D’une foulée nerveuse et efficace, elle emmène ses visiteurs d’un point à l’autre du domaine. Elle dit avoir hérité ce pas de femme pressée de son père. La vigneronne nous conduit ensuite sur la Butte de la Roche qui offre un point de vue extraordinaire aux contemplateurs : le regard se perd vers les marais de Goulaine, le Vignoble et Nantes qu’on entrevoit au loin. C’est sur cette « terre de pierre » qu’a débuté la culture bio du domaine, sur quatre hectares, « pour prouver qu’on n’était pas que des rêveurs ». Et d’ajouter aussitôt : « Heureusement qu’on est des rêveurs ! », qu’elle ponctue d’un rire franc, libérateur. « Il faut que je me marre plusieurs fois par jour », explique-t-elle, une posologie qu’elle administre d’ailleurs à ses enfants.
Marie Chartier-Luneau n’est pas une enfant de la vigne, mais le Muscadet est entré très tôt dans sa vie. « La gastronomie, le vin et la musique, c’était très important à la maison », témoigne cette nantaise pur jus. Entre un père qui a exercé différents métiers, dont celui de restaurateur et une mère institutrice à la fibre artistique très prononcée, Marie grandit dans une famille où le Muscadet « n’a jamais été un gros mot ». Au même titre que le Petit-Beurre ou les grandes tablées à La Cigale, il évoque pour elle un des piliers de son patrimoine. De son enfance, elle dit d’ailleurs garder en mémoire des odeurs de ferme, de jus de raisin, de menuiserie, qui symbolisent pour elle la vie.
« J’aimerais bien travailler avec vous »
Peu encline à lustrer les bancs de l’école – elle résume d’ailleurs sa formation à « un Bac moins deux » -, Marie entre dans un lycée hôtelier « pour faire comme papa ». Autonome financièrement à 18 ans, ses premiers pas professionnels la mènent pourtant vers un autre univers : le commerce. « Je suis rentrée chez Nature & Découvertes, passage Pommeraye et j’ai dit au directeur : “c’est joli ici, j’aimerais bien travailler avec vous”. » Son naturel et son audace, déjà, paient. Entrée comme stagiaire, elle restera finalement quatre ans dans l’enseigne, jusqu’à devenir formatrice, au siège. « Je n’ai pas eu l’impression de bosser », révèle-t-elle.
S’ensuivront deux années comme commerciale, à sillonner les routes avec son atlas, sans salaire fixe. « On ne peut pas dire que je me suis éclatée, mais ça m’a ap…