« L’économie vendéenne traverse une phase de transition. Il y a des secteurs en difficulté, mais il y a aussi des signaux de résilience », rassure Arnaud Ringeard, président de la CCI Vendée, lors de la matinale de présentation de la dernière enquête de conjoncture, menée en collaboration avec le Medef, la CPME, l’U2P et l’OESTV. « Une étude réalisée avant que la France ne se dote d’un budget », souligne-t-il. La loi de finances de l’État ayant été adoptée le 6 février par le Parlement. Sur l’évolution de l’activité des trois derniers mois de l’année 2024 par rapport à la même période en 2023, 46 % (+1) des entreprises vendéennes enregistrent une diminution de leur chiffre d’affaires, dont 20 % oscillent avec une baisse entre 10 et 25 %. À l’inverse, 23 % des entreprises notent une hausse et 31 % une stabilité. Selon les branches d’activité, les situations sont assez diverses. Les secteurs du BTP (51 %) et l’industrie (48 %) sont particulièrement touchés, tandis que les CHR (cafés, hôtels, restaurants) affichent des signes de reprise modérée.
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Carnets de commandes : le secteur de l’industrie impacté
Les carnets de commandes restent l’un des principaux facteurs de préoccupation. Pour la fin d’année 2024, 50 % des entreprises déclarent des commandes inférieures à celles d’il y a un an. Le secteur de l’industrie est particulièrement impacté avec un indicateur à 60 %, soit neuf points de plus que les résultats de l’enquête d’octobre 2024 et 45 % (+4) dans le secteur du commerce de gros et services aux entreprises. Pour Arnaud Ringeard, « il s’agit d’un constat marquant dans un territoire avec une intensité industrielle forte. C’est une fierté, mais force est de constater que sur l’année 2024, l’industrie manufacturière et le bâtiment ont souffert en Vendée ».
Président de l’Union des industries de la métallurgie de Vendée (UIMV), Thierry Liegeon, abonde : « On se rend compte que la visibilité à moyen terme s’est fortement réduite. Beaucoup d’entreprises n’ont plus de plan clair au-delà du premier semestre 2025. Le défi est la capacité à trouver de nouveaux marchés et à préserver nos marges dans un contexte où la pression sur les prix est de plus en plus forte. » Quant aux capacités de production, elles sont sous-utilisées pour 53 % des industriels. Une donnée qui préoccupe le président de la CCI Vendée, de plus de cinq points comparé à octobre 2024. « L’indicateur est également en hausse pour le BTP à 32 % (+2 points) », poursuit-il.
L’indice de confiance des chefs d’entreprise recule
Parmi les principales difficultés évoquées, au-delà de la baisse du carnet de commandes (44 %), les chefs d’entreprise ont noté un recul des marges (31 %), la hausse du prix des matières premières (30 %), des coûts de l’énergie (24 %) et des recrutements difficiles (20 %). Les délais de paiement commencent aussi à se tendre, « un indicateur à surveiller dans l’industrie, le BTP et le CHR », s’inquiète Arnaud Ringeard.
Côté emploi, 45 % des établissements expliquent le maintien ou la baisse de leurs effectifs salariés par la baisse d’activité ou les prévisions en baisse. Les ajustements se font principalement sur l’intérim. Les difficultés de recrutement sont marquées dans le BTP et l’industrie (26 % contre 22 % dans tous secteurs). « Trouver des compétences, c’est devenu difficile. Nous avons un taux de chômage très bas en Vendée, ce qui est une bonne chose, mais cela signifie aussi que les entreprises doivent se battre pour attirer et fidéliser les talents », poursuit Thierry Liegeon. Dans le secteur du tourisme, Franck Chadeau, président de la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air, note que « le manque de personnel qualifié reste un problème ». Tout en déplorant les cent quatre-vingts emplois qui n’ont pas trouvé preneur, dans les campings, lors de la saison 2024. « Face à ces difficultés, on voit apparaître des adaptations, certains établissements réduisent leurs horaires ou ferment certains jours. Un phénomène nouveau qui impacte directement l’offre touristique. » Toutefois, le professionnel se réjouit de l’éclaircie de fin d’année avec le Vendée Globe. « Une bouffée d’oxygène pour l’hôtellerie de plein air durant les trois semaines du village départ. » L’hôtellerie de plein air reste un secteur clé pour la Vendée, avec 37 000 emplois directs et indirects sur le département.
Enfin, l’enquête de la CCI Vendée alerte sur une érosion du moral des chefs d’entreprises vendéens. L’indice de confiance a légèrement baissé, tout au long de l’année 2024, passant de 6,6 à 6,3 points. « À nous collectivement d’inverser cette tendance négative pour repartir de l’avant. Nos entreprises vendéennes ont montré leur résilience à travers les différentes crises. Nous avons un tissu économique solide et diversifié, capable de s’adapter », conclut le président de la Chambre de commerce et d’industrie. Si l’incertitude domine, entre inquiétude économique et manque de visibilité, notons que 61 % des entreprises anticipent une stabilité de leur chiffre d’affaires et de leurs effectifs salariés dans les prochains mois.
Des soldes d’hiver en berne
Reconstitution de trésorerie, rotation des stocks… La période des soldes reste toujours l’opération commerciale phare pour de nombreux professionnels. Toutefois, le secteur souffre des évolutions de modes de consommation : ventes en ligne, seconde main, Black Friday… Ainsi, 52 % (+ 5 points comparé à janvier 2024) des commerces vendéens enregistrent une baisse du chiffre d’affaires pour les premiers jours des soldes d’hiver 2025. « Les tensions sur le pouvoir d’achat des ménages expliquent également cette baisse de la fréquentation. La CCI milite pour un changement de fonctionnement des soldes et la façon dont elles sont opérées », explique Arnaud Ringeard.