Sommaire
> Économie structurée : un modèle associatif performant
> Réservoir territorial : Clisson, la ville festival
> Professionnalisation au prisme de l’expérience
> Un géant associatif face aux défis du gigantisme et de l’écologie
> Après le souffle, la trace
Le Hellfest n’est plus un festival de potes. Le cœur du projet reste l’équipe historique avec Ben Barbaud à la direction. Mais désormais ce sont 24 salariés permanents, une équipe temporaire de 1 400 personnes et une armée de 6 000 bénévoles mobilisés chaque année qui font tourner la machine. Parmi eux, Cindy Pajot, aujourd’hui responsable RSO, incarne l’élévation du modèle : ancienne bénévole, elle pilote désormais politiques environnementales, accessibilité et prévention, prouvant que l’écosystème Hellfest se nourrit de ses propres forces vives et de ses valeurs.
Ce volontarisme professionnel se répercute jusque dans les infrastructures : de la logistique évoquée par Vikthor Laurançon, régisseur général, aux relations avec les entreprises gérées par Yoann Le Nevé, cofondateur et responsable des partenariats, ou la gestion des médias et les prises de parole par Éric Perrin, chacun exerce une expertise spécifique : sécurité, psychologie de foule, commerce, scénographie, communication… Une forme de « riot culturel organisé », un chaos maîtrisé où chaque geste est standardisé, orchestré.
Économie structurée : un modèle associatif performant
Cette organisation méticuleuse se reflète aussi dans les performances économiques du festival. Avec un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros en 2025, dont 70 % issus de la billetterie, le Hellfest incarne un modèle économique hybride à la fois associatif et entrepreneurial. Les bars rapportent environ 7 millions d’euros, grâce à une organisation logistique particulièrement élaborée : une vingtaine de points de vente, des citernes frigorifiques enterrées, plusieurs kilomètres de tuyauterie et un dispositif de service en continu qui permet d’absorber une consommation estimée à plus de 500 000 litres de bière sur les quatre jours du festival.
Autre levier stratégique, le merchandising rapporte près de 3 millions d’euros. Dès les premières heures, la file s’étire sur la pelouse, serpentant lentement jusqu’aux marches du Sanctuary. Trois heures d’attente, parfois plus le premier jour, que les festivaliers mettent à profit pour parcourir le catalogue papier et cocher leurs envies. Casquettes, bandanas, chaussettes, porte-clés : chacun repère le souvenir qui scellera son passage. Une fois en haut, l’échange avec la vingtaine de vendeurs en poste est rapide et précis. Les articles sont récupérés en quelques gestes et le règlement s’effectue par bracelet « cashless » ou carte bancaire, cette dernière n’étant acceptée nulle part ailleurs sur le site. Rodée comme une machine bien huilée, la boutique officielle vend plus que des objets. Le merchandising, au-delà de sa fonction commerciale, relève d’un véritable marqueur d’appartenance.
Mais c’est la billetterie qui reste la pierre angulaire du modèle. Elle témoigne de l’adhésion sans faille du public : les pass 4 jours pour l’édition 2025 se sont écoulés en moins d’une heure lors de leur mise en vente le 9 juillet 2024. Les billets journée, proposés le 13 février 2025, sont partis en à peine dix minutes. La commercialisation pour la prochaine édition débute généralement pendant le festival ou dans les jours qui suivent sa clôture, dans un contexte d’adhésion maximale. Pour l’édition 2026, les pass 4 jours seront mis en vente le mardi 8 juillet 2025 à 13 h exclusivement sur le site officiel tickets.hellfest.fr, sans même que la programmation ne soit encore connue. Ce choix de calendrier est assumé par l’organisation qui mise sur cette avance de trésorerie pour sécuriser les têtes d’affiche dans un contexte de concurrence accrue entre festivals majeurs dont les dates se chevauchent (le Graspop Metal Meeting ou le Copenhell).

Le Sanctuary, la boutique officielle Hellfest. ALBERTO RODRIGUEZ PÉREZ – IJ
Ce système repose sur la solidité de la marque et la confiance du public, et permet à Hellfest Productions de préserver son autonomie : liberté de programmation, stratégie de partenariat sélective et ancrage local fort. À rebours des grands événements partiellement intégrés à des groupes industriels comme Live Nation (Lollapalooza Paris, Rock en Seine, Main Square) ou Vivendi (Universal Music Group, la salle de l’Olympia et la billetterie See Tickets France), le Hellfest s’appuie sur un réseau d’environ deux cent cinquante entreprises régionales. Selon une étude réalisée par Hellf…