Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Ces leaders vendéens méconnus qui cartonnent 

A côté des sucess story familiales flamboyantes qui caractérisent le territoire, il existe en Vendée des réussites plus « tranquilles », portées par des entrepreneurs discrets qui ont su s’imposer en leaders sur des segments bien précis. Portraits de trois patrons locaux qui exportent leurs activités au national voire à l’international.

Serre ancienne de jardin Lams

Serre ancienne de jardin modèle Amboise ©Lams

Du Sud Vendée aux US, il n’y a qu’un pas que la société Lams a franchi l’année dernière. Racheté en 2010 par Le groupe Doviris (codirigé par Bertrand Thomas et Emmanuel Girard), Lams est un créateur de serres à la demande proposant une offre très large allant de la serre de jardin standard aux produits de charme sur-mesure. « Notre savoir-faire est artisanal assure Bertrand Thomas. Toutes nos créations sont issues de notre bureau d’étude de la Châtaigneraie. Nous possédons l’intégralité de notre gamme, on n’est pas dans le négoce ! » Et d’ajouter : « C’est un marché de niche peu concurrencé qui connaît une belle dynamique depuis deux ans. Le confinement a été très favorable aux produits du jardin. Les consommateurs veulent créer leur jardin potager, voir, un espace de confort dans l’idée de s’aménager une vie à l’intérieur/ extérieur… ».

L’entreprise, qui réalise plus de 10 M€ de CA pour 45 personnes, vend près de 3000 serres par an aussi bien en France qu’à l’international.  » Historiquement, les pays qui achètent des serres se situent plutôt dans le Nord de l’Europe, là où il fait froid. Nous avons des clients au Danemark et en Suède par exemple. Depuis la fin de l’année dernière, nous avons même un client distributeur dans l’Ouest des Etats-Unis qui est tombé amoureux de nos produits et à qui l’on vend des serres à l’ancienne, un produit atypique très élégant.

Serre ancienne de jardin Lams

Serre ancienne de jardin modèle Amboise. ©Lams

Nous avons un collaborateur là-bas en ce moment même pour former leurs équipes au montage des serres. C’est un marché qui peut être très intéressant pour nous en terme d’image ».

Outre la croissance rapide à l’export, Lams entend développer des micro-niches comme les abris de jardin ou les poulaillers à base de structures de serre (aluminium et verre sécurisé). Deux axes stratégiques qui devraient assoir le vendéen dans sa place de leader.

 

Trouver le bon créneau

Une forte croissance sur un créneau très spécifique, c’est une caractéristique partagée par Clean Cells, un autre leader vendéen méconnu du grand public. Basé à Montaigu-Vendée depuis 2000, ce sous-traitant de l’industrie biopharmaceutique est spécialisé dans la mesure d’innocuité des produits biologiques (des médicaments dont le procédé de production fait appel à du vivant).  » Nous faisons des analyses tout au long du procédé de production du médicament afin de valider qu’il ne contient pas de contaminants biologiques qui pourraient rendre le patient encore plus malade  » indique Olivier Boisteau, le cofondateur et dirigeant.

Olivier Boisteau, dirigeant de Clean Cells

Olivier Boisteau, dirigeant de Clean Cells ©Clean Cells

« En 20 ans, nous avons développé plus de 300 PCR » précise-t-il. Parmi ses clients, Clean Cells compte les gros laboratoires pharmaceutiques tels que Sanofi mais aussi des PME dans les biotech qui développent des concepts thérapeutiques pour lesquelles elles n’ont pas de capacités de contrôle. Outre cette activité principale, l’entreprise possède également un département dédié à la production de cellules qui vont servir de support de production pour un vaccin ou un anticorps.  » Dans notre jargon métier on appelle ça du « matériel de départ ». Cela signifie que sans cette cellule-là, on ne peut pas produire un médicament par exemple. Sur l’ensemble de ces activités, nous sommes l’un des deux seuls acteurs Français. La concurrence est surtout internationale, c’est pourquoi nous avons fait le choix de faire rentrer un fond d’investissement à notre capital en 2018. Depuis, nous avons créé le groupe Clean Biologics (230 personnes), dont Clean Cells est une filiale, et racheté deux autres sociétés à Saint-Herblain et au Québec ».

En 2022, Clean Cells pèse 20 Mds€ de CA et emploie 115 salariés sur le territoire vendéen.  » Notre réussite est avant tout collective, insiste Olivier Boisteau.  Nous n’aurions rien fait sans la qualité exceptionnelle de nos collaborateurs. Des femmes et des hommes venus des quatre coins du monde (Iran, Grèce, Angleterre, République Tchèque, Suède…) pour servir la cause du développement pharmaceutique en contribuant à mettre sur le marché de nouvelles approches thérapeutiques innovantes et sécures pour les patients « .

Depuis l’été, l’entreprise recrute une à deux personnes par semaine. Une forte croissance qui l’a conduite à agrandir ses locaux. Ainsi, l’ensemble du personnel intégrera en début d’année prochaine un nouveau bâtiment, toujours à Montaigu. « Nous avons augmenté par 4 nos capacités de contrôle de médicaments biologiques, ce qui fait de nous le plus gros site européen dans ce domaine » résume-t-il.

Préparer la relève

Si les grands patrons sont souvent à l’origine de la création de leur entreprise, il existe un autre profil d’entrepreneur tout aussi méritant : les repreneurs. Des gestionnaires fondamentalement positifs croyant à un avenir et porté par le courage et l’envie d’être libre… Jean-Christophe Simon, dirigeant du groupe MDS, à Chasnais, fait partie de ceux-là.

En 2002, il rachète avec un associé Moderna, un spécialiste français de la cuisinette depuis 1969. Après une période faste, l’entreprise est entrée en déliquescence au point de ne peser plus que 6,4 M€ de CA avec 600 0000€ de pertes et 45 salariés. 20 ans après c’est un groupe de 425 collaborateurs qui prévoit de réaliser plus de 90 M d’€ d’ici la fin de l’année. Le fruit d’une stratégie de rachats successifs cohérents et complémentaires. Aujourd’hui, le groupe MDS possède neuf sites de production, six filiales et des clients en France et à l’international (environ 12 % du CA). « Nous faisons un métier industriel sur une niche très particulière, l’univers du sanitaire et du mobilier, explique Jean-Christophe Simon. Nous sommes le numéro 1 français et pas loin d’être leader européen. J’ai coutume de dire que là où il y a un évier ou un meuble de cuisine, nous ne sommes jamais loin, plaisante l’entrepreneur. Nous produisons 700 000 éviers et 700 000 meubles de cuisine ou de salle de bain par an. Cela représente environ 2000 comptes clients ».

Quand on l’interroge sur la suite, le dirigeant déclare préparer la relève.  « Il faut plusieurs générations pour installer des ETI qui pérennisent l’emploi et les centres de décision en local, analyse-t-il. Mon ambition, à terme, est de vendre le groupe à mes enfants et/ou ceux de mes associés, s’ils le souhaitent bien sûr ! Il me reste 10 ans pour nous y préparer gentiment ».