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Entretien avec Joël Fourny : « L’artisanat est résilient »

Dirigeant depuis plus de trente ans d’une entreprise de modelage mécanique à ISSÉ (44) et président de la chambre de métiers des Pays de la Loire depuis cinq ans, Joël Fourny a, depuis juin 2020, des fonctions au niveau national. Élu président de CMA France après le décès de son prédécesseur Bernard Stalter, contaminé par le Covid, il a hérité d’un contexte complexe, entre la réforme à marche forcée des chambres consulaires et la gestion de la crise sanitaire. Premier bilan d’étape.

Joël Fourny

Joël FOURNY, Président de la Chambre de métiers Pays de la Loire et France ©shehanhanwellage

Quel bilan dressez-vous depuis votre arrivée à la tête de CMA France, en pleine pandémie ?

Quand j’ai repris les choses en main en juin dernier, on pensait que la reprise allait se faire beaucoup plus rapidement. Ça n’a pas été le cas et il a fallu s’adapter en fonction de l’évolution de la pandémie. Bien sûr, une de nos priorités a été de faire en sorte que le réseau apporte tout l’accompagnement nécessaire aux entreprises artisanales dans ce contexte. On était là en particulier pour leur apporter les informations nécessaires dans le cadre des mesures gouvernementales, adaptées au fur et à mesure de l’évolution de la situation.

Nous avons, notamment sur le volet digital, une mission de déploiement d’un service complémentaire autour des diagnostics numériques. Nous avions un objectif de 5 000 et nous l’avons dépassé avec plus de 5 400 réalisés début avril sur le plan national.

La deuxième priorité s’est positionnée sur la question énergétique. Dans le cadre du développement durable et du plan de relance, nous avons pour objectif de réaliser des diagnostics énergétiques à l’intérieur des entreprises, en lien avec les organisations professionnelles. On essaie de faire en sorte qu’elles soient accompagnées pour réaliser des économies en revoyant leur position sur la consommation énergétique, l’amélioration des bâtiments, etc.

Et puis, bien sûr, on apporte aussi un service constant en termes d’éléments de réponse et d’offre de services sur les volets financement, commercialisation, création d’entreprise. Autant de missions que l’on effectue de manière permanente mais, comme un certain nombre d’entreprises rencontrent des difficultés, il faut être capables de les mettre en lien avec les différents dispositifs mis en place par le gouvernement, de manière à ce qu’elles puissent les utiliser pleinement.

Comment vont les entreprises artisanales ?

Il y a des secteurs qui s’en sortent mieux que d’autres. C’est le cas du bâtiment, mais aussi du secteur alimentaire qui a une activité maintenue en permanence comme la boucherie, la boulangerie-pâtisserie, ou même les chocolatiers. Certains ont fait des chiffres très intéressants sur la période de Pâques, plus que l’année dernière. On l’explique par un repositionnement du consommateur aujourd’hui plus sensible à l’économie de proximité, ce qui est plutôt favorable à l’artisanat.

Après, dans les services, c’est plus difficile, notamment dans les services à la personne. La coiffure a eu une baisse de chiffre d’affaires, l’esthétique est très impactée par les fermetures administratives. Les fleuristes, eux, continuent de fonctionner mais avec un chiffre d’affaires moindre car il n’y a pas d’événementiel et beaucoup moins de fêtes familiales.

Dans la production industrielle, c’est variable là aussi. Les entreprises sous-traitantes dans l’aéronautique en particulier sont très impactées.

Globalement, on peut dire que l’artisanat s’en sort sans trop de mal, en tout cas il est assez résilient, même s’il faut rester prudent. On a encore des aides, les entreprises sont encore largement accompagnées par l’État, il va falloir surveiller comment cela va se passer au moment de la reprise.

© D.R

Quid des défaillances ? Constate-t-on dans les entreprises artisanales comme ailleurs une baisse des dépôts de bilan ?

Sur l’anné…