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Entretien – David Monnier et Anthony Cailleau, dirigeants de Fonto de Vivo : « Pour nous, la qualité est centrale ! »

Fondée en 2017, Fonto de Vivo est une start-up à part car elle intervient sur le marché de l’humanitaire avec son purificateur d’eau manuel 1. L’ambition de cette TPE de sept personnes ? Proposer une solution accessible et simple pour permettre « l’accès à l’eau potable partout et pour tous », un des objectifs prioritaires des Nations Unies. Si ce marché reste le principal pour ses cofondateurs et dirigeants, David Monnier et Anthony Cailleau en adressent désormais un autre très prometteur : celui des particuliers.

David Monnier et Anthony Cailleau, dirigeants de Fonto de Vivo

David Monnier et Anthony Cailleau, dirigeants de Fonto de Vivo © Benjamin Lachenal

Comment est né le projet de créer un purificateur d’eau ? Et comment vous êtes-vous rencontrés ?

David Monnier : J’ai eu une expérience dans l’humanitaire pendant 15 ans et c’est pour ça que je me suis intéressé au concept d’ultrafiltration et à ce système autonome et familial de purificateur d’eau : tout ce que j’avais vu, c’était des solutions assez grosses, pas flexibles, en tout cas pour l’urgence, qui obligeaient les gens à venir à nous, générant de vraies problématiques en obligeant les personnes à se déplacer. En plus, on laissait beaucoup de personnes de côté, toutes celles qui sont isolées ou se trouvent dans des petites poches de besoin.

J’ai ensuite travaillé pour plusieurs entités dont une petite association qui faisait des systèmes membranés. La personne qui la dirigeait me plaisait pour son côté professeur Tournesol sauf qu’on n’a jamais réussi à faire de la qualité et j’ai fini par partir.

Revenu en France, à Nantes, je me posais la question de savoir si je devais monter ma boîte. J’avais une idée assez claire de ce que je voulais, mais je ne suis pas ingénieur donc l’idée était d’aller chercher des spécialistes. Je suis allé frapper à la porte de Capacités 2 et elle a été ouverte par Anthony. Et ça a commencé comme ça !

Anthony Cailleau : De mon côté, j’ai fait un parcours à l’IAE de Nantes avec l’idée de créer une entreprise, sauf que mon projet de fin d’études portait sur la création de Capacités telle qu’elle existe aujourd’hui et j’y suis finalement resté sept ans. Sur la fin, je m’occupais de développement international avec l’idée de faire des ponts avec les pays émergents pour que les entreprises ligériennes puissent innover et exporter leur savoir à l’étranger. Au moment où l’on s’est rencontrés avec David, j’avais un peu fait le tour. Je pensais que c’était quelqu’un qui voulait changer le monde mais n’y connaissait pas grand-chose comme c’était souvent le cas. Et finalement, quand on s’est rencontrés j’ai été subjugué! (rires) Je me rappelle lui avoir dit que si sa solution n’existait pas, on allait l’aider à la faire : ça paraissait tellement évident! Le premier élément qui m’a convaincu, c’est que la technologie existait déjà, qu’il s’agissait d’innover dans l’usage, de mécaniser, simplifier et de miniaturiser. La seconde chose qui m’a séduite chez David, c’est le fait qu’il soit venu avec la connaissance du marché et un cahier des charges en passe d’être établi avec les plus grandes ONG françaises… J’ai commencé par l’aider et finalement, comme on s’entendait bien et qu’on était complémentaires, j’ai pris des parts dans la société : c’était parti !

À première vue, votre purificateur d’eau semble d’une grande simplicité… Pourtant il a demandé deux ans de développement. Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

AC : Il y a deux choses. D’abord la conception du produit en tant que telle prend du temps, avec plusieurs versions. Dessiner des projets, ça c’est assez rapide, mais avant de passer à un prototype fonctionnel, il faut du temps! Au départ, la demande des ONG était celle d’un produit qui dure dans le temps. Actuellement on utilise des membranes en plastique, mais on a commencé le projet avec une membrane en céramique qui peut durer toute la vie mais qui donnait des prototypes très lourds… Et ensuite, il fallait que le prix soit accessible. Puis passer à la phase d’industrialisation qui amenait d’autres problématiques.

DM : On en a eu des réunions difficiles où l’on rentrait découragés !

AC : Et parallèlement, il y avait la création de l’entreprise. Il fallait la financer, s’organiser pou…