Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

« L’économie va redémarrer différemment »

Bpifrance a été mobilisée dès les premiers jours de la crise aux côtés des réseaux bancaires via le plan de soutien d’urgence aux entreprises. Dispositif phare, le Prêt garanti par l’État (PGE) n’est toutefois pas le seul dans l’éventail des solutions mis à leur disposition, aujourd’hui, mais aussi demain. Entretien avec Mathieu Défresne, directeur régional de la banque publique d’investissement.

Comment avez-vous vécu le début de la crise ?

Comme tout le monde, il a fallu que l’on s’organise en interne en mettant les équipes en télétravail, sachant que nous sommes 60 en Pays de la Loire.

On a commencé par mettre en place un numéro vert. Nous avons reçu des milliers d’appels au niveau régional. Il s’agissait d’un côté de chefs d’entreprise que l’on connaissait, mais il y a eu aussi énormément d’appels de dirigeants qu’on ne connaissait pas. Tous étaient déboussolés, inquiets. Cela a été très dense, tant en termes de charge de travail que de charge émotionnelle, avec des chefs d’entreprise qui devait fermer avec zéro euro de chiffre d’affaires, sans visibilité et sans perspective, au moment où les dispositifs d’aides nationaux n’étaient pas encore sortis. Cela a été assez violent. 

Quelles dispositions avez-vous prises ?

Dès le premier jour du confinement, nous avons mis en place des dispositifs. On a d’abord gelé nos échéances de remboursement et réactivé les outils de crise qu’on avait mis en place lors de la crise de 2008-2009, car on a vite compris qu’il allait falloir réinjecter de la trésorerie dans les entreprises. Dans une période où le PGE n’était pas encore sorti, on a ainsi lancé en urgence le prêt Atout, un crédit de trésorerie de cinq ans, avec un an de différé, sans garantie, pouvant aller jusqu’à 5 M€ pour les PME et plusieurs dizaines de millions d’euros pour les ETI. Entre la mi-mars et fin avril, on a accordé, à travers ce prêt, 135 M€ à l’échelle des Pays de la Loire.

Puis, très vite, la Région est entrée en action et on a proposé le prêt Rebond à taux zéro de sept ans, avec un différé de deux ans, sans garantie. C’est un outil incitatif et extrêmement efficace en ce moment. À fin avril, on a d’ailleurs accordé la quasi-totalité de l’enveloppe, qui était de 32 M€. 

En tout, 170 M€ de financements ont donc été accordés aux entreprises. Mais le plus important n’est pas là : encore faut-il les décaisser et c’est bien là qu’est l’urgence avec les échéances de paiement de salaires en fin de mois. Depuis quelques mois, on expérimentait la signature électronique… On a sauté dans le grand bain et je dois dire que cela fonctionne très bien : entre la décision d’octroi de crédit, la signa­ture électronique et le décaissement, il peut s’écouler une journée seulement. Au-delà, la durée moye…