Quelle est l’activité de SVC-ODS ?
SVC et ODS sont deux sociétés complémentaires, sous-traitantes en métallurgie, et basées à Cheffois. Elles font partie de la holding Chafogep dont je suis la gérante depuis 2021. SVC, fondée en 1977 sous le nom de Société Vendéenne de Chaudronnerie, est experte en chaudronnerie, mécanosoudure, montage mécanique, grenaillage[1] et peinture. La seconde, ODS (Ouest découpe soudure), est née en l’an 2000 pour servir son aînée. Elle est spécialisée dans la découpe laser, le plasma et l’oxycoupage[2]. Aujourd’hui, ODS travaille à 60 % pour des clients extérieurs. SVC et ODS fabriquent essentiellement des châssis pour l’agriculture et le BTP. Leurs clients sont des fabricants de machines agricoles, des carrosseries industrielles, des spécialistes du magasinage (chariots élévateurs, transpalettes, NDLR), du traitement de l’eau des industries, des entreprises expertes dans la fondation, du levage ou de la maintenance ferroviaire.
Votre conjoint, Thierry Fontaine, a repris les deux sociétés en 2007. Quelle empreinte a-t-il laissé ?
Entrepreneur luçonnais en maintenance industrielle, il travaillait régulièrement avec SVC-ODS. Lorsqu’il a repris les deux sociétés, il s’est attaché à les moderniser en profondeur. En 2009, SVC a ainsi fait l’acquisition d’un robot de soudure et d’un robot de pliage adapté aux pièces volumineuses. Quant à ODS, elle s’est dotée en 2012 d’un magasin de stockage automatisé capable d’entreposer 650 tonnes de matériel puis de livrer automatiquement les machines. Cette innovation était la grande fierté de Thierry car elle a limité la manutention et facilité les dépannages en urgence.
Début 2021, à la suite de son décès prématuré, vous reprenez les rênes de SVC-ODS. Quel était alors votre lien avec ces deux entreprises ?
Aucun. J’étais la “femme du patron“. Et encore ! J’ai dû venir deux fois en tout et pour tout. On avait chacun notre activité. Moi, j’étais chargée d’affaires pour les particuliers chez Harmonie Mutuelle. J’y ai travaillé pendant plus de 20 ans. Après, Thierry me parlait régulièrement de SVC-ODS. J’étais a minima au courant de la vie des deux entreprises.
Comment et pourquoi avez-vous pris cette décision ?
C’était une demande de Thierry. Il savait être très persuasif. C’était un excellent négociateur. Il ne lâchait jamais rien. Pendant un an, il s’est battu. Pour lui, chaque jour de gagné sur le cancer, c’était un jour de plus donné à la science pour trouver une solution. La première fois qu’il m’a parlé de reprendre l’entreprise, c’était en octobre 2020, quand il a compris que son combat contre le cancer était perdu. Au début, j’ai ri. Nous avions cette force entre nous de tout tourner en dérision. Ensuite, il m’a expliqué son choix et nous avons commencé à préparer la transmission avec nos différents conseils. Libre à moi de continuer ou de vendre.
Pour me rassurer, Thierry a commencé à me former. Tous les mois, je participais au Copil (Comité de pilotage). C’est une mine d’infos pour comprendre le fonctionnement de SVC-ODS et connaître les clients. J’ai connu de grands moments de solitude, mais tout le monde avait à cœur de m’expliquer. Début janvier 2021, il y a eu l’assemblée générale du groupe. Thierry était très affaibli. J’étais là comme auditrice. Le nouveau commissaire aux comptes d’ODS a demandé à Thierry de présenter SVC-ODS. Pendant 45 minutes, la maladie n’existait plus. Il y avait une telle lueur. Ce fût un moment décisif. J’ai compris que SVC-ODS était toute sa vie. Dix jours plus tard, il nous quittait. Il n’y avait plus de questions à se poser. Je n’avais pas le droit de laisser tomber. Au début, je me suis convaincue que mon rôle était uniquement d’assurer l’intérim entre Thierry et notre fils, âgé alors de 11 ans, Valentin. Maintenant, je me dis que je n’ai pas le droit de faire ce choix pour lui. Il…