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Les défis 2030 des vins de Loire 

Le plan de Filière Loire 2030, piloté par l’interprofession des vins de Loire (InterLoire), aux côtés des organisations viticoles, mène la transformation du vignoble ligérien face aux mutations en cours. À mi-parcours, InterLoire juge le premier bilan positif mais révèle de nouveaux défis, notamment face au changement climatique.

Pour anticiper les effets du changement climatique, 59 000 hectares du vignoble de Loire ont déjà été cartographiés, soit 89 % de l’objectif 2030. ERIC CABANAS - IJ

« Ce plan est notre boussole, un engagement collectif qui trace le futur du vignoble ligérien. Il témoigne de la capacité de la filière viticole ligérienne à s’engager avec tous les acteurs du secteur pour préparer l’avenir. C’est une initiative unique en France, qui permet au vignoble de Loire de rester compétitif et résilient face aux défis futurs », souligne Joël Forgeau, président délégué d’InterLoire.


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Ces défis sont nombreux, à commencer par le renforcement de l’attractivité des vins de Loire. En 2023, 20 % de la production était vendue à l’international, soit une progression de trois points en cinq ans. La part à l’export fixé pour 2030 est de 30 %. En 2024, 70 % des budgets de promotion collective auront été consacrés à l’export. Le nombre d’entreprises exportatrices est passé de 595 en 2018 à 660 l’an dernier.

Une montée en gamme version bulles et blancs

Parallèlement, sur le marché français, les vins de Loire connaissent une montée en gamme avec un attrait plus soutenu pour les bulles et les blancs de Loire. « La diversité de styles et la fraîcheur qu’ils apportent répondent aux nouvelles tendances de consommation et notamment à celle des jeunes consommateurs. Ainsi, de 2008 à 2022, la consommation de vins blancs chez les moins de trente-cinq ans a augmenté de 14 points », précise InterLoire.

À noter que le prix des terres agricoles continue de progresser (+1,8 % vs 2022), la valorisation du foncier dans la région restant supérieure à la moyenne nationale, selon les chiffres enregistrés par la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). « La Loire offre toujours des opportunités d’investissement intéressantes, avec un prix moyen des terres viticoles de 39 900 €/ha contre 153 500 €/ha en moyenne nationale », note InterLoire.

La problématique des ressources humaines et du recrutement fait l’objet de multiples efforts. « Depuis cinq ans, les profils évoluent : on note l’essor des vignerons-négociants (+22 %) et une féminisation continue (+4 %, soit 36 % des salariés viticoles). Partant de ce constat, la filière a redoublé d’efforts en adoptant un plan d’action axé sur l’attractivité, la formation et l’amélioration des pratiques managériales », rappelle InterLoire.

100 hectares de variétés résistantes déjà plantés

L’autre grand défi est bien sûr celui d’adopter la stratégie la plus efficace face au changement climatique. L’objectif de la filière est d’atteindre 100 % des exploitations engagées en agriculture biologique ou sous certification environnementale en 2030.

En 2023, 73 % des domaines viticoles étaient inscrits dans cette démarche et 85 % des surfaces couvertes par une certification ou un label. Et pour anticiper les effets du changement climatique, 59 000 hectares de vignoble ont déjà été cartographiés, soit 89 % de l’objectif 2030. Ceci permet de disposer d’outils de plus en plus précis, tels que le bilan hydrique journalier à la parcelle, l’Atlas Agroclimatique, la cartographie des équipements antigels ainsi que la plateforme météo dédiée aux données et le zonage climatique des appellations d’origine contrôlée (AOC).

« La filière s’est en outre dotée de conservatoires répartis dans dix-sept sites sur le territoire qui regroupent la grande diversité génétique présente au sein de nos cépages, comme le chenin (440 accessions), le sauvignon (404 accessions), le muscadet (295 accessions) ou encore le pineau d’Aunis (312 accessions) », précise InterLoire. « La gestion du végétal est stratégique et nous diversifions les options, qu’elles soient traditionnelles ou innovantes. Depuis 2018, 200 k€ ont été investis par la filière dans la sélection de nouveaux clones et porte-greffes et plus de 400 k€ dans les programmes de variétés résistantes. Fin 2023, plus de 100 hectares de variétés résistantes ont déjà été plantés », indique Christophe Deschamps, président de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) en Val de Loire et président de la commission Technique d’InterLoire.