Sans se lancer dans un contre-la-montre effréné, le secteur de la cyclo-entreprise tente une échappée. Dans un contexte de valorisation de la RSE de plus en plus prégnant, de changements sociétaux liés aux évolutions des modes de vie, les acteurs du secteur se regroupent en collectif. Leur souhait, avoir plus de poids et démontrer tout l’intérêt d’intégrer le vélo dans l’entreprise, qu’il soit la base d’un concept entrepreneurial ou une alternative périodique.
Lire aussi
La filière cycle en quête d’un second souffle
Damien Becquaert a fondé, les Coliporteurs en 2021 à Saint-Nazaire pour assurer le transport de petits colis en hypercentre à vélo-cargo. L’an dernier, il a fusionné avec La Tricyclerie nazairienne (collecte de biodéchets à vélo) créée par Morgane Jaunay en 2019. Ensemble, les deux cyclos-entrepreneurs ont formé Les Cargos, pour réaliser des économies d’échelle et répondre en commun à des appels d’offres. Si Damien Becquaert travaille principalement avec les collectivités et les petits commerces, il peine encore à percevoir le potentiel d’expansion sur le littoral : « Nous n’avons pas encore vraiment de référentiel de villes moyennes comme Saint-Nazaire, car les vélos-cargos sont plus présents dans les métropoles. Donc, pour le moment, on identifie les besoins, on s’adapte à la demande et à notre territoire. »
Les multiples atouts du vélo
Les Boîtes à vélo 44 est une antenne locale d’un réseau national de trois cent cinquante adhérents qui promeut l’entrepreneuriat à vélo et son usage comme mode de déplacement professionnel. En Loire-Atlantique, ils sont quarante-cinq adhérents. Seuls deux viennent en effet du littoral. Un constat qui a incité Romain Allais, chargé de développement régional pour Les Boîtes à vélo, à faire le déplacement à Saint-Nazaire à l’occasion de l’événement En Selle, organisé par Damien Becquaert, en vue de promouvoir l’entreprise à vélo.
Mais un col ardu reste à franchir : « La culture de la flotte voiture est encore forte en entreprise et le vélo demeure le parent pauvre des déplacements », confesse Romain Allais. Il y voit justement un levier de progression, en listant quelques secteurs d’activité dans lesquels le vélo – électrique ou non – a toute sa place au quotidien : artisan, transporteur, traiteur, service à la personne, société d’espaces verts, journaliste, logisticien, etc. « À Nantes, une entreprise de cordistes ne se déplace qu’à vélo avec son matériel », prend-il pour exemple. Un vélo-cargo peut en effet transporter jusqu’à 100 kg, 300 en y ajoutant une remorque. Par ailleurs, les atouts du vélo pour une entreprise et ses collaborateurs sont multiples, selon le chargé de développement : gain financier, gain de temps (embouteillage), comportement écoresponsable, activité physique, avantages du plein air. Et s’il fait mauvais temps ? La réponse est toute trouvée pour Romain Allais : « Il n’y a pas de mauvais temps, que du mauvais équipement. »