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Rénovation énergétique : l’exemple d’un HLM avec le projet Dolmen

Requalifier 60 logements sociaux pour générer moins d’impact tout en leur offrant un nouveau cycle de vie. Telle était l’ambition du projet Dolmen, une rénovation énergétique de deux immeubles HLM de Saint-Nazaire lancée en 2018. Achevés en mars dernier, les travaux ont permis de réduire de manière drastique les consommations énergétiques des bâtiments tout en améliorant le cadre de vie des habitants. Un exemple inspirant pour le secteur.

projet Dolmen

Le projet Dolmen, après rénovation. © D.R.

Organisé le 19 septembre dernier à la Cité des Congrès, EnerJ-Meeting Nantes est le salon de l’efficacité énergétique et environnementale du bâtiment. Cette troisième édition nantaise a attiré (en présentiel et à distance) près de 1 000 professionnels et décideurs du bâtiment. L’occasion de découvrir les dernières innovations du secteur ou d’assister à l’une des 40 conférences proposées autour du thème “Construire et rénover – sobriété et solutions zéro carbone”.

IJ a suivi celle consacrée au projet Dolmen, car ce chantier de rénovation énergétique mené en Loire-Atlantique illustre parfaitement comment un ensemble HLM peut être amélioré pour générer moins d’impact. Ayant débuté à l’été 2018 avant d’être livré en mars dernier, ce projet de réhabilitation de 60 logements sociaux de la rue du Dolmen à Saint-Nazaire a été présenté par Camille Madinier, architecte de l’agence nantaise Urbanmakers : « Commandé par Silène Habitat[1], le plus grand bailleur social de Saint-Nazaire, ce projet a été réalisé selon les normes RT 2012, un niveau équivalent au label BBC rénovation », précise l’architecte.

« Créer une nouvelle cohérence architecturale contemporaine »

Situés entre le centre-ville et tous les organes militaires et industriels de la ville, les deux immeubles ont une position centrale. « En revanche, ils flottaient sur la parcelle et la résidentialisation privilégiait l’usage de la voiture. De plus, l’implantation initiale des immeubles ne tenait pas compte de l’alignement des rues et les logements ne bénéficiaient pas d’extérieur. Enfin, leurs volumes étaient typiques des années 1960 : rigides, avec des façades lisses et très répétitives. »

Compte tenu de ces éléments, l’objectif premier d’Urbanmakers a été d’améliorer le cadre de vie en « créant une nouvelle cohérence architecturale contemporaine à l’aide des balcons formant de grands rubans autour des bâtiments qui, par leurs ondulations, brisent l’extrême rigidité des constructions existantes. Et pour filtrer les vues et créer de l’intimité tout en laissant entrer la lumière jusqu’au cœur des logements, ces balcons ont été équipés de garde-corps en verre dépoli et de parois en polycarbonate mobiles ».

« Des performances quasiment similaires à des projets neufs »

Pour répondre à la forte ambition thermique et énergétique du projet, « l’intégralité de l’isolation des façades et des toitures a été refaite. Les balcons participent également au confort d’été grâce à un effet casquette brisant l’entrée de lumière directe, limitant ainsi la surchauffe. »

Toujours dans cette logique de sobriété, « toutes les menuiseries extérieures ainsi que les chaudières ont été remplacées. Et une mise à jour de la ventilation effectuée. » À la clé ? Une nette réduction des consommations énergétiques : « Nous sommés passés de 270 à 69 Kwh de consommation moyenne par mètre carré, ce qui a permis à la soixantaine d’appartements de passer de la classe énergie E à B. On arrive ainsi à obtenir des performances quasiment similaires à des projets neufs », se félicite l’architecte.

projet Dolmen

Le projet Dolmen, avant rénovation. © D.R.

Mission accomplie… mais budget dépassé

À noter que les façades claires des deux immeubles ont également été revêtues de bardages en aluminium anodisé. « Un moyen de faire écho à l’univers maritime de la ville, mais aussi de créer des façades changeantes qui, selon la météo et la lumière, vont venir refléter différentes couleurs ».

Côté bilan, la mission est accomplie pour Urbanmakers : « Les logements proposent désormais un confort optimal d’un point de vue thermique et acoustique. Ils bénéficient également d’une belle luminosité et d’une gestion plus raisonnable de l’énergie. »

Seule ombre au tableau : le coût de l’opération. Estimée initialement à 3,9 M€, la facture a finalement atteint 4,8 M€, soit 1705 € HT de rénovation par mètre carré (en surface de plancher). Une augmentation qui s’explique par la pose des nouveaux balcons : « Ils devaient initialement s’accrocher à la façade mais on a finalement été contraints de basculer sur des balcons autoportants, ce qui a participé à l’explosion du budget », concède l’architecte.

 

[1] Plus grand bailleur social de Saint-Nazaire, Silène Habitat gère 90 % de l’offre locative de la métropole, soit 10 000 logements sur 18 communes. Rien qu’en 2022, il a investi 62 M€ dans la construction et la réhabilitation de logements pour participer au renouvellement urbain.