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Sexisme : « L’ESS n’est pas mieux lotie »

La Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) vient de publier un nouveau dossier thématique sur le sexisme dans l’ESS des Pays de la Loire. Marie Teyssier, cheffe de projet études et observation, en dévoile les principaux enseignements. Et à l’entendre, le secteur n’échappe pas aux inégalités.

Marie Teyssier Cress

Marie Teyssier, cheffe de projet études et observation au Cress Pays de la Loire. © Cress

Quels sont les principaux enseignements de l’étude ?

En Pays de la Loire, dans l’Économie sociale et solidaire (ESS), 67 % des salariés sont des femmes. Des chiffres très proches de la moyenne nationale… Il n’existe donc pas de “spécificité“ régionale sur le sujet.
Pour autant, selon les âges, les secteurs d’activité et les métiers, on observe de nombreuses inégalités dans la région. Dans certains secteurs fortement féminisés, comme l’action sociale par exemple, les salariées cumulent les précarités : temps partiels, faibles revenus, contrats courts… Ce qui les rend encore plus vulnérables.
Le secteur doit donc se mobiliser pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes au sein de ses propres structures. Car l’ESS n’est pas mieux lotie que le reste de l’économie. Certaines entreprises n’ont d’ailleurs pas conscience que ces inégalités existent. Néanmoins, de nombreuses structures d’aide à domicile travaillent déjà sur ces questions d’organisation des plannings, de plans de formation, de CDI… Et sont en mesure d’accompagner l’évolution du secteur.

Est-ce que ces inégalités se retrouvent dans les postes à responsabilité ?

Plus le niveau de responsabilité augmente, moins on trouve de femmes en poste : 12 % des femmes dans l’ESS sont cadres, contre 21 % pour les hommes. Dans la santé, 34 % des hommes sont cadres contre 10 % des femmes, alors qu’elles sont plus nombreuses dans les effectifs. Ce n’est pas forcément lié à l’ESS, mais il faut que les structures se rendent compte que c’est aussi vrai dans ce secteur.

Qu’en est-il de la question des salaires ?

Les écarts de salaire entre les femmes et les hommes sont moins importants dans l’ESS (19 %, comme dans le public) que dans le privé hors ESS (24 %) et dans l’économie totale (22 %). En cinq ans, cet écart s’est réduit de trois points, ce qui peut témoigner des actions mises en place dans l’ESS en termes de politique RH.

C’est parmi les cadres et les ouvriers que l’on retrouve les écarts les plus importants (25 %). On constate 19 % d’écart chez les employés et 11 % parmi les professions intermédiaires. Le temps partiel explique, en partie, ces écarts de salaire. Mais en partie seulement car ils perdurent lorsque l’on s’intéresse au salaire horaire.

Quels sont les secteurs d’activités les plus fortement féminisés au sein de l’ESS des Pays de la Loire ?

Sans surprise, les champs de l’action sociale et de la santé humaine : les femmes représentent respectivement 77 % et 87 % des effectifs. Aujourd’hui en Pays de la Loire, six secteurs d’activité sont non mixtes : la santé humaine, l’action sociale, l’enseignement, l’hébergement et la restauration, ainsi que les structures ayant une pluriactivité et les activités financières et d’assurances. Dans ces secteurs, les femmes représentent au moins 60 % des effectifs.

Est-ce que la Cress a identifié des leviers d’action pour rétablir cette égalité dans l’ESS ? 

Aujourd’hui, il semble encore indispensable d’informer, sensibiliser et de former les structures à ce sujet. De façon globale, même si ce n’est pas le cas pour toutes, les structures de l’ESS sont souvent dans la gestion de l’urgence au quotidien et laissent peu de place à la prise de conscience dans leur propre fonctionnement. Elles ont donc besoin d’être accompagnées dans ce processus et d’être outillées pour pouvoir agir à leur niveau. Aujourd’hui, on relève quatre grands enjeux, sans ordre de priorité : renforcer la place des femmes dans les instances de gouvernance, valoriser les métiers dits féminins, accompagner l’entrepreneuriat des femmes dans l’ESS et favoriser un emploi durable pour toutes et tous.
Aujourd’hui, sans volonté politique de la part des dirigeants de structures, il est difficile d’imaginer un mouvement d’ampleur sur le sujet. Les instances dans l’ESS doivent faire de ce sujet une priorité pour favoriser un meilleur fonctionnement de leurs structures et de la société en général.

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