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Covid-19 : une foncière pour le tourisme en Pays de la Loire

Très impacté par la crise sanitaire, le secteur du tourisme bénéficie de plusieurs mesures d'aides de l'État et du Conseil régional. La dernière en date, une première en France, propose un rachat des murs des entreprises le temps de se refaire une santé économique.

Céder ses murs pour laisser passer l’orage de la crise : c’est ce que propose la nouvelle « Foncière tourisme » régionale, une première en France sous cette forme. Actée et signée le 17 juillet, la création de cette foncière associe la Région, la Banque des territoires et la Caisse d’épargne Pays-de-la-Loire. Les partenaires ont conçu ensemble le dispositif. « Cette complémentarité pour rechercher des solutions nous anime depuis le début de la crise sanitaire » explique Christelle Moran­çais, présidente du Conseil régional. Le tourisme a été très impacté par la crise sanitaire, les établissements ont dû fermer pendant trois mois, au moment où commençait la saison… » La région est particulièrement concernée par ce manque à gagner, puisque ce secteur représente « 7,5% du PIB de la région », souligne la présidente. Le principe ? Des entreprises auront la possibilité de renforcer leur trésorerie en cédant leurs murs à la société foncière, quand évidemment ils en sont propriétaires. S’acquittant d’un loyer, elles auront droit à une option de rachat au bout de 8 à 
15 ans, une fois leur activité redressée. De son côté, la foncière, en contrepartie des loyers, réalisera une rénovation énergétique des murs acquis. Cela concernera aussi bien les entreprises déjà actives, qui bénéficieront d’une bouffée d’oxygène pour leur trésorerie, mais aussi de projets qui commençaient à se monter… « A-t-on raison de vouloir construire un hôtel en cette période ? Et bien oui, nous y croyons » affirme Olivier Sichel, directeur de la Banque des territoires, une direction de la Caisse des dépôts. Cet organisme était déjà intervenu à hauteur de 35 M€ dans le « Fonds territorial résilience » à la toute fin du mois d’avril dernier. BPI France sera susceptible d’intervenir parallèlement, en aide au financement et en conseil auprès des exploitants. Parallèlement, l’agence économique de la Région, Solutions&Co, en lien avec le réseau consulaire et les fédérations professionnelles, assurera un accompagnement spécifique des entreprises sélectionnées.

11 M€ POUR COMMENCER 

La société foncière toute neuve n’a pas encore « choisi » les entreprises concernées, qui pourront se déclarer auprès d’elle prochainement. Elle compte aider lors d’une première phase une cinquantaine d’entre elles. L’opération mobilise d’emblée 11 M€ de fonds propres, composés de 5 M€ d’apport de la Région, 5 M€ de la Banque des territoires et 1 M€ de la Caisse d’épargne. Avec l’effet de levier, 36 M€ devraient être mobilisés pour le démarrage (dont les 11 M€). 

La banque souhaite renforcer son ancrage dans la région, et revendique un rôle pendant la crise : « Nous avons accordé aux professionnels de la région plus de 8 000 reports d’échéance et signé 3 100 PGE (prêts garantis par l’État) », souligne Christophe Pinault, président du directoire de la Caisse d’épargne Bretagne Pays-de-la-Loire. 

L’engagement sur la rénovation énergétique, en plus d’être dans l’air du temps, correspond, lui, à un constat : « Les professionnels qui ont une offre différenciante s’en sortent mieux, assure Olivier Sichel. Les critères de digitalisation et le respect des considérations écologiques font partie des atouts à développer. » Une occasion donc, pour les acteurs du tourisme, de rénover leur bâti. « Il faut profiter de cette période pour changer les habitudes, conseille Christelle Morançais. Saisir le nouveau virage de l’écologie. Et la rénovation énergétique de son bien permettra de le valoriser. » 
Invité à la table de la signature, Franck Louvrier, nouveau maire de La Baule, approuve avec un sens éprouvé de la formule : « Cela peut permettre de sauver sa trésorerie sans générer de dettes, résume-t-il. Cette aide est bienvenue, dans un contexte où l’arbre de la haute saison ne doit pas cacher la forêt des dettes contractées au cours de ces derniers mois. » Autrement dit : même si la saison touristique se présente sous des augures plus favorables, les conséquences des trois mois d’inactivité forcée vont peser lourd… 

Côté professionnels, la proposition semble séduire. « C’est une mesure très intéressante, estime Catherine Quérard, présidente du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration (GNI) du grand ouest. Même si elle ne correspond pas à tous les professionnels. On estime qu’entre 15% et 20% des patrons de restaurants/bars sont propriétaires de leurs murs, et environ 45% pour les hôtels/bars. Certes, tous les propriétaires n’en auront pas besoin, mais ce dispositif peut être une réponse très tentante pour des professionnels qui ont des besoins de réinvestissements, ce qui est essentiel dans notre secteur. Il faut se poser la question de savoir ce qui est le plus important : l’immobilier ou l’outil de production ? Mettre de côté son patrimoine immobilier pendant quelques années pour privilégier l’outil de production me semble être la bonne voie. »

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