche de « super-héros » vantant de bonnes conditions de travail grâce à la machine à café dernier cri capable de produire quarante-sept sortes de café ou de la présence d’un baby-foot, le tout agrémenté d’un ton faussement familier.
Demandez-vous simplement quel profil vous allez appâter si l’attractivité de votre entreprise tient à la présence de ces objets ? Ne soyez pas surpris de croiser des bafistes (ceux qui pratiquent le baby-foot) ou des esthètes de l’arabica.
Puis, c’est oublier que les jeunes générations sont drivées par des valeurs très marquées par le sens et l’engagement, notamment au profit d’une conscience écologique et sociale.
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Le contenu de l’activité influe pour 56 % sur les facteurs de plaisir
Ils souhaitent avant même l’équilibre de vie et la cohésion sociale, s’accomplir par le biais de missions qui leur parlent. Vous serez davantage jugés en tant que dirigeant sur les valeurs que vous incarnez : les enjeux climatiques, la collaboration et l’innovation. Ils sont perpétuellement en quête d’opportunités d’apprentissage et de reconnaissance. Ces facteurs peuvent les faire quitter le navire sur un coup de tête, attirés par les chants d’autres sirènes. Alors oui, développer une véritable bonne ambiance de travail est primordial, mais si le sens n’y est pas, vous passez à côté de l’essentiel. Selon Dynesens, les conditions de travail influent pour 4 % seulement sur les facteurs de plaisir, tandis que le contenu de l’activité (l’intérêt, l’apprentissage, l’autonomie) pour 56 %.
Le maître-mot ? Sincérité ! À vous de montrer que l’entreprise incarne les valeurs chères à leurs yeux. Quelle est la raison d’être de votre entreprise ? Quel défi tend-elle à relever chaque jour ? Gardez à l’esprit que l’entreprise est avant tout un lieu social d’épanouissement professionnel par la compétence. Vous avez besoin d’une preuve ? Demandez à vos collaborateurs les souvenirs les plus marquants de leur carrière professionnelle. Ces moments gravés ne sont pas faits de viennoiseries ou de sourires feints, mais de défis accomplis dans l’adversité, souvent en équipe. Des épisodes de la vie de l’entreprise racontés avec fierté qui ont contribué à faire grandir la compétence et l’appartenance.