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Start-up et industries : une alliance gagnante-gagnante ?

La première édition de la matinale “Sur le pont ! Tech & Transitions“ qui s’est déroulée au Spi numérique le 20 octobre a rassemblé une centaine d’acteurs de l’écosystème numérique du bassin nazairien. Le rendez-vous a été l’occasion pour les professionnels présents de se questionner sur les relations encore fragiles entre le monde des start-up et celui de l’industrie.

Start-up industrie Spi Saint-Nazaire

De gauche à droite : Pascal Dupuys, Gabriel Raffour, Paul Péretié, accompagnés d’Éléonore Blondeau (cofondatrice et présidente de Start-up industrielles France) pour piloter la table ronde. © DR

« Les start-up sont parfois peu considérées par les industriels, et à l’inverse, il leur arrive aussi de comparer ces derniers à des dinosaures. » Paul Péretié, dirigeant de la start-up Adok spécialisée dans l’innovation en projections tactiles, donne le ton d’emblée, en toute bienveillance, sur les relations qui unissent ces deux univers. Adoubé par ses confrères de la table ronde intitulée “Start-up et industries : quel environnement déployer pour une collaboration mutuellement bénéfique ?“, il poursuit : « Le manque de crédibilité des premières, même s’il n’est pas réellement fondé, peut être un frein pour se faire accepter chez un sous-traitant et trouver un langage commun va se révéler compliqué. » À ses côtés, Gabriel Raffour, chef du service Open innovation chez l’industriel Daher, confirme : « L’industrie a pour habitude de travailler en temps long, de faire preuve d’une certaine inertie et peut avoir peur de la fragilité d’une start-up ; elle va préférer faire confiance à une PME bien installée. » Pascal Dupuys corrobore volontiers ces propos de la jeune génération par une expérience de 35 ans en tant qu’expert et consultant industriel : « Déjà dans les années 1980, il y avait des problèmes de communication. D’un côté, l’industrie a ses propres outils internes et de l’autre, une start-up, par définition, va manquer de maturité industrielle. » D’où un immense fossé pour le monde industriel avant de pouvoir intégrer « sans douleur » un process innovant de start-up. Et pourtant l’un et l’autre peuvent s’apporter beaucoup. Alors quelles solutions pour une collaboration mutuellement bénéfique ?

Intégrer en industrie un ambassadeur des start-up

Pour Paul Péretié, c’est une « question de personnes. Il faut passer du temps ensemble pour se comprendre ». Quitte à créer dans l’univers industriel des cellules dédiées à l’accueil des start-up ? Loin d’être saugrenue, l’idée a été mise en place au sein de l’avionneur Daher, avec la création d’un collectif dès 2014, piloté par Gabriel Raffour, venu témoigner. « Le collectif est devenu en 2018 un véritable incubateur du processus industriel pour les start-up », explique le chef de projet, qui précise : « J’ai pu accompagner depuis la création du collectif 540 start-up à arriver à maturité et à s’adapter aux enjeux industriels. » « Pour Daher, c’est gagnant-gagnant, car toutes ces start-up qui viennent nous voir nous aident aussi à nous transformer, à monter en puissance dans notre propre industrie. Donc on a tout intérêt à ce qu’elles s’épanouissent », conclut Gabriel Raffour qui mise beaucoup sur le partage d’expériences grâce aux projets diversifiés qui lui sont présentés.

Sur les bonnes pratiques à partager, Pascal Dupuys dresse une liste : en plus d’un projet arrivé à maturité industrielle et d’un sas d’accueil disponible en industrie, guidé par un « ambassadeur des start-up », il estime pertinent de mettre en place un système d’achats – « un parcours du combattant » actuellement selon lui -, plus rapide et plus performant, d’être rigoureux sur le respect et la transparence nécessaires entre les parties, sans oublier de cadrer un processus juridique et contractuel.

 

[1] Événement co-organisé par Blue Lab, Plage Web, le Spi numérique, French Tech Saint-Nazaire La Baule Pornic, CESI, avec le soutien de Saint-Nazaire agglomération et l’agence Nantes Saint-Nazaire développement.