Couverture du journal du 15/10/2024 Le nouveau magazine

Un campus pour rassembler toutes les énergies

Sous l’impulsion de la Région et du rectorat, énergéticiens et acteurs de la formation des Pays de la Loire se regroupent en un Campus des énergies durables. Leur ambition : créer et moderniser des formations pour anticiper les besoins en compétences d’un secteur en transformation.

Les acteurs du nouveau campus étaient réunis le 12 février dernier à l'Hôtel de Région. © RPDL - Ouest-Médias

Le “Campus des énergies durables” : c’est le nom d’un nouveau collectif lancé par la Région des Pays de la Loire et le rectorat. Un campus non pas à comprendre au sens d’une université classique, mais plutôt d’un consortium réunissant acteurs académiques et économiques issus des différentes filières de l’énergie : nucléaire, renouvelable (éolien, EMR, photovoltaïque…), pétrole et gaz décarbonés (biométhane, hydrogène…), réseaux électriques et gaz, services énergétiques (maintenance et installation de systèmes de chauffage…). Le 12 février dernier, à l’Hôtel de Région à Nantes, bon nombre de ces acteurs avaient répondu présents pour la première rencontre de lancement du projet : énergéticiens (EDF, Engie, TotalEnergies, Enedis, GRT Gaz, GRDF…), industriels (Néopolia, Naval Group…), mais aussi acteurs de la formation et de l’enseignement secondaire et supérieur (universités, lycées, IMT Atlantique…). La finalité de ce campus, selon la présidente de Région Christelle Morançais ? « Pour devenir un territoire à énergie positive, il nous faut mener une politique réaliste : accélérer la sobriété énergétique des secteurs clés de notre économie, mais aussi produire mieux et plus d’énergie décarbonée. L’ambition de ce futur campus est d’agir pour la compétitivité et l’attractivité de notre région dans le domaine des énergies, en agissant sur la formation de nos futurs talents. » De quoi répondre aux besoins en compétences d’une filière en mutation, en proposant des « formations ciblées, innovantes et labellisées » auprès des jeunes, des demandeurs d’emploi ou des salariés en reconversion.

Répondre au besoin de main-d’œuvre

À la genèse de l’idée de ce campus, un constat : celui des besoins persistants en main-d’œuvre dans le secteur de l’énergie. « Auprès de Christelle Morançais, plusieurs grands noms de l’énergie en Pays de la Loire de tous les secteurs, de l’énergie nucléaire aux énergies renouvelables, ont évoqué la même problématique : l’image de leurs métiers auprès du grand et du jeune public, rembobine André Martin, vice-président à la Région en charge de la jeunesse, de la formation et de l’emploi. L’idée est donc venue de les mobiliser au sein d’un campus en y associant l’appareil de formation, qu’elle soit initiale ou par alternance, et de faire en sorte que tous ensemble nous puissions communiquer sur ce que sont ces métiers aujourd’hui et sur ce qu’ils vont devenir demain. » D’autant que les métiers en tension ne sont pas toujours bien connus. « Chaudronnier, cela peut ne pas faire rêver et pourtant, il y a de très beaux métiers derrière cette appellation. Nous devons donc communiquer sur ces compétences et ces savoir-faire, de même que tous les métiers des réseaux, de la distribution, de la maintenance, qui sont autant d’enjeux dont il faut parler auprès des différents publics à travers des manifestations diverses et variées. »

Évaluer les besoins

Avant toute chose, pour pouvoir fournir des recrues aux TPE-PME, ETI et grands groupes de l’énergie, l’une des premières tâches qui attend le collectif consistera en l’évaluation des besoins. « Les Pays de la Loire comptent différents observatoires, notamment l’Orci (Observatoire régional des compétences industrielles, NDLR), rappelle André Martin. Nous allons commencer par un travail d’observation sur les données en termes de besoins de compétences et de formation pour faire monter et émerger ces compétences. Ensuite, il s’agit de travailler sur l’offre de formation initiale et par alternance, pour conquérir la jeunesse, mais pas seulement. Il y a aussi des perspectives en matière de reconversion. » Autre enjeu pour le campus : celui de l’acceptabilité. « Il y a parfois des levées de boucliers lorsqu’on parle d’éolien ou de nucléaire nouvelle génération, avec des mini-centrales telles qu’on pourrait les imaginer à Cordemais. Il faut forcément travailler sur la connaissance de ces métiers et leur acceptabilité sociale et culturelle », estime André Martin.

Candidature à un AMI de France 2030

Jusqu’au 1er mars, les entreprises intéressées par le projet ont pu envoyer leur lettre d’intention à la Région. L’échéance suivante, c’est la labellisation du projet par France 2030. Car si en matière de financements, le campus est doté au départ par le rectorat et la Région de « quelques dizaines de milliers d’euros », André Martin compte bien aller récolter davantage de moyens auprès de l’État en déposant une candidature dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt “Compétences et métiers d’avenir”, porté par France 2030. « Le but est d’aller chercher plusieurs millions d’euros pour transformer nos plateaux techniques dans nos lycées et nos CFA notamment, afin de faire en sorte que l’on forme notre jeunesse et nos alternants avec les outils et les modes de fabrication les plus en pointe. »