Couverture du journal du 02/07/2025 Le nouveau magazine

Hellfest 2025 : Muse vs Scorpions

Du 19 au 22 juin, Clisson a vu déferler 240 000 festivaliers prêts à franchir les portes de l'enfer. Bien que la programmation ait parfois divisé et la chaleur écrasé les participants, l’édition 2025 confirme l’identité forte d’un festival en quête d’ouverture.

Entrée du festival Hellfest. Ambiance nocturne 2025

Hellfest 2025 ALBERTO RODRIGUEZ PEREZ IJ

Malgré une chaleur étouffante, la 18e édition du plus grand festival français de musiques extrêmes a rassemblé 240 000 festivaliers, confirmant ainsi son attractivité. Certains choix artistiques, comme la venue de Muse en tête d’affiche, ont attisé les flammes du débat sur la programmation. L’annonce du trio britannique, plus habitué aux scènes pop rock qu’aux sphères metal, avait surpris. Leur prestation vendredi a attiré une foule dense mais a souffert du choix d’un son déconcertant, très sourd et métallique, ce qui a conduit à une réception contrastée malgré un show visuellement ébouriffant. C’est pourtant une bonne opération pour le Hellfest, car c’est l’unique concert en France d’une tournée du power trio de seulement cinq dates en Europe. En contraste, les vétérans de Scorpions, programmés samedi, ont joué la carte de la fidélité aux codes du genre avec un set calibré pour les fans. La veille, Korn avait imposé une prestation musclée et sans concession.

Au-delà des grands noms, le festival s’est illustré par la richesse de son programme : 184 groupes au total, avec de belles surprises comme Last Train, quatuor rock’n’roll dont l’énergie brute et la sincérité ont marqué les esprits, le trio féminin The Warning formé par trois jeunes sœurs mexicaines, ou encore The Hu, venu de Mongolie. Cette variété témoigne d’un éclectisme assumé, entre valeurs sûres, jeunes pousses et courants émergents. Certains noms du line-up ont néanmoins suscité la controverse, en raison de leur réputation sulfureuse, comme Till Lindemann ou Bård Eithun, batteur du groupe suédois Blood Fire Death. L’événement s’est déroulé sans incident, mais ces polémiques rappellent les tensions récurrentes entre liberté artistique et responsabilité sociétale des festivals.


Lire aussi : Hellfest, un festival devenu écosystème


Tandis que certaines têtes d’affiche ont pu interroger, un tout autre défi s’est imposé ce week-end à Clisson : la température a frisé les 40 °C par moments sur le site. Il est rare, dans l’histoire du festival, que les files d’attente pour les robinets d’eau aient dépassé celles pour les stands de bière. L’organisation avait anticipé cet épisode caniculaire avec des brumisateurs, des rideaux d’eau et des lances à incendie. Sous alerte orange, les postes de secours ont enregistré 2 940 prises en charge et 30 évacuations, un chiffre stable par rapport aux précédentes éditions. Un bilan que les organisateurs expliquent aussi par la responsabilité d’un public souvent plus âgé que dans d’autres festivals, qui sait adapter son rythme aux conditions extrêmes.