Quel est le point de départ de l’aventure ValorYeu ?
À la fin de l’été 2017, après une sortie de pêche en mer au large de l’île d’Yeu, avec mon père qui est pêcheur amateur, j’ai vu des filets sur le port et sur la plage. Je me suis alors demandée ce qu’ils allaient devenir, et suis allée voir les responsables du port qui est géré par la CCI Vendée. Ils n’ont pas réussi à répondre à ma question. L’idée de créer ValorYeu est partie de là. J’ai par la suite appris que les filets étaient en règle générale soit incinérés, soit enterrés.
Le filet de pêche est la première chose sur laquelle je voulais travailler parce qu’il fallait avoir un premier exemple d’économie circulaire totale.
Par quoi avez-vous commencé ?
N’ayant pas de véritables compétences techniques, j’ai fait des demandes auprès de trois écoles d’ingénieurs pour m’accompagner sur mon projet. Parmi elles, l’Icam de Carquefou. Leur proposition correspondait à mes attentes. Pendant deux ans, l’équipe a étudié la matière et cherché une solution pour la valoriser. Le filet de fileyeur par exemple, ma principale source d’approvisionnement est en nylon, Polyamide 6 (PA6). Il est retenu par des cordages faits à partir d’autres plastiques : polypropylène ou encore polyéthylène. Les filets de chalut, que je récupère en partie sont constitués de grosses mailles réalisées à partir d’autres dérivés de pétrole. À l’avenir j’aimerais récupérer d’autres objets, d’autres matériaux. Le filet de pêche est la première chose sur laquelle je voulais travailler parce qu’il fallait avoir un premier exemple d’économie circulaire totale.
Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans votre projet ?
Après le bac je suis partie vivre un an au Mexique avec une bourse d’études. Quand je suis revenue en France, je ne savais pas ce que je devais faire. J’ai essayé de faire des études de type formation initiale DUT Informatique. À la veille des derniers examens, je ne me suis pas présentée. Je suis allée un peu en LEA, j’ai fait un BTS. C’est la formation en alternance dans le secteur technico-commercial, qui m’a permis de mettre un pied dans la vie active. Après trois ans passés chez Expertises Galtier où j’étais devenue associée, en avril 2018 j’ai créé AndCo Conseils, ma propre structure de conseil aux entreprises spécialisée dans la cybersécurité, à La Chapelle-sur-Erdre. Ce cabinet m’a permis de dégager du chiffre d’affaires pour financer les études de l’Icam, chiffrées à 49 k€. J’ai obtenu une subvention de 34 k€ de l’Ademe pour le volet R&D. À la fin des deux années d’études, j’ai transformé le cabinet de conseil en ValorYeu pour la partie production. Aujourd’hui, le conseil représente environ 1 % de mon activité.
Généralement, quand on monte une entreprise, on a une idée du produit que l’on veut faire. On va alors sourcer une matière pour passer à la fabrication. Moi c’était l’inverse.
Quand a véritablement démarré la production ? Et à quelles difficultés avez-vous été confrontée ?
En avril 2021, la municipalité de l’Île d’Yeu a mis gracieusement à ma disposition un bâtiment. Le contrat va d’ailleurs être reconduit pour les deux prochaines années. Mais le chemin a été long. Certains remettaient en cause mes compétences techniques ou trouvaient que mon projet était fou. Heureusement, les étudiants de l’Icam ont été à l’écoute. Généralement, quand on crée une entreprise, on a une idée du produit que l’on veut faire. On va alors sourcer une matière pour passer à la fabrication. Moi c’était l’inverse. Trois jours avant le confinement du printemps 2020, j’ai obtenu un bâtiment à L’Aiguillon-sur-Vie où m’attendaient des…