« Si croire à des scénarios qui ne sont pas encore validés, c’est être naïf, alors tous les chefs d’entreprise le sont, déclare Catherine Testa. Pour ma part, je parlerais plutôt d’optimisme, cette tendance à croire en un avenir positif. Quelle que soit la situation, nous pouvons choisir d’avoir confiance en notre capacité à la surmonter. L’optimisme permet simplement de voir les opportunités dans les défis. Il ne s’agit pas d’être aveugle pour autant, insiste-t-elle. On peut pratiquer un optimisme raisonnable et décider, par exemple, de se marier en connaissant les chiffres du divorce ou bien d’entrer sur un court de tennis en sachant qu’on a une chance sur deux de gagner le match ! »
S’interroger sur un futur positif est presque un acte de rébellion dans notre société. L’optimisme est surtout un outil indispensable que l’on doit nourrir si l’on veut pouvoir lui faire une place dans nos vies.
Elle poursuit : « Ce qui est important de comprendre à ce stade, c’est que la vie des optimistes est exactement la même que celle des autres. Nous vivons tous des mouvements faits de ruptures, de deuils… C’est la façon dont on va les positionner dans le temps qui nous fait voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. » Un exercice intellectuel beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît. « Le pire nous est servi chaque jour dans les médias, ajoute-t-elle. Nous sommes entraînés à imaginer des scénarios catastrophes pour la planète, les robots, l’intelligence artificielle… En revanche, s’interroger sur un futur positif demande bien plus de travail ! C’est presque un acte de rébellion dans notre société. L’optimisme est surtout un outil indispensable que l’on doit nourrir si l’on veut pouvoir lui faire une place dans nos vies. »
Un acte de rébellion…
En effet, si personne n’envisage de futurs optimistes, comment pourraient-ils exister ? C’est en partant de cette idée en 2016, que l’entrepreneure a imaginé Loptimisme.com. « Auparavant, je travaillais dans le développement durable, explique Catherine Testa. J’avais beau adorer mon travail, mon boss, mes collègues, j’ai commencé à devenir cynique et à vivre une sorte d’éco-anxiété. J’étais en train de perdre mon enthousiasme au prisme de tous les dangers potentiels de la société. C’est là que je me suis posé la question : comment arrêter de se laisser aller au fatalisme ? Comment lutter contre notre tendance naturelle à ne consommer que des émotions négatives ? La réponse était simple : en agissant et en partageant des initiatives positives ! Pourtant, lorsque j’ai commencé à tester mon projet, j’avais honte. Je n’osais même pas le dire à mes amis. J’ai finalement décidé d’en parler sur les réseaux sociaux et très rapidement, 4 000 personnes m’ont suivie. Aujourd’hui, nous sommes lus par plus d’un million, dont des RH sur la version professionnelle du site lancée l’année suivante, en 2017. »
… qui manque de publicité
« À la suite de ce premier succès d’audience, on me demandait régulièrement mon avis sur le pendant de l’optimisme en entreprise. J’ai commencé par interroger mes réseaux en leur demandant de »dénoncer » les gens qui mettaient en place des actions positives au sein de leur structure. Je me suis vite rendu compte qu’il y en avait très peu et que c’était un sujet complètement oublié du monde du travail. Pourtant, les bienfaits de l’optimisme ont été largement prouvés scientifiquement : résilience, créativité, performance, meilleure santé… Au lancement, certains RH nous lisaient sous le manteau, ceux qui osaient me faire intervenir en conférence faisaient vraiment un pas de côté. Puis les confinements ont accéléré la prise de conscience et le sujet de la santé mentale a commencé à émerger. On osait enfin parler de vulnérabilité en entreprise. À partir de là, on a commencé à me solliciter de plus en plus sur l’optimisme dans des conférences, en ouverture d’ateliers d’idéation, etc. Je pense tout simplement que l’optimisme manquait de publicité. » Attention toutefois à ne pas produire l’effet inverse : « L’optimisme, ce n’est pas mieux ni moins bien, nuance-t-elle. Si l’on est responsable de la prévention des risques par exemple, mieux vaut être pessimiste qu’optimiste ! C’est juste une ressource dans laquelle on peut puiser. C’est parce que l’on est optimiste que l’on ose s’engager dans la vie ou dans l’entrepreneuriat. »