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Comment Challans Gois Communauté réinvente son développement économique 

Située dans l’extrême nord-ouest de la Vendée, entre Saint-Jean-de-Monts, Noirmoutier et le sud de la Loire-Atlantique, la communauté de communes de Challans Gois attire autant pour sa douceur de vivre que pour son dynamisme économique. Confrontée à une forte pression foncière et au vieillissement de sa population, la collectivité s’est engagée dans un programme ambitieux, “Challans Gois 2040”, afin de continuer à préserver son cadre de vie, tout en poursuivant le développement des entreprises du territoire. 

Vue du Port du Bec à Bouin © Alexandre Lamoureux

Née en 2017[1], Challans Gois Communauté réunit 11 communes[2] où résident près de 48 000 habitants entre marais et bocage. Desservie par la ligne SNCF Nantes-Saint-Gilles-Croix-de Vie, et un réseau secondaire de qualité, la collectivité accueille 4 000 entreprises, essentiellement des TPE et PME pour un total de 18 000 salariés. Parmi les sociétés emblématiques du bassin figurent Marinove, France Naissain, Getex, Bleu Océane, Soriba, Process, Beneteau pour sa partie logistique (le site challandais ayant été transféré à Saint-Gilles-Croix-de-Vie), la société de transports Nombalais, ou encore Lhyfe[3], précurseur dans la production d’hydrogène vert en France. « Nous avons un territoire diversifié, avec sur le littoral une importante activité économique, en rapport avec la pêche, la conchyliculture et l’ostréiculture, et donc moins en lien avec le tourisme, contrairement au reste du littoral vendéen, analyse Alexandre Huvet, président de Challans Gois Communauté. Le rétro-littoral est très dynamique, en particulier dans le secteur de Challans, dont le tissu économique, moins industriel que la plupart des territoires du département, est composé majoritairement d’entreprises de services, d’artisanat, de commerces. »

Un territoire agile

Initié par la mandature précédente, le projet de territoire a été mis à jour par Alexandre Huvet et son équipe à leur arrivée à la tête de l’intercommunalité en 2020. « Nous souhaitons aujourd’hui accompagner le tissu existant, permettre à nos entreprises de se développer, en étant à la pointe des technologies, poursuit l’élu. Nous avons un territoire qui est assez agile parce qu’on a des petites structures. Disposant d’un peu de foncier, nous sommes en mesure d’accueillir de nouvelles entreprises. » Challans Gois Communauté bénéficie d’un maillage de parcs d’activités assez dense, 15 ZAE sur 160 ha de surface totale, dont une trentaine reste disponible à la vente. Dans le même temps, le président de la collectivité s’engage à rester vigilant concernant la commercialisation des terrains, objectif Zéro artificialisation nette (Zan) oblige. « Nous devrons nous assurer que les porteurs de projets économiques achètent des parcelles qui correspondent réellement à leurs besoins, et qu’ils ne fassent pas de réserves en vue d’un éventuel agrandissement. »

 

Alexandre Huvet, président de Challans Gois Communauté © DR

Vers une décarbonation des mobilités

Parallèlement, l’élu appelle les acteurs économiques à réfléchir sur la question des mobilités. « Nous nous penchons sur le sujet du covoiturage, ou encore sur la mise en place d’un programme d’investissements pour la création de pistes cyclables domicile-travail, détaille Alexandre Huvet. Nous souhaitons également déployer une station de distribution d’hydrogène en lien avec l’entreprise Lhyfe afin de permettre aux entreprises du territoire de verdir leur flotte de véhicules et plus largement de créer ici une sorte d’écosystème sur la décarbonation des mobilités. » Cette station de distribution d’hydrogène pourrait voir le jour à proximité de la station BioGNV de Challans (construite et exploitée par Vendée Énergie) inaugurée en mars 2022.

Répondre aux difficultés de recrutement

Maintenir le dynamisme du territoire passe aussi immanquablement par le recrutement. « Malgré un ralentissement de l’activité actuellement, nos entreprises ont besoin de personnel », confirme Franck Quaireau, le président du réseau EBCL[4] qui reconnaît des difficultés à trouver de la main-d’œuvre sur un territoire où le taux de chômage est relativement bas (6,1 % au dernier trimestre 2022[5]) et à faire venir des candidats, notamment les jeunes actifs en raison de tensions sur le logement. « Nous avons par exemple beaucoup de locations touristiques et pas assez de logements disponibles à l’année », estime le dirigeant. À cela s’ajoute une hausse du marché de l’immobilier[6], liée à l’arrivée de néo-retraités, attirés par la situation géographique du territoire et le panel de services en proximité. Cet afflux de seniors va de surcroît engendrer un besoin de personnel supplémentaire dans le secteur des services, en particulier les services à la personne.

« Nous travaillons avec les entreprises pour définir leurs besoins et leurs difficultés, indique Alexandre Huvet. Nous avons notamment identifié le besoin d’accueillir des saisonniers. Contrairement à nos voisins montois et noirmoutrins, notre activité saisonnière se déroule essentiellement en hiver, en amont des fêtes de fin d’année dans nos parcs ostréicoles ou encore dans l’agriculture pour les volailles festives de Challans. Il y a aussi bien sûr un besoin important lié à l’arrivée de nouveaux salariés. Pour tenter d’y répondre, dans un premier temps, nous faisons connaître aux employeurs mais aussi aux bailleurs les offres et aides proposées par Action Logement, telle que la possibilité pour les entreprises cotisantes d’obtenir des places dans des programmes de logements sociaux. Nous avons aussi mis en place une étude avec l’association Agropolis, propriété du Groupe Établières[7] qui gère le foyer de jeunes travailleurs de Challans afin de créer des dispositifs similaires sur le territoire. » Toujours dans l’idée d’accueillir ou de maintenir les jeunes sur le territoire, les élus étudient la possibilité de créer un campus de formation supérieure. « L’idée est de permettre aux jeunes résidant dans le Nord-Vendée, qui parfois s’autocensurent, notamment pour des raisons financières, de suivre des études supérieures localement et éventuellement de rester. » Aucune date n’a pour l’instant été définie pour le lancement de ce projet.

 

[1] Challans Gois Communauté est issue de la fusion entre les communautés de communes du Pays de Challans et du Pays du Gois.

[2] Beauvoir-sur-mer, Bois-de-Céné, Bouin, Challans, Châteauneuf, Froidfond, La Garnache, Saint-Christophe-du-Ligneron, Saint-Gervais, Saint-Urbain, Sallertaine.

[3] Créée à Nantes en 2017, l’entreprise Lhyfe a inauguré en septembre 2021 le premier site au monde de production d’hydrogène à partir d’éoliennes à terre.

[4] Le réseau Entreprises du Bassin de Challans et du Littoral (EBCL) compte 53 adhérents, des entreprises d’au moins dix salariés.

[5] Le taux de chômage correspondant au 4e trimestre 2022 concerne un bassin d’emploi élargi incluant les territoires de Challans Gois, Noirmoutier, Saint-Jean-de Monts, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, et Ile d’Yeu.

[6] +8,6 % sur un an pour le marché des maisons anciennes, secteur Marais Nord (source : Chambre des Notaires de la Vendée, avril 2023).

[7]– Créé en 1924 à La Mothe-Achard, le Groupe Établières est aujourd’hui basé à La Roche-sur-Yon. Il propose notamment des solutions d’hébergement pour faciliter l’accès à l’emploi.