Que désigne le slashing ?
Le terme est un dérivé du symbole slash « / », utilisé pour séparer les différentes activités professionnelles sur un CV. Le slashing est une tendance émergente du travail. Il désigne la capacité d’une personne à cumuler plusieurs emplois ou missions, dans des métiers, secteurs d’activité ou environnements différents. Cette polyactivité choisie permet à ces slasheurs de diversifier leurs compétences, d’accroître leur autonomie et de répondre à un besoin de quête de sens et d’évolution de leurs parcours professionnels. Argent, sens, diversité : ils essaient de trouver un équilibre entre ces trois piliers.
En France, d’après une étude Creatests en 2022 pour le Salon de la micro-entreprise (SME), près d’un quart des actifs se considèrent slasheurs contre 16 % en 2016. 96 % d’entre eux le sont par choix et non pas nécessité.
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Pour quelles raisons avoir créé cet Observatoire du slashing ?
Nous sommes aujourd’hui dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu où il est de plus en plus difficile de prévoir l’avenir. Energies, Covid, matières premières, guerres… les crises s’enchaînent et s’accélèrent. Le monde du travail n’échappe pas à ces mutations profondes. 85 % des entreprises connaissent en effet des difficultés pour recruter. 93 % des actifs se disent désengagés au travail en 2023 et 60 % des compétences actuelles seront obsolètes en 2030. Dans ce contexte, repenser les modes de travail et de relations au travail est impératif. Aujourd’hui, notre environnement professionnel est encore basé sur un modèle de mono-activité, de carrière linéaire qui ne correspond plus aux défis majeurs des organisations ni aux aspirations personnelles et professionnelles des individus. L’objectif de l’Observatoire du slashing sera de donner de la voix aux entreprises qui l’ont compris et aux six millions de slasheurs en France qui se sentent parfois invisibles.
Quelles sont vos missions ?
Les missions de l’Observatoire seront de décrypter les tendances, les enjeux, les défis et les opportunités du slashing. En France, nous sommes très en retard sur le sujet.
L’un de nos axes de travail sera donc de réunir les connaissances sur le slashing : les travaux de recherches des sociologues et experts, les expérimentations innovantes des entreprises. En parallèle, nous établirons des diagnostics et mènerons des études. Le but est de mesurer les impacts du slashing en France. Puis, nous diffuserons toute cette matière sur notre site internet afin de vulgariser. Le volet acculturation de notre mission est donc très important. Nous voulons accompagner les professionnels et les entreprises face à cette nouvelle donne.
La polyactivité est encore perçue comme subie, souvent synonyme d’instabilité. Vous voulez changer les regards sur le slashing ?
Oui, exactement. D’ailleurs, sur notre site Observatoireduslashing.fr, nous avons une rubrique pour tordre le cou aux idées reçues. Comme : « Le slashing c’est super, mais c’est impossible à déployer dans les grandes organisations », ou « Si on permet à un collaborateur de slasher, le risque c’est qu’il parte quand il aura développé sa seconde activité. » Tous ces biais, nous les avons identifiés et nous avons des arguments concrets pour les déconstruire. Notre volonté est d’intégrer culturellement le slashing dans la société française pour en faire une norme de travail parmi tant d’autres.