De Saint-Nazaire à Piriac-sur-Mer, il y a consensus sur un fléchissement de la fréquentation touristique cet été par rapport à l’an dernier. Les premiers chiffres, donnés le 28 août derniers, font état de -5 % du côté de Saint-Nazaire et -8 % du côté de La Baule-Presqu’île de Guérande sur le segment des excursionnistes (visites à la journée), -10 % et -4 % sur le segment des visiteurs (avec nuitées). Mais au final, 2023 et 2022 ayant été des années exceptionnelles de sortie de pandémie, les chiffres 2024 se révèlent comparables à ceux d’avant-Covid et constituent d’après la cité navale, « le troisième meilleur été depuis 2019 ». Tandis que son maire David Samzun définit la saison estivale comme « assez particulière » en raison du climat politique notamment, son homologue baulois Franck Louvrier la considère « en demi-teinte ».
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La faute aux climats ?
C’est un fait : le climat national tendu de début d’été a renforcé les inquiétudes des Français, attentifs à l’inflation et au pouvoir d’achat. En témoigne Alexandre Thiebaud, patron de deux restaurants sur le port du Pouliguen : « Les clients sont de plus en plus regardants sur les prix, rognant sur les boissons ou n’hésitant pas à se partager une crêpe en dessert », se désole-t-il.
La faute aussi au climat tout court, la météo de début d’été ayant été plus que maussade, entraînant un « mois de juillet catastrophique », selon ce même restaurateur, également vice-président de l’UMIH 44 (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) évoquant à ce titre « -15 % à -20 % de chiffre d’affaires » chez ses confrères, « surtout ceux situés sur la plage », et ce, des deux côtés du pont nazairien. Comment alors ajuster ses charges face à une baisse drastique du chiffre d’affaires ? « On est obligés de limiter le staff et d’échelonner les arrivées des saisonniers », indique Alexandre Thiebaud, qui a même vu des confrères « casser » des contrats saisonniers cet été, faute de clients. Un son de cloche entendu à plusieurs endroits de la baie, certains étant au 20 juillet à -40 % de leur prévisionnel. Le soleil ayant finalement décidé de faire une escale prolongée sur notre littoral, les voyants se sont mis au vert à mi-parcours et le mois d’août a pu redresser la barre, avec notamment un « exceptionnel week-end du 15 août ». Côté distributeurs, Guillaume Corbin, directeur du Fondant baulois, l’emblématique gâteau au chocolat, fait la même analyse : « Un mois de juillet décevant avec une baisse du ticket moyen de 5 à 7 %, mais un mois d’août très bon. »
« On se partage le gâteau »
Pour pallier une météo défaillante, le littoral peut néanmoins s’appuyer sur un panel d’animations diversifiées. Nulle concurrence entre destinations touristiques d’un même territoire, plutôt une complémentarité de l’offre. « On se partage le gâteau », résume Emmanuelle Dacheux, maire de la petite cité de charme piriacaise. Une complémentarité qui englobe d’ailleurs les deux intercommunalités, s’étendant de La Brière et du bassin nazairien jusqu’aux marais salants et même Pénestin. La première offre notamment des animations culturelles, complétées par du tourisme industriel attractif (Les Chantiers, Airbus, visite du parc éolien), la seconde fait la part belle aux randonnées cyclos et pédestres plébiscitées par les visiteurs (19 % des demandes estivales dans les neuf bureaux de l’Office de tourisme intercommunal La Baule-Presqu’île de Guérande ont concerné ces deux activités). À Saint-Nazaire, « la ville a investi 800 k€ dans les animations estivales », indique pour sa part David Samzun, notamment pour les 250 rendez-vous de Saint-Nazaire côté plages ayant attiré 107 000 visiteurs entre le 1er juillet et le 18 août. En choisissant la Bretagne sud, les vacanciers choisissent un bassin touristique, diversifié dans ses offres, qu’elles soient culturelle, ludique, familiale, sportive, mise au vert ou industrielle.
Fini les annulations de dernière minute
Quant au mode d’hébergement, les résidences de famille ou locations meublées sont favorisées. Et si les professionnels du secteur constatent une baisse de la durée de séjour, ils doivent de plus en plus s’adapter à un comportement désormais ancré : la réservation de dernière minute. Benoît Audouin, directeur de l’Hôtel Mercure Majestic à La Baule en témoigne. « Nous ne connaissons plus le phénomène des annulations. J’ai fait mon meilleur week-end de l’Ascension depuis quinze ans avec 100 % d’occupation, tant la météo a été exceptionnelle. Mais trente jours avant, nous étions à 30 % », se remémore l’hôtelier avant d’annoncer un mois de juillet à 83 % de taux d’occupation, soit -8 % et un prévisionnel pour août de 94 %, soit +4 % par rapport à 2023. Pour compléter sa clientèle individuelle, le directeur de l’hôtel quatre étoiles face mer abat aussi les cartes du tourisme d’affaires les dix premiers jours de juillet et les dix derniers d’août, traditionnelle période de congrès et séminaires. Avant de miser sur l’automne. « Les comportements des touristes ne sont plus les mêmes », analyse Alexandre Thiebaud. « Avant, nous faisions 50 % de notre chiffre d’affaires annuel en juillet et août. Maintenant, les deux mois ne dépassent guère 30 %. » Changement des besoins, changement des comportements.