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Vendée : la réalité virtuelle s’invite dans la formation en alternance

L'Urma de Vendée investit pour mettre ses alternants à la pointe de la technologie. Et le fait savoir en présentant ces outils lors des premières portes ouvertes organisées par le CFA de la Chambre de métiers et de l'artisanat.

Réalité virtuelle

© Shutterstock

Longtemps considéré comme une voie de garage, l’apprentissage est désormais présenté comme une voie de passion et d’excellence. La réforme de 2018, les primes à l’embauche, une barrière d’âge repoussée à 30 ans et un changement de mentalité ont largement contribué au renouveau de ce type de formation. L’artisanat a enregistré en 2021 une augmentation de près de 10 % de ses effectifs dans ses centres de formation par l’apprentissage (CFA). Pour les faire connaître et entretenir le flux de nouveaux candidats, l’Université régionale des métiers de l’artisanat des Pays de la Loire (Urma), organisait pour la première fois des portes ouvertes, dans le cadre de la Semaine nationale de l’apprentissage qui se tenait du 28 janvier au 4 février. Le CFA yonnais a reçu plus de 1 350 visiteurs les vendredi 27 et samedi 28 janvier. Parmi eux, 660 jeunes candidats potentiels à l’une de ses 19 formations. « Un véritable plébiscite pour ces rencontres », s’enthousiasme Olivier Charrier, directeur de l’Urma de Vendée. Et pour le format car les visites étaient organisées sur rendez-vous en raison des mesures sanitaires.

IDÉAL POUR LAPPRENTISSAGE DU GESTE

À l’Urma de Vendée, la réalité virtuelle était mise à l’honneur. Au programme : la présentation des nouvelles technologies appliquées aux métiers de la coiffure et de l’automobile. Objectif : maîtriser une coupe de cheveux sur sa tablette ou acquérir le geste d’un peintre en carrosserie professionnel sans une goutte de peinture.

Le centre de formation vendéen a ainsi mis en place un outil de réalité virtuelle avec casque d’immersion et périphérique haptique dans son cursus Peinture automobile. L’élève, coiffé de son casque, est plongé dans une cabine de peinture virtuelle. En main, un pistolet et, devant lui, un élément de carrosserie à peindre. Une fois les consignes données et la couleur choisie, l’apprenti débute le travail, tentant d’avoir le geste le plus précis possible. Le tout est retransmis par vidéoprojecteur sur un écran pour que l’ensemble du groupe d’élèves suive les performances et les erreurs de leur condisciple en temps réel. « On voit les coulures, les zones non peintes, la quantité de peinture utilisée et le coût de la prestation de chaque élève », précise Olivier Charrier. Le tout est comparé au modèle idéal, enregistré et rediffusé, permettant à chaque élève de revoir ses gestes et de les améliorer d’une séance à l’autre.

« Si pour l’apprentissage du geste, l’outil est idéal, cela ne remplace pas une vraie peinture car il manque la notion de dégradé, de rendu final et on ne peut pas non plus faire de peintures personnalisées pour les entreprises », nuance le directeur du centre vendéen. L’outil a en revanche de gros atouts, au premier rang desquels, son intérêt économique. Il n’y a aucune consommation de peinture. Mieux, l’outil évite d’équiper les ateliers de cabines de peinture puisqu’il est utilisé en salle de cours. Il est aussi sanitaire : la peinture virtuelle n’émet bien sûr aucune émanation. « C’est aussi un outil très ludique qui est extrêmement motivant pour les jeunes apprentis », se félicite Olivier Charrier. L’équipement a tout de même un coût relativement élevé : 45 000 €, sans compter le temps de formation des enseignants de l’Urma de Vendée à son usage. Mais il a été financé par l’Opco mobilité suite à un appel à projet dont le CFA a été lauréat en août 2021. En test depuis la rentrée 2021 avec les 60 jeunes en formation en peinture automobile, il devrait être développé pour former les apprentis aux métiers de la soudure.

Réalité virtuelle

©Urma Vendée

UNE TÊTE À COIFFER VIRTUELLE

Dans la coiffure, le CFA de la Roche-sur-Yon a aussi innové. Le centre de formation a acquis il y a trois ans la licence développée par le coiffeur manceau Raphaël Perrier. Ambassadeur de la coiffure française et franchiseur de salons, le coiffeur a créé une méthode de coupe et une méthode d’enseignement à distance qui a connu un regain d’intérêt depuis le premier confinement. Les apprentis disposent sur leur tablette ou sur leur téléphone portable d’une tête à coiffer virtuelle qui pivote sur 360°. Avec un peigne et des ciseaux tout aussi virtuels, l’élève coupe les mèches de son modèle jusqu’à maîtriser la chronologie de la coupe.

« Là, ce n’est pas le geste, mais le style de coupe que le néocoiffeur doit assimiler, précise le directeur. Et il peut faire des erreurs de coupe sans appréhension et sans stress ». L’outil permet de s’entraîner partout et de réviser sur son temps de travail en alternance. « Et d’économiser sur l’achat de têtes à coiffer réelles, très onéreuses », ajoute le directeur. Bientôt, l’outil virtuel sera complété de périphériques pour compléter les simulations. Le coût de la licence est financé par le CFA dans le cadre de la dotation au premier équipement du jeune. Dans cette filière, 270 apprentis sont engagés à l’Urma de Vendée, du CAP au BP.

Des effectifs en forte hausse en 2021

L’Urma de Vendée, centre de formation professionnelle de la Chambre de métiers et de l’artisanat, accueille 1 700 apprentis en 2021 soit 200 jeunes de plus que l’an dernier dans son centre de La Roche-sur-Yon. Une hausse considérable des recrues qui l’a obligé à louer des plateaux techniques dans des entreprises partenaires pour dispenser les cours de travaux pratiques. Au total, l’Urma de Vendée propose 19 cursus et délivre 40 diplômes en partenariat avec 1 000 entreprises artisanales, du CAP au BTS en passant par le bac pro ou la mention complémentaire : métiers de bouche, restauration, mécanique-carrosserie, bâtiment, esthétique-coiffure ou commerce-vente. Le centre compte 90 enseignants et affiche un taux de 90 % de réussite aux examens. 70 % des apprentis dans les métiers de bouche ont une promesse d’embauche avant la fin de leur cursus et 90 % des diplômés trouvent un emploi dans le mois qui suit leur fin de scolarité.