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Comment faire de la mobilité bas-carbone un facteur d’attractivité

La mobilité bas-carbone est un outil phare dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans un monde qui change, c’est aussi un facteur d’attractivité pour les entreprises qui s’engagent dans cette voie. Alors comment donner plus d’ampleur à ces déplacements alternatifs ? C’est la question posée lors d’une table ronde organisée le 21 septembre dernier à La Roche-sur-Yon dans le cadre du 10e Vendée Énergie Tour, l’événement des mobilités durables.

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Flavie Brangier, chargée de missions au sein du Pays e Pouzauges, lors de la conférence : "Comment faire de la mobilité bas-carbone un facteur d'attractivité?";©IJ

En France, selon l’Ademe, l’agence pour l’environnement, les transports sont responsables de 31 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). De son côté, le ministère de la Transition écologique indique que 74 % des actifs utilisent quotidiennement la voiture pour se rendre à leur travail, 16 % optent pour les transports en commun, 8 % privilégient la marche ou le vélo et 2 % préfèrent le deux-roues motorisé[1]. Dès lors, on comprend pourquoi le développement des mobilités durables pour les trajets domicile – travail est un enjeu sociétal majeur, dans lequel les entreprises et les collectivités ont un rôle de premier plan à jouer. Ceci est d’autant plus vrai que, dans un contexte de recrutement sous tension, la mobilité bas-carbone peut constituer un facteur d’attractivité. Quels sont les leviers identifiés pour en développer les usages ? Éléments de réponse lors d’une table ronde organisée dans le cadre du 10e Vendée Énergie Tour.

Favoriser l’usage du vélo

Classique ou à assistance électrique, le vélo a tous les atouts pour rendre la mobilité bas-carbone désirable auprès des actifs. Du côté des Sables d’Olonne, l’agglomération vient ainsi de proposer à ses 1 200 agents un prêt gratuit de vélo, entretien compris, pour tous leurs déplacements. Seule condition : l’utiliser a minima 100 jours par an. Un quart se sont montrés intéressés : la distribution est en cours. « Nous voulions d’abord être un employeur exemplaire avant de dupliquer cette action auprès des entreprises, témoigne Mauricette Maurel, déléguée municipale et communautaire des Sables d’Olonne, en charge des mobilités. En 2010, le vélo représentait 1 % des trajets de nos actifs. En 2021, c’était 6 %. Notre ambition : atteindre les 8 % d’ici 2025. L’opération auprès des entreprises est en train de démarrer. Les aides (montants non communiqués, NDLR) varient suivant le type de vélo. Elles seront doublées pour les entreprises de moins de dix salariés ou celles qui ont signé le pacte de mobilité durable. »

Dans le Bocage vendéen, la collectivité du Pays de Pouzauges s’est aussi engagée dans l’élaboration d’un plan de mobilité simplifiée comprenant un schéma directeur cyclable, un travail mené en étroite collaboration avec les entreprises. « Un premier diagnostic a révélé que plus de 50 % des actifs du territoire habitaient à moins de huit kilomètres de leur lieu de travail, indique Flavie Brangier, chargée de mission. Donc, même avec une topographie vallonée comme celle du Pays de Pouzauges, c’est une distance parfaitement envisageable avec un vélo à assistance électrique. » Ce schéma directeur cyclable, qui doit prochainement être validé, comptera 37 itinéraires et 150 km de pistes cyclables.

Encourager le covoiturage

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Brigitte Collin de l’Ademe. ©IJ

Autre levier : le covoiturage. En la matière, les Pays de la Loire sont la deuxième région la plus attractive après l’Île-de-France avec 4 000 trajets par jour et 24 000 usagers par mois. Pourtant, selon Brigitte Collin, chargée de mission à l’Ademe, nous avons encore une forte marge de progression. « Les trois-quarts des actifs se déplacent en voiture et parmi eux, il y a 85 % d’autosolisme, autrement dit des gens qui voyagent seuls dans leur voiture. »

Pour passer à la dimension supérieure, il faudra ouvrir ses horizons. « Si on se limite à une seule entreprise, précise-t-elle, le risque est de ne pas trouver quelqu’un qui habite à proximité de son domicile ou avec les mêmes horaires de travail. » « Certains salariés considèrent que le covoiturage n’est pas une solution aux horaires atypiques comme les 3×8, complète Flavie Brangier. Or, à l’échelle d’un territoire, on constate que plusieurs entreprises fonctionnent sur ce rythme et des initiatives émergent. C’est le cas de Fleury Michon qui réalise un travail pour harmoniser ses horaires de travail au sein de ses équipes mais aussi plus largement au sein de la zone économique, afin que les salariés du secteur puissent covoiturer s’ils le souhaitent. »

Autre frein à lever : la peur, en tant que passager, de ne pas pouvoir rentrer chez soi s’il arrive quelque chose au conducteur dans la journée. « Pourtant, l’application Karos, que nous utilisons depuis le premier semestre 2023, propose une garantie de retour qui semble fonctionner », souligne Flavie Brangier.

L’application, qui facilite le covoiturage des salariés à l’échelle d’une entreprise mais aussi au niveau d’un ou plusieurs territoires, est en plein essor en Vendée. « Nos voisins (collectivités, NDLR) du Pays de Chantonnay, du Pays des Essarts-Saint-Fulgent ou encore de Terres de Montaigu ont également rejoint ce réseau, ce qui amplifie fortement les opportunités de covoiturage pour les salariés. »

Développer la multimodalité

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Mauricette Morel, élue municipal et communautaire aux Sables d’Olonne.

Pour développer les mobilités bas-carbone à grande échelle, une certitude : il faut penser global, estime Mauricette Maurel. « Nous devons mixer les différents modes de déplacement via des points d’échanges multimodaux pour que chaque actif puisse trouver le transport qui lui convienne. » Et pour atteindre cet objectif, la collectif mise sur le ferroviaire.

« Nous avons la chance d’avoir deux gares : l’une en centre-ville et l’autre, une halte-gare, à Olonne-sur-Mer. Nous menons une étude pour dynamiser ce deuxième site. Comment ? En multipliant le nombre de TER de manière à ce que les riverains et les habitants des communes rétro-littorales voisines puissent l’utiliser pour se rendre à leur travail. Ou en y proposant des vélos en libre-service, des places de parking dédiées au covoiturage, ainsi que des connexions avec des pistes cyclables et des lignes de bus. » Le calendrier n’a pour l’instant pas été dévoilé.

[1] “Mobilité durable en entreprise“, Ministère de la Transition écologique, mai 2022, Ecologie.gouv.fr.