« Dans un contexte d’inflation forte, l’activité économique a plutôt été de bonne facture sur le premier semestre, analyse Arnaud Ringeard, président de la CCI 85. On n’est plus dans un redéploiement avec une forte hausse comme l’été dernier, mais cela reste néanmoins satisfaisant. 77 % des entreprises disent en effet avoir retrouvé un niveau d’activité similaire ou supérieur à 2019, avant la crise sanitaire. »
Publiée mi-juillet, la dernière enquête de conjoncture de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vendée confirme la tendance déjà entrevue lors de la dernière enquête de janvier 2023, à savoir une stabilisation du niveau d’activité*.
Dans le détail, sur ce premier semestre 2023, 35 % d’entre elles ont vu leur chiffre d’affaires progresser contre 37 % sur le quatrième semestre 2022. Quant au pourcentage d’entreprises ayant observé une diminution d’activité, il reste lui aussi stable autour de 30 %.
Enfin, du côté des entreprises qui ont vu leurs effectifs diminuer ou rester stable, 32 % l’expliquent par une baisse d’activité et/ou des prévisions d’activité et 29 % par des difficultés de recrutement, celles-ci pesant particulièrement sur les secteurs de l’industrie et du BTP.
Le poids du coût de l’énergie
La hausse du coût de l’énergie et des prix de matières premières demeure en tête dans les difficultés rencontrées mais en net recul (respectivement -23 points et -14 points par rapport à la dernière enquête de conjoncture). 60 % des entreprises dont la facture énergétique a augmenté ont vu leur trésorerie se dégrader. Pour autant, 56 % d’entre elles n’ont pas sollicité d’aides.
Dans un contexte où les prévisions de croissance du PIB sont faibles pour 2023 (0,4 % contre 2,5 %**), la diminution de clientèle et la baisse du carnet de commandes préoccupent davantage les entreprises (+5 points). Malgré cela, l’indice de confiance reste bon (6,7 contre 6,5) sauf pour le secteur du BTP.
Bâtiment : coup de frein redouté
Si, sur le premier semestre 2023, les entreprises vendéennes du bâtiment ont réussi à maintenir un bon niveau d’activité grâce aux contrats signés en 2021 et 2022, elles sont en effet bien moins sereines pour l’avenir. Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, elles redoutent une baisse conséquente de l’activité dans le domaine de la construction de logements neufs, qui représente 40 % du marché local.
« Les carnets de commandes s’épuisent et des mises en chantier sont annulées ou reportées. Certaines entreprises commencent à tirer la sonnette d’alarme, alerte Arnaud Ringeard. Même si la construction de bâtiments professionnels se maintient à un niveau satisfaisant, notamment grâce à l’industrie qui continue d’investir pour augmenter sa capacité de production, les autres domaines d’activité du bâtiment ne pourront pas compenser complètement cette chute de la construction de logements neufs. »
Quant au secteur des travaux publics, il apparaît un peu plus préservé mais reste cependant, lui aussi, confronté à des difficultés de recrutement.
Commerce : la situation également préoccupante
Même si la proportion d’entreprises enregistrant une baisse du chiffre d’affaires a diminué par rapport à la dernière enquête (36 % contre 44 %), la situation reste tendue pour le commerce. La proportion d’entreprises ayant indiqué une progression de leur CA a diminué de quatre points (28 % contre 32 %) et une entreprise sur deux considère sa situation de trésorerie difficile voire très difficile. L’inflation continue de peser sur le pouvoir d’achat des ménages et impacte durablement le comportement des consommateurs.
Hôtellerie-restauration : du mieux
Le secteur de l’hôtellerie-restauration poursuit, lui, son rebond post-Covid et affiche des indicateurs positifs : 43 % des entreprises ont vu leur activité progresser au premier semestre et 60 % jugent leur niveau de trésorerie satisfaisant contre 54 % en janvier.
Côté hébergement, au regard du niveau des réservations déjà enregistrées début juin, les perspectives étaient encourageantes pour cet été. Les trois-quarts des entrepreneurs du secteur misaient alors sur une activité stable ou en hausse pour les trois prochains mois.
« Malgré une première quinzaine de juillet finalement moins euphorique que l’an dernier, avec une baisse du nombre de séjours “sans réservation“, la saison touristique vendéenne devrait globalement être bonne », complète Arnaud Ringeard. Le secteur de la restauration, lui, reste sous tension. Les raisons ? Le coût des matières premières et des difficultés de recrutement.
Industrie : des capacités de production pleinement utilisées
Enfin, l’enquête de la CCI indique que 79 % des entreprises industrielles utilisent pleinement leur capacité de production. C’est 13 points de plus qu’en janvier. Néanmoins, la part des entreprises industrielles dont le chiffre d’affaires est stable ou en progression diminue de six points par rapport à la dernière enquête (76 % contre 82 %), mais concerne encore la majorité des entreprises.
Par ailleurs, les difficultés de recrutement apparaissent comme un frein majeur à l’activité puisque 48 % des entreprises expliquent le maintien ou la baisse de leurs effectifs salariés par les difficultés à recruter.
« Ce second semestre 2023 s’annonce difficile, résume Arnaud Ringeard. Néanmoins, la situation financière des entreprises étant plutôt saine, je ne vois pas d’hécatombe, mais des situations qui se tendent. »
*Enquête réalisée du 12 juin au 23 juin 2023, en collaboration avec le Medef 85, la CPME 85 et l’OESTV (Observatoire économique social et territorial de la Vendée) auprès de 13 000 entreprises vendéennes. En tout, 618 y ont répondu. Elles étaient 678 lors de la précédente enquête publiée en janvier dernier.
**Prévisions Xerfi mises à jour le 8 juin 2023. Source : Insee.