
Quentin Camus, directeur associé de la Conserverie de l’Île d’Yeu © Conserverie de l’île d’Yeu
Directeur associé de la Conserverie de l’Île d’Yeu, qu’il a rachetée en 2018 avec Marie Bévillon (présidente de La Sablaise), Quentin Camus passe la moitié de la semaine sur l’île et l’autre sur le continent où vivent ses enfants. « Cela tient à ma double casquette car j’ai toujours un rôle au sein de la direction commerciale de La Sablaise, explique-t-il. C’est mon choix d’avoir un pied à terre sur l’île, mais pour d’autres, vivre et entreprendre ici relève davantage du projet de vie. » Il y a deux ans, l’entreprise s’est lancée dans un gros chantier d’implantation de nouveaux locaux.
Des entrepreneurs pas comme les autres
« Tout est plus crispant sur une île, si bien qu’on a mis deux ans pour s’entendre avec la mairie sur le dépôt de permis. D’abord, il a fallu faire adopter le projet par la population : 1 200 m² de bâtiment paraît petit et artisanal sur le continent, mais ici, c’est tout l’inverse ! On a beau être une entreprise privée, on a dû expliquer aux élus comment le bâtiment allait se fondre dans le paysage du port et comment on allait créer de l’emploi. Ensuite, il y a eu de nombreuses contraintes administratives dont j’ignorais l’existence comme la hauteur du bâtiment par exemple. Celle-ci ne pouvait pas excéder dix mètres afin de conserver une vision stratégique lointaine sur la mer. On a dû faire un courrier à l’Amiral de Brest qui valide tous les dépôts de permis de construire sur l’île. Une fois la première pierre posée, en revanche, c’est allé plutôt vite. En douze mois, le bâtiment était sorti de terre, mais ça a été énormément de galères au jour le jour », insiste-t-il.

Une vue intérieure du nouveau bâtiment de la Conserverie de l’Ile d’Yeu © Conserverie de l’île d’Yeu
En effet, l’entreprise souhaitait faire travailler un maximum d’artisans locaux, mais la plupart ont été découragés par la lourdeur du cahier des charges. « Sur les dix lots qui ont été émis en appels d’offres, seuls la peinture et le terrassement ont été réalisés par des professionnels islais. Les lots très techniques comme la maçonnerie, la charpente ou le bardage ont été échus à des entreprises du continent. Entre le coût d’acheminement des matières premières et le logement sur place des artisans à notre charge, on a fini le bâtiment à 2,3 M€ environ, là où il nous aurait coûté 1,5 M€ sur le continent. On porte une vision à long terme qui permet de relativiser et de se dire qu’on va monte…