Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

« Le plus gros projet d’autoconsommation collective de la région »

À l’initiative de Sud Retz Atlantique Communauté, la récente extension de la plateforme logistique LSL de la Manufacture Française du Cycle, filiale du groupe Intersport à Machecoul-Saint-Même, va accueillir sur son toit une installation photovoltaïque de 13 000 m2 d’ici l’été. Le maire et président de la communauté de communes, Laurent Robin, nous en dit plus sur cette opération pilote, qui pourrait être amenée à être dupliquée sur le territoire.

Le projet, qui consiste à créer une centrale photovoltaïque sur le toit de l'extension de la Manufacture Française du Cycle à Machecoul, aura une puissance solaire de 1,85 MWc.

Le projet, qui consiste à créer une centrale photovoltaïque sur le toit de l'extension de la Manufacture Française du Cycle à Machecoul, aura une puissance solaire de 1,85 MWc. ©Shutterstock

Laurent Robin, maire de Machecoul-Saint-Même et président de Sud Retz Atlantique Communauté. ©Ville de Machecoul

Dans quel contexte ce projet associant producteurs et consommateurs d’électricité en circuit court est-il né ?

Quand le groupe Intersport a souhaité étendre son bâtiment accueillant la Manufacture Française du Cycle, le permis de construire a été difficile à obtenir à cause des contraintes environnementales. Comme nous y avons passé beaucoup d’énergie et que commençait à poindre l’obligation(1) de faire du photovoltaïque sur les nouveaux bâtiments, je leur ai soumis l’idée de créer un projet d’autoconsommation collective sur le toit du bâtiment en question. Après négociation, Intersport a accepté de nous mettre à disposition sa toiture et a pris à sa charge le coût des renforts pour que le toit puisse supporter la charge de 100 tonnes de l’installation solaire.

« Plutôt que d’avoir un toit de 18 000 m2 qui ne sert à rien, autant en profiter pour produire de l’électricité. »

Quel est l’objectif de l’opération ?

Si on raisonne en termes d’artificialisation des sols, on a construit sur site un bâtiment d’un hectare et demi pour un usage industriel. Alors plutôt que d’avoir un toit de 18 000 m2 qui ne sert à rien, autant en profiter pour produire de l’électricité. C’est du bon sens et de l’optimisation. Autrement dit, on va profiter du fait d’artificialiser les sols pour produire de l’énergie qui sera consommée localement, et donc créer un cercle vertueux, en s’appuyant sur les locaux d’un fabricant de vélos, qui est une industrie “ecofriendly”.

À quelles dates la construction et la mise en service du parc photovoltaïque sont-elles prévues ?

Le bâtiment de la plateforme logistique est fini depuis à peu près un an. Les travaux d’installation des panneaux photovoltaïques vont quant à eux commencer dans quelques semaines. Même s’il y a beaucoup de délais aujourd’hui sur certains équipements, on espère livrer les premiers électrons au mois de juillet, à condition, bien sûr, qu’Enedis raccorde l’installation au réseau à temps.

Combien coûte le projet et qui le finance ?

L’investissement est d’environ 1,8 M€. Pour le financer, on a créé une SAS au capital de 2 000 €, détenue à 50 % par la communauté de communes et à 50 % par Territoire d’Énergie 442. On a fait chacun un apport en compte courant d’associé pour avoir de la trésorerie et on a emprunté environ 1,4 M€ pour financer les travaux.

« Pour que le projet soit viable économiquement il est impératif d’avoir un taux d’autoconsommation aussi élevé que possible. »

Qui va bénéficier de l’électricité produite ?

Prioritairement les collectivités et tout ce qui relève du service public : bâtiments communaux, intercommunaux, hôpital, collèges, écoles, lycées, piscine…

​​Pour que le projet soit viable économiquement, il est impératif d’avoir un taux d’autoconsommation aussi élevé que possible. Donc pour compléter le panel des équipements publics et consommer le reste de l’électricité produite dans un rayon de 20 km, on va y ajouter quelques gros clients industriels qui se sont portés candidats comme Super U ou Novoferm.

Comment cette électricité produite et consommée localement sera-t-elle facturée ?

Désignée personne morale organisatrice (PMO), Territoire d’Énergie 44 informera Enedis de la répartition des électrons consommés par chaque client pour établir leur facturation.

Deux tarifs différents ont ainsi été établis : un pour l’été à 115 €/MWh du 1er avril au 30 septembre et un pour l’hiver à 150 €/MWh du 1er octobre au 31 mars, des prix très largement en dessous de ceux du marché puisque la commune paie en moyenne aujourd’hui 270 €/MWh. C’est une opération intéressante pour la collectivité car pour une mise de fonds relativement modeste, nous allons obtenir un gain significatif sur nos frais de fonctionnement. Et surtout un coût d’électricité stable pendant 25 ans, ce qui est rare par les temps qui courent.

Ce projet d’autoconsommation collective fait-il partie des plus importants menés dans l’Hexagone ?

Effectivement, il y a un an, quand on a effectué notre candidature auprès de la Commission de régulation de l’énergie, c’était le plus gros projet d’autoconsommation collective de la région et le deuxième de France. Si ce projet est suivi de près par d’autres collectivités et que beaucoup de sociétés scrutent cette opération, c’est parce qu’on va expérimenter un mode de fonctionnement électrique qui n’existe pas localement, si ce n’est à l’échelle du prototype…

Pour Territoire d’Énergie 44, c’est donc une opération pilote qui, j’en suis convaincu, fera des émules car elle présente de nombreux intérêts localement. D’ailleurs, si ça fonctionne sur notre territoire, on se posera la question de le déployer dans un deuxième temps sur le bassin de vie de Leger. Et on n’exclut pas d’ajouter d’autres formes de production d’énergie au projet, comme des ombrières photovoltaïques par exemple.

 

(1) Depuis le 1er juillet 2023, les nouveaux bâtiments à usage commercial, artisanal et industriel, ainsi que les entrepôts et hangars de plus de 500 m² d’emprise au sol ont l’obligation d’être recouverts d’au moins 30 % de panneaux photovoltaïques.

(2) Territoire d’Énergie 44 est un syndicat mixte qui regroupe 180 communes et 14 intercommunalités de Loire-Atlantique. Anciennement nommée Sydela, elle est l’autorité qui organise le service public de la distribution d’électricité pour le compte des communes qui lui ont délégué cette compétence.