Le groupe Sicard fêtera en 2023 ses 50 ans. Comment est née cette entreprise familiale ancrée dans le Sud-Vendée ?
L’entreprise a officiellement été fondée en 1973 par mes parents, Roger et Monique Sicard. Mais le vrai point de départ, c’est en 1967, trois kilomètres plus loin, à Saint-Aubin-la-Plaine. Mon père, qui était alors boulanger, a démarré avec ma mère une activité de boulangerie de campagne. C’était un atelier sans boutique. Chaque jour, avec leur petit camion, ils livraient le pain chez les habitants. Le premier produit à succès, c’était le pain Lemaire, un pain bio. La brioche, issue de la tradition chrétienne, était alors consommée seulement à Pâques. Les gens emmenaient les ingrédients à l’atelier et mon père faisait la brioche, ou plutôt la gâche, la vraie tradition de Pâques.
En 1973, ils se sont installés à Saint- Jean-de-Beugné, sur la mythique N137, la route des vacances. Mon père a alors décidé de faire des brioches à l’année. Le succès a rapidement été au rendez-vous. Roger Sicard a installé alors d’autres magasins sur les routes de vacances : à Sainte-Hermine, Luçon, La Faute-sur-Mer, La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte.
Dans les années 80, vos brioches arrivent dans les rayons de la grande distribution…
Système U et d’autres GMS nous ont fait confiance pour gérer l’ensemble de leur rayon boulangerie : le pain, les brioches, les viennoiseries, les spécialités. Tous les produits Sicard y étaient vendus. C’étaient des magasins dans le magasin. Notre personnel travaillait en rayon, en autonomie. Mais, à la différence d’un “vrai“ magasin, nous n’étions pas “propriétaires“ de notre clientèle. Le supermarché recevait un pourcentage sur les ventes en guise de loyer. Nous avons eu une dizaine de partenariats de ce genre. Au milieu des années 90, nous avons failli tout perdre car les GMS ont voulu récupérer la gestion de ce rayon. Ils ont repris notre personnel mais on a perdu 10 MF de chiffre d’affaires du jour au lendemain. Une période très compliquée…
POUR MON PÈRE, IL FALLAIT PROUVER QUE L’ON ÉTAIT À LA HAUTEUR POUR AVOIR SA CONFIANCE, ET MOI, LA FILLE DES PATRONS, ENCORE PLUS QUE LES AUTRES.
Comment avez-vous rebondi ?
Par le développement de notre réseau de magasins. Nous en avons eu jusqu’à 45 dans les années 2000 pour compenser ce manque à gagner. Pendant plus d’une décennie, ils nous ont portés. Mais dans les années 2010-2020, confrontés à de nouvelles difficultés, nous avons dû les fermer, tout en essayant de préserver un maximum d’emplois. C’était ma priorité. On s’est recentrés sur les fondamentaux : la brioche, les magasins et depuis 2013, le préfou. 2013, c’est d’ailleurs l’année où j’ai pris la présidence du groupe Sicard. Cela faisait quelques années déjà que je travaillais dans l’entreprise.
Comment avez-vous intégré l’aventure il y a 30 ans ?
J’ai officiellement rejoint l’entreprise le 17 juillet 1991 par le biais d’un stage en marketing et communication, le dernier de mes études et le seul que j’ai fait chez Sicard. Je me dirigeais alors vers une carrière dans la publicité. À cette époque, Roger et Monique Sicard avaient fait appel à une agence pour créer leur logo et gérer leur communication. Pour faire le lien, et vu mes compétences, l’agence a conseillé à mes parents de me prendre en stage au sein de l’entreprise. C’est comme ça que j’ai travaillé la charte graphique de Sicard en la déclinant sur tous…