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Bâtiment : des dangers mais des espoirs

Quand le bâtiment va, tout va ! Le contexte actuel inquiète le secteur. Mais si Hélène Bourcier, présidente de la Fédération française du bâtiment des Pays de la Loire, voit « la rentrée de tous les dangers », elle veut aussi retenir les aspects positifs des premières annonces gouvernementales. « Maintenant on veut du concret », prévient-elle.

Hélène Bourcier. FFB

« Cela fait deux ans qu’il ne se passe plus rien du côté du gouvernement. Nous espérons beaucoup du projet de loi 2025 », glisse Hélène Bourcier. Ces espoirs se déclinent autour de plusieurs points : « Le dispositif fiscal Pinel s’arrête à la fin de l’année. Le prêt à taux zéro est annoncé pour être valable sur tout le territoire mais il reste à savoir si le logement individuel sera aussi concerné. On annonce un assouplissement du ZAN (zéro artificialisation nette), c’est plutôt une bonne nouvelle pour le bâtiment et les collectivités territoriales empêchées dans leur développement. »


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Les revendications sont toujours pour plus simplification. « Nous espérons une pause normative, on doit passer à la RE 2025 au début de l’année prochaine, nous souhaitons un décalage, car c’est très contraignant, cela augmente toujours les coûts de la construction et cela amène une hausse supplémentaire pour les acheteurs de logements. La réglementation RE 2020 engendre déjà un surcoût de 10 à 15 % », constate la présidente régionale de la FFB qui se réjouit de la nomination de Valérie Létard comme ministre du Logement de plein droit.

L’effondrement de la maison individuelle

Mais il faudra un électrochoc. En un an, d’août 2023 à juillet 2024, les mises en chantier ont baissé de 15 % dans la région. Le repli de la construction de maisons individuelles atteint 70 %. Près de cinq cents défaillances d’entreprises, surtout des très petites structures, ont déjà été enregistrées depuis le début de l’année. « Et depuis la rentrée, les entreprises de dix à vingt salariés sont désormais touchées », note Hélène Bourcier. La demande de logements est très forte en Pays de la Loire : 127 000 pour les seuls logements sociaux, le parcours résidentiel est bloqué. « La tension augmente et s’accentue sur tous les types de logements. Il faudrait construire 24 000 logements par an jusqu’en 2030 pour satisfaire les besoins. On est pour l’instant à 19 500 mises en chantier et les perspectives sont à la baisse », note Jean-Pierre Château, secrétaire général de la FFB Pays de la Loire.

Le secours des bailleurs sociaux

Emmanuel Alland, patron de l’entreprise de maçonnerie et couverture Pété-Alland, à Bournezeau en Vendée, forte d’une quarantaine de salariées, confirme la nécessité de se diversifier. « Nous travaillons pour tous types de clientèles, en neuf et en réhabilitation. C’est plutôt une période de tension qu’une problématique à l’intérieure de l’entreprise. Depuis janvier, le gros œuvre a vu ses carnets baisser. Aujourd’hui, nous avons su maintenir un volume d’activité, mais nous n’avons pas la même clientèle. Les bailleurs sociaux ont sorti plus de dossiers depuis quelques mois. L’essentiel des logements sur notre secteur se fait avec eux. Mais les prix sont plus tendus, dévissant de moins dix à moins vingt pourcent. Travailler avec les bailleurs sociaux nous sécurise. » À Nantes, le groupe de promotion Giboire s’est résigné à céder un programme de vingt-six logements prévus en accession libre au bailleur social CDC Habitat pour des logements locatifs intermédiaires.