Pilotée depuis 2020 par Thomas Leclercq, E-frinergy est née d’un double constat observé au sein du groupe Tesson. « Avant la crise énergétique, les entrepôts frigorifiques (l’activité principale du groupe) représentaient déjà près de 10 % des charges », explique le directeur général. « Partant du principe que la meilleure efficacité énergétique est de moins consommer, intervenir directement sur les installations devrait – de fait – réduire les consommations. » Frigoriste de métier, l’entrepreneur remarque également que les outils de supervision disponibles sur le marché étaient davantage adaptés aux techniciens de terrain qu’aux clients, qui peinaient à exploiter leur système et donc à agir sur l’énergie. « L’offre est née de l’association de ses deux idées : l’accompagnement de nos clients sur l’efficacité énergétique et le développement d’outil numériques de suivi simples et rapides. »
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Concrètement la plateforme permet de capter les flux d’électricité d’Enedis et de proposer un suivi comparatif des données de deux cents sites clients sur toute la France. Les informations s’observent à l’heure, à la semaine, au mois ou à l’année. « Je me souviens d’un client qui avait une quarantaine de sites en France », raconte l’entrepreneur. « Grâce à notre solution, il a pu vérifier qu’il ne souscrivait pas les bonnes puissances. En changeant ses habitudes, il a économisé 70 k€ sur un an ! » Il insiste : « C’est souvent en comparant l’installation initiale et l’installation réelle, qu’on est en capacité d’observer la dérive et de discuter avec ses opérateurs frigoristes ou électriciens pour rectifier le tir. »
Mais la start-up va plus loin en croisant une multitude d’autres données (exploitation, météo, objets connectés) afin de chercher des corrélations. « Dans un futur proche, cette data, couplée à de l’intelligence artificielle, nous permettra de faire du prédictif. » Il ajoute : « Par exemple, en ayant les prévisions météo, pour peu qu’elles soient justes, on pourra mieux comprendre le fonctionnement de l’entrepôt et l’ajuster. »
Développée spécifiquement pour ses clients « entrepôts frigorifiques », la plateforme E-frinergy s’ouvre depuis le mois de janvier à tous types d’entreprises désireuses de piloter ses consommations. « L’avantage d’avoir notre propre outil, c’est qu’on peut y ajouter différents capteurs en fonction des besoins propres à chacun : présence, ouverture de porte, température, hygrométrie, etc. »
Que dit la loi ?
Depuis 2019, le décret tertiaire impose une réduction des consommations énergétiques progressive à tous les bâtiments professionnels, soit 60 % d’économie d’énergie à horizon 2050. Avec un premier pallier à moins 40 % en 2030, puis un deuxième à moins 50 % en 2040. Dans la foulée, le décret Bacs, issu lui aussi de la réglementation européenne, s’appliquera dès 2025 pour les structures tertiaires ayant une consommation cumulée sur l’année, froid et chaud, de 290 kW, puis de 70 kW en 2027. Il obligera ces entreprises à s’équiper d’un système de supervision.
« Nous suivons déjà l’évolution et l’ajustement des objectifs d’une centaine de sites dans le cadre du décret tertiaire », raconte Thomas Leclercq. À cet égard, l’entreprise vient de lancer un contrat de performance énergétique. Un engagement sur dix ans de baisse de consommation avec des travaux d’amélioration. « Nous nous engageons auprès de nos clients, avec pénalité, si jamais on ne tient pas nos objectifs », précise-t-il.
« La technologie est susceptible d’apporter les réponses aux besoins liés aux enjeux des grandes transitions, tous domaines confondus », conclut Mikaël Vincent, délégué général de La French Tech Vendée qui intervenait aux côtés de E-frinergy sur la table ronde. Pour lui, les outils numériques sont autant de leviers de croissance, d’opportunités et donc de gains de compétitivité pour les entreprises. Pour autant, il ne s’agit pas de remplacer un mal contre un mal, nuance-t-il. « On sait que le numérique est un gros consommateur d’énergie. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre, proposer des outils qui trouvent leur juste place au service des métiers. » À cet égard, la French Tech nationale a inscrit dans ses missions le souhait de se positionner comme le premier écosystème européen en matière de transition écologique.