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Vendée : coup de frein pour l’industrie et le bâtiment

La Chambre de commerce et d’industrie de Vendée vient de publier les résultats de sa dernière enquête de conjoncture. Malgré une activité économique qui reste soutenue, les signaux d’inquiétude se renforcent pour l’industrie et le bâtiment avec un marché du logement neuf fortement dégradé par la hausse des taux d’intérêt. À ce stade, l’emploi permanent n’est pas touché.

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Chiffre d'affaires : en Vendée, l'activité reste soutenue mais les signes de ralentissement se renforcent. ©CCI Vendée

« Le regard dans le rétroviseur est rassurant car le niveau d’activité est globalement resté à un bon niveau jusqu’à la fin de l’été 2023 avec une assez bonne saison touristique, analyse Arnaud Ringeard, président de la CCI Vendée. 67 % des entreprises disent avoir retrouvé au troisième trimestre 2023 un niveau d’activité similaire ou supérieur à 2019, avant la crise sanitaire (-10 points par rapport à la précédente enquête, NDLR). Néanmoins, l’inquiétude monte depuis la rentrée, avec des chefs d’entreprise qui réduisent la voilure pour s’adapter à une conjoncture dont ils pressentent qu’elle va se dégrader, surtout en cette fin d’année. C’est notamment le cas du bâtiment, sans surprise car cette tendance est annoncée depuis des mois, et de l’industrie[1], ce qui est en revanche nouveau. » Publiée le 20 novembre[2], la dernière enquête de conjoncture de la Chambre de commerce et d’industrie de Vendée s’inscrit donc dans la continuité des deux précédentes[3], avec une activité soutenue mais des signaux de ralentissement de plus en plus marqués.

Dans le détail, 38 % des chefs d’entreprises indiquent une baisse de leur chiffre d’affaires sur les trois derniers mois comparativement à la même période 2022 (+8 points par rapport à la précédente enquête). A contrario, ils sont 27 % à enregistrer une hausse de leur chiffre d’affaires sur cette même période (-3 points). L’activité des entreprises continue d’être impactée par la hausse des coûts de l’énergie et par l’inflation persistante, qui entraînent une baisse du pouvoir d’achat des ménages.

Industrie et bâtiment : la crise se confirme

Si tous les secteurs sont concernés par ces signes de ralentissement, l’industrie et le BTP figurent tout de même au premier plan. Dans l’industrie, 47 % des entreprises ont enregistré une baisse de chiffre d’affaires ces trois derniers mois, (+23 points par rapport au premier semestre 2023). Pour 39 %, les capacités de production sont sous-utilisées (+18 points par rapport au premier semestre) et un tiers des entreprises jugent leur trésorerie difficile, voire très difficile (+15 points par rapport au premier semestre). Quant aux prévisions d’activité, elles sont orientées à la baisse pour un industriel sur deux.

Dans le bâtiment, les entreprises ont réussi à maintenir leur activité jusqu’à l’été grâce aux contrats déjà signés. Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, les carnets de commandes se réduisent de plus en plus, les mises en chantier sont reportées ou annulées. Il faut donc s’attendre à une baisse conséquente de l’activité dans le secteur de la construction de logements neufs, qui représente environ 40 % du marché local. « On peut parler d’une crise, souligne Hélène Bourcier, présidente de la FFB (Fédération française du bâtiment) en Vendée et Pays de la Loire, avec une baisse des ventes entre 25 et 30 %. Dans une moindre mesure, on ressent également un ralentissement de l’activité dans le non résidentiel neuf (usine, école, bureau) en raison de l’envolée des taux d’intérêt. S’il n’y a pas de geste fort du gouvernement pour remettre du PTZ (prêt à taux zéro) et soutenir ainsi le logement neuf, 2024 sera compliqué. La bonne nouvelle, c’est que le marché de la rénovation est plutôt porteur en ce moment, grâce aux aides de l’État comme MaPrimeRénov’, en progression de 3 à 4 % à l’échelle nationale en 2023. Cette tendance devrait se poursuivre. »

Le commerce en difficulté

Quant au secteur du commerce, à l’image des enquêtes précédentes, il souffre toujours, 45 % des professionnels considérant leur situation de trésorerie tendue voire très tendue. Pour autant, leur niveau de confiance semble se maintenir à l’approche de la période des fêtes de fin d’année.

Ce ralentissement économique général incite les chefs d’entreprise à davantage de prudence, dans une posture attentiste. Seuls 59 % d’entre eux ont maintenu leurs investissements sur les trois derniers mois (-16 points par rapport à la précédente enquête), 16 % les ont reportés et 14 % les ont annulés.

 

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Un niveau d’activité dégradée pour le BTP et l’Industrie en Vendée. ©CCI Vendée

Intérim et CDD, variables d’ajustement

Jusqu’ici, la situation de l’emploi reste globalement favorable : 83 % des entreprises déclarent un effectif stable ou en hausse sur les trois derniers mois. On constate cependant que leur variable d’ajustement porte sur les CDD ou l’intérim puisque 25 % d’entre elles ont réduit ce volet d’emploi (+10 points par rapport à la dernière enquête).

Parmi les entreprises qui ont maintenu ou diminué leurs effectifs, 32 % l’expliquent par des difficultés à recruter des salariés supplémentaires et/ou remplacer des départs, et 36 % par des baisses d’activité et/ou des prévisions en baisse. Ces difficultés de recrutement pèsent essentiellement sur l’industrie.

Quelles perspectives ?

« Malgré ce marasme économique, je ne suis pas catastrophé à ce stade parce que, dans l’ensemble, on est encore à un bon niveau d’activité, indique Arnaud Ringeard : 59 % des entreprises vendéennes ont en effet un carnet de commandes actuel équivalent ou supérieur à celui d’il y a un an et 80 % souhaitent maintenir leur effectif permanent dans les prochains mois. La question est de savoir si l’on va atterrir en douceur ou si l’on est dans les premiers mois d’un phénomène qui va prendre plus d’ampleur. Pour l’instant, je n’en sais rien. » Une petite note d’optimisme : à l’exception de l’industrie et des CHR, le niveau de confiance des entrepreneurs vendéens se maintient globalement à 6,5 (-0,2 points).

 

[1] Tous secteurs confondus, l’enquête ne précise pas davantage.

[2] Enquête réalisée du 10 au 23 octobre, en collaboration avec le Medef, la CPME, l’U2P et l’OESTV (Observatoire économique social et territorial de la Vendée). En tout, 731 entrepreneurs y ont répondu contre 618 lors de l’enquête précédente.

[3] Publiées en janvier et juillet 2023.