Votre cabinet fête ses 100 ans cette année… Racontez-nous son histoire…
Le cabinet Piraud a été créé en 1920 par Mme Guillon-Heidet puis mon père l’a repris dans les années 1960. Au départ,
il était plutôt spécialisé dans l’immobilier traditionnel. C’était un entrepreneur dans l’Oise. Il est revenu à Nantes où il avait sa famille. Il avait plusieurs collaborateurs au cabinet avec chacun sa spécialité. Moi j’ai préféré adopter une formule de structure bien plus petite : une collaboratrice et une assistante, c’est tout. J’aime être proche de mes clients et faire du sur-mesure. J’ai une passion du commerce très prononcée et une grande curiosité. J’ai fait deux ans de droit et beaucoup de formation. D’ailleurs, je préfère travailler dans le concret. J’ai appris tous les tenants et aboutissants du bail commercial en autodidacte. Je connais parfaitement la ville et ses commerces. J’en ai vendu certains plusieurs fois en quarante ans.
Mon père ne vendait qu’à des indépendants et des succursales. Le système de franchise n’existait pas. Des familles nantaises avaient alors pignon sur rue et possédaient de nombreux commerces : les Gourd rue Crébillon, les Bernard rues Crébillon, Boileau et Calvaire ou encore les Sandinha et Lebreton. La tradition s’est éteinte progressivement avec des familles qui ont changé de secteur d’activité et ont vendu à des chaînes.
Vous exercez depuis quarante ans. Quelles évolutions du commerce avez-vous constatées ?
Les chaînes ont pris de plus en plus de place par rapport aux indépendants. Notamment parce que ceux-ci prennent leur retraite et qu’il est difficile de reprendre un fonds de commerce. Il y a beaucoup de craintes, excepté dans la restauration. C’est dommage car il existe des exemples où cela a fonctionné comme pour le magasin de loisirs créatifs, rue de Verdun, La Palette Saint Luc ou la boutique d’ameublement Les Petits princes, rue Mercœur.
La rue Crébillon est un cas un peu particulier : les chaînes ont investi cette rue commerçante au vu de la valeur locative des locaux.
Le domaine de la beauté aussi est en pleine évolution avec de nombreuses nouvelles boutiques. J’ai implanté Caudalie rue Crébillon, je ne la voyais pas ailleurs pour son image. Ou encore, en bio, Avril qui cartonne passage Pommeraye. Ils ont un concept différenciant en fonction des matériaux des locaux, du design intérieur…
On constate aussi plus de turn-over : des indépendants arrêtent, certains n’engrangent pas suffisamment de chiffre d’affaires et déposent le bilan, d’autres sont en contrat de franchise et veulent changer d’activité… De plus en plus de personnes s’installent aussi pour changer de métier. Ils se disent qu’ils sont lassés de leur emploi et ont envie d’entreprendre. On compte pas mal de Parisiens dans ce cas-là à Nantes. Par exemple Feeling Good Bakery, rue des Halles. Parfois, ils démarrent en franchise pour développer leur propre concept ensuite. C’est dans l’air du temps de changer de mé…