Avec pour ambition d’accélérer fortement la transition énergétique de sa zone industrialo-portuaire, Nantes Saint-Nazaire Port avait lancé il y a tout juste un an, en novembre 2022, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour l’implantation d’un site de production d’hydrogène vert sur sa zone d’activité. L’entreprise nantaise Lhyfe[1] vient de remporter l’AMI concernant la future unité de production, dont l’ouverture est prévue à horizon 2028. Cette installation s’inscrit dans la trajectoire voulue par Nantes Saint-Nazaire Port d’un « nouveau modèle économique décarboné pour son activité encore aujourd’hui très dépendante des énergies fossiles », indique ce dernier. La future usine pilotée par Lhyfe sera localisée sur le site portuaire de Montoir-de-Bretagne[2] et son cahier des charges fixe la production d’hydrogène renouvelable à 30 000 tonnes par an. Un volume qui, selon les acteurs du projet, « contribuera à la décarbonation du complexe industrialo-portuaire et du transport maritime ».
De l’hydrogène avec des énergies renouvelables
Plus qu’un simple producteur d’hydrogène, Lhyfe a conçu dès le départ son processus de production d’hydrogène vert sur la base des énergies renouvelables, afin de n’émettre aucun CO2, ni dans sa phase de production, ni dans sa phase d’utilisation. Pour ce faire, l’entreprise a recours à la technique d’électrolyse de l’eau[3], au sein d’unités opérationnelles elles-mêmes alimentées par des sources d’énergie naturelle et renouvelable (éolien, photovoltaïque, hydraulique, etc.). L’entreprise lauréate maîtrise le sujet puisqu’elle dispose déjà d’un premier site à Bouin mis en service au second semestre 2021 et qui produit aujourd’hui 300 kg d’hydrogène par jour, destinés, entre autres, à la plateforme logistique locale de Lidl (Carquefou) pour faire fonctionner sa chaîne de chariots élévateurs. Sept autres sites sont actuellement en construction ou extension à travers l’Europe, les deux prochains à ouvrir étant situés en Occitanie et dans le Morbihan.
Le site de production de Bouin, mis en service au second semestre 2021. © OHE William JEZEQUEL
Une étape de plus pour la zone industrielle bas carbone
L’entreprise Lhyfe voit grand et vite donc, soutenue par les quatre levées de fonds successives dont elle a bénéficié entre 2019 et 2022 d’un montant total de 85 M€, suivies d’une introduction en bourse en mai 2022. Selon l’entreprise en effet, « si la demande en hydrogène devrait être multipliée par six entre 2020 et 2050, la demande en hydrogène vert devrait, elle, être multipliée par 180 »[4].
Nantes Saint-Nazaire Port se satisfait par ailleurs de ce que cette future implantation s’inscrive « en cohérence avec le programme d’actions de développement d’une Zone industrielle bas carbone (Zibac)”[5], et la volonté, à terme, de créer sur le territoire un véritable “hub énergétique décarboné” ».
[1] Lhyfe est une entreprise fondée en 2017 à Nantes par Matthieu Guesné. Elle compte désormais 192 collaborateurs, est présente dans 12 pays européens et cotée en bourse depuis mai 2022.
[2] Le projet demeure subordonné à l’octroi d’autorisations d’exploitation et de permis de construire, ainsi qu’à des décisions d’investissement financier.
[3] L’électrolyse de l’eau consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour décomposer la molécule d’eau en oxygène d’un côté, et en hydrogène de l’autre.
[4] Source : Global Hydrogen Review – IEA Octobre 2021 – scenario Net Zero Emissions by 2050.
[5] Zibac : Zone portée par l’Association des Industriels Loire Estuaire (AILE), Nantes Saint-Nazaire Port, Saint-Nazaire Agglomération, la communauté de communes Estuaire et Sillon et la Région des Pays de la Loire.
