Si les tensions liées au recrutement sont désormais bien identifiées, « mesurer les difficultés (…) permet de poser la question des tensions qui s’exercent sur le marché du travail et des leviers à mettre en place », pose d’emblée l’Insee dans sa dernière étude Flash de décembre. De fait, on le sait, les entreprises ligériennes font globalement état de difficultés, un phénomène que l’institut chiffre à 69 % des projets de recrutement anticipés en 2023, tandis qu’elles n’étaient que 37 % à en faire état huit ans plus tôt. La situation est même jugée « très tendue » pour plus de la moitié des métiers. L’étude pointe plusieurs typologies de facteurs.
Des tensions plus fortes qu’au niveau national
Elle met d’abord en avant les salaires et les conditions de travail de certaines filières qui les rendent peu attractives. Sans surprise, les métiers de la santé (+69 % de difficultés de recrutement constatées pour les infirmiers), de la distribution, de la logistique ou encore les services aux particuliers, apparaissent en bonne place (voir l’infographie).
Autre piste évoquée : l’offre de formation insuffisante ou l’orientation inadaptée, qui entraînent des difficultés pour trouver des salariés qualifiés. L’évolution vers une économie plus durable crée ainsi de nouveaux besoins : « Les secteurs des énergies renouvelables, de l’énergie et du bâtiment, en particulier dans le domaine de l’isolation thermique, nécessitent des compétences spécialisées. »
Enfin, les difficultés de recrutement ressenties ces dernières années par les employeurs peuvent aussi avoir une origine conjoncturelle. La dynamique économique régionale tout comme la crise du Covid ou l’inflation peuvent ainsi « générer des effets à long terme », souligne l’étude, qui cite les pénuries dans les secteurs du soin, mais aussi l’accélération du recours au numérique, augmentant ainsi les besoins dans ces métiers.
De manière générale, l’Insee relève que les tensions de recrutement « s’accentuent davantage qu’au niveau national, sauf pour deux familles de métiers : les ouvriers de la construction et du bâtiment et les autres métiers. » Pour l’institut, les explications sont en partie à chercher dans deux phénomènes concomitants : la hausse de l’emploi salarié (+200 000 emplois entre fin 2014 et début 2023) et la baisse importante du chômage (5,6 % au 2e trimestre 2023 contre 9 % au 4etrimestre 2014). Enfin, la forte dynamique démographique de la région accentue les tensions.
Dernier constat de l’Insee : dans certains métiers, les tensions, déjà fortes, ont finalement peu évolué. C’est le cas des métiers à forte saisonnalité ou des fonctions d’encadrement (ingénieurs et cadres d’étude, R&D en informatique…). Pour ces dernières, « la part de projets de recrutement jugés difficiles passe de 67 % à 73 % en huit ans. Depuis 2019, cette part est même en baisse (-4 points). »
Source : Insee Pays de la Loire
