Une cinquantaine d’entreprises des Pays de la Loire et de Bretagne, mais également des associations et collectivités (62 organisations au total), ont pris part en 2023 à la première promotion de la Convention des Entreprises pour le Climat de l’Ouest. Il s’agissait de la première déclinaison régionale de la CEC nationale, association née en 2020 et ayant pour objectif de « provoquer un sursaut collectif et chambouler les modèles d’affaires pour les rendre compatibles avec les limites planétaires et ainsi basculer d’une économie extractive à régénérative », résume son cofondateur, Éric Duverger.
Concrètement, le parcours a duré dix mois pour l’ensemble des participants. Chaque dirigeant, épaulé de son “planet champion”, un salarié particulièrement sensible à l’environnement, a ainsi participé à six sessions de deux jours dans tout le grand Ouest.
Une claque et la niaque
Pour Stéphanie Romero, directrice environnement et RSE chez Charier (Couëron), entreprise de TP à mission depuis 2022, « ce parcours m’a mis une claque grâce aux interventions des experts et il m’a en même temps donné la niaque pour l’avenir. Avec Jean Vidal, le président du directoire, nous sommes ressortis convaincus de pouvoir aller plus loin. Nous avons bâti notre feuille de route, “Agir 2030”, autour des objectifs statutaires de l’entreprise à mission : transmettre, innover, rassembler ».
Ainsi, la trajectoire de décarbonation de l’entreprise, qui vise à réduire ses émissions de moitié d’ici 2030, s’appuiera sur la « consommation d’électricité 100 % d’origine renouvelable, la création d’un enrobé bas-carbone, ou encore l’utilisation de véhicules électriques, fonctionnant à l’hydrogène ou au biocarburant ».
« Laisser plus de place aux activités régénératives »
« Nous avons également prévu des actions en faveur de la sécurité de nos employés, poursuit la directrice Environnement et RSE. On souhaite que 80 % de nos agences n’aient aucun accident avec arrêt en 2030. Et pour que nos employés restent dans l’entreprise, on travaille à la création d’un indice de santé sociale. C’est une innovation qui va permettre de consolider les aspects sécurité, inclusion, diversité et qualité de vie au travail. »
Grâce à la CEC Ouest, Charier est également en train de revoir son modèle économique en profondeur. « Cela signifie que l’on va abandonner certaines activités jugées trop impactantes pour l’environnement et que l’on va laisser plus de place aux activités régénératives, confirme Stéphanie Romero. Notre objectif, c’est ainsi d’atteindre 20 % de chiffre d’affaires grâce aux activités régénératives en 2030. C’est dans ce cadre qu’on a acquis en 2023 Chognot, une entreprise de génie écologique basée à Surgères (Charente-Maritime, NDLR). »
« L’idée n’est pas d’aller vite mais en profondeur »
Benoit Thierry, président de Thierry Immobilier (syndic de copropriété, gestion locative, locations et transactions basé à Nantes et Rennes), s’est lui aussi dit mieux armé pour engager son entreprise vers un modèle plus durable grâce à la CEC Ouest : « Nous avons compris que ce que l’on faisait sur le plan RSE n’était pas suffisant. Le parcours nous a également permis de prendre conscience que l’idée n’est pas d’aller vite, mais au contraire de travailler en profondeur pour embarquer l’ensemble de nos équipes. D’ailleurs, notre feuille de route 2025-2030, établie lors de la CEC Ouest, n’est ni plus ni moins qu’un nouveau projet d’entreprise. »
Avec d’importants changements à la clé : « Par exemple, on va renoncer à se développer en Vendée alors qu’on l’envisageait, car on a réalisé que 45 % de notre bilan carbone est lié aux déplacements de nos collaborateurs. On préfère consolider notre activité là où nous sommes déjà présents. Pour un habitat plus sobre mais tout aussi joyeux, nous comptons également accélérer la rénovation énergétique. C’est pourquoi nous voulons embaucher un responsable technique pour être en soutien des équipes sur la partie copropriété et permettre à nos clients de limiter leurs consommations d’eau, d’électricité et de gaz par le biais de coopération avec des entreprises françaises spécialisées. »
« Des terrains destinés à devenir des îlots de biodiversité »
Cette première promotion CEC Ouest a enfin permis à cinq projets collectifs d’émerger. Parmi eux, “Space4nature” a été dévoilé par Amélie André, directrice Innovation et impact chez Sodero Gestion, un fonds d’investissement basé à Nantes au service des PME du grand Ouest : « L’objectif est de rendre à la nature ce qu’on lui a pris en embarquant le collectif à travers la création d’un fonds de dotation pour acheter des terrains destinés à devenir des îlots de biodiversité. Nous souhaitons acheter d’ici cinq ans une surface équivalente à la superficie de Nantes, soit environ 65 km2, pour créer des corridors pour la faune et la flore. On va commencer par identifier les premières zones en Loire-Atlantique, puis on compte essaimer dans un deuxième temps dans les Pays de la Loire et en Bretagne. »
Une collecte de fonds de 40 k€ vient d’ailleurs d’être lancée en vue de l’achat d’un premier terrain de 4,5 hectares situé à 20 km au nord de Nantes. « Une quinzaine de participants de la CEC se sont déjà mobilisés sur ce projet, ce qui a permis de récolter plus d’un tiers de la somme visée en moins de deux semaines », s’est félicitée Amélie André, avant de laisser Éric Duverger annoncer le lancement d’une deuxième promotion CEC Ouest en 2024.
Pratique – Les entreprises intéressées peuvent candidater par mail à ouest@cec-impact.fr. Renseignements sur cec-impact.org