Sans surprise, la Vendée affiche le taux d’emplois saisonniers le plus élevé de la région. Près de 16 700 embauches1 concernent une activité saisonnière (tourisme, hôtellerie-restauration, agriculture), soit un quart des projets de recrutement (37,6 %). Et toujours sans surprise, le littoral figure parmi les bassins les plus concernés par l’emploi saisonnier.
Se démarquer
Et qui dit saisonnier pour un parc de loisirs ne veut pas forcément dire juillet et août, au contraire. Par exemple, la saison débute le 30 mars au Potager Extraordinaire nouvellement installé sur l’ancien site Beautour à La Roche-sur-Yon depuis juillet 2023 (30 000 visiteurs). Sa singularité : être un parc à thème botanique labellisé entreprise d’insertion, « le seul en France », qui dispose de collections végétales « uniques » en Europe, soit près de 3 000 graines et 500 plantes insolites. Un concept différenciant qui semble séduire les saisonniers, d’après son directeur Nicolas Brenon. « Nous attirons des personnes qui ont vraiment l’envie de travailler chez nous et d’en savoir plus sur le monde du végétal. » Cette année, le parc (10 permanents) qui a démarré ses entretiens d’embauche en février, « un peu tardivement », a reçu 20 à 30 candidatures pour l’animation quand 5 postes sont à pourvoir. Comme l’an passé, Nicolas Brenon prévoit de doubler les effectifs pendant la saison touristique avec en tout 10 saisonniers à qui il propose des contrats de mars à octobre. Tous les postes seraient d’ores et déjà pourvus, sauf en restauration. « Le recrutement des personnels de cuisine demeure compliqué, peu de candidats se présentent ou n’honorent pas les rendez-vous. » En cause, des horaires contraignants ? « Non, répond-il. Il y a uniquement un service le midi, hormis quatre veillées en juillet et août. » Le salaire peu attractif, alors ? « Nous proposons une rémunération un peu plus élevée, soit 200 € bruts au-dessus du Smic », met en exergue le directeur. Pour lui, les jeunes auraient en fait une mauvaise image du secteur et des a priori sur le métier et les conditions de travail.
Des saisonniers en position de force
Après avoir accueilli près de 140 000 visiteurs en 2023, Le Grand Défi (2,275 M€ de CA en 2023) va quant à lui ouvrir ses portes le 6 avril prochain. Et les recrutements ont déjà commencé depuis le 10 février lors d’un job dating. Cette année, le parc de loisirs (une dizaine de permanents) a prévu de dévoiler un nouvel espace à partir du 22 juin : l’un des plus grands aquaparks de France, composé de plus de 80 modules gonflables sur une pièce d’eau de près de 3 hectares. De ce fait, il recherche une centaine de saisonniers, contre 85 l’an dernier (146 contrats signés), dont une dizaine de surveillants de baignade titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique. Parmi les autres profils recherchés : hôtesse d’accueil, opérateur Parcours acrobatique en hauteur, animateur activités itinérantes, paintball/laser game ou encore équestre. La responsable RH précise qu’une partie des postes, environ 60 %, seront occupés par des habitués. « Les contrats peuvent s’étendre sur toute la saison, d’avril à novembre, ou seulement sur la haute saison en juillet et août, parfois uniquement pendant les vacances scolaires d’avril, en plus de certains week-ends », détaille Diane Hoarau qui doit jongler avec les disponibilités des saisonniers. « C’est à nous de nous adapter. »
Même constat du côté de Clément Trigatti, responsable communication et accueil pour les parcs O’Gliss (ouvert du 22 juin au 8 septembre) et O’Fun (ouvert du 6 avril au 3 novembre), tous deux appartenant au groupe Océano (une vingtaine de salariés pour 8,5 M€ de CA en 2023), basés au Bernard, à une dizaine de kilomètres de la station balnéaire de La Tranche-sur-Mer. Ce dernier confirme que le recrutement des saisonniers, « 90% de jeunes », est de plus en plus compliqué. « Ils deviennent plus exigeants. Certains veulent alterner un mois de travail et un mois de vacances. Ce qui nous oblige à multiplier les contrats. Par exemple, l’an dernier, nous avons fait 900 contrats pour 300 saisonniers. » Cette année, les besoins vont au-delà, soit 50 postes en plus (animateur, opérateur aquatique, surveillant de baignade, opérateur accrobranche, agent d’accueil…) : 10 pour O’Fun Park, autant pour O’Gliss Park qui va dévoiler un nouveau toboggan et 30 saisonniers (réceptionniste, poste de gardiennage…) pour accompagner l’ouverture du nouvel hôtel O’Tel Park du 1er mai au 11 novembre.
Opération séduction
Pour les attirer, chacun dévoile ses atouts. Le Grand Défi propose des horaires « peu contraignants », dixit Diane Hoarau. « Les saisonniers font des journées de six heures. Seuls ceux dédiés au paintball sont en journée complète avec une pause déjeuner d’une heure. Quand ils débauchent, ils ont un accès libre au parc. » Autres avantages : « des packages d’activités (6 à 12 entrées) gratuits pour leurs proches, une journée d’intégration (formation le matin et jeux l’après-midi), un repas de début de saison mi-juillet et de fin de saison. » Et les saisonniers polyvalents avec de l’ancienneté bénéficieraient d’une valorisation salariale.
Au sein des parcs O’Gliss et O’Fun, la règle d’or est moins de contrats courts au profit des contrats longs (six mois) pour fidéliser les saisonniers. Et pour attirer des opérateurs accrobranches, plus difficiles à trouver car ce poste nécessite un diplôme d’État, la direction leur finance une formation d’une semaine. Grâce à des partenariats avec les autres parcs de la région, la direction offre également des entrées aux saisonniers « méritants ». Denrée rare mais essentielle au bon déroulement de la saison, les surveillants de baignade, engagés sur toute la saison, se voient quant à eux proposer un salaire supérieur au Smic, soit « environ 12,50 € à 13 € de l’heure », poursuit Clément Trigatti. Alors que les saisonniers qui rempilent pour une deuxième saison gagnent « environ 1 € de plus par heure ».
Le logement : une vraie problématique
Cette année encore va se poser la question des difficultés de recrutement des saisonniers qui n’arrivent pas toujours à se loger. Un problème qui peut plomber la saison touristique. Il faut donc trouver des solutions. Depuis 23 ans, Océano Loisirs collabore ainsi avec le camping municipal de Moutiers-les-Mauxfaits qui réserve une centaine d’emplacements aux saisonniers (contre 60 en 2023) moyennant un loyer mensuel de 150 €. « Les places sont prises d’assaut », d’après Clément Trigatti. Depuis l’année dernière, la société fait de même avec le camping de Saint-Benoist-sur-Mer, à dix kilomètres de là avec, à la clé, une vingtaine de places. Et il n’est pas exclu de créer des hébergements pour les saisonniers dans les deux à trois ans.
Un sujet qui pourrait également être à l’ordre du jour au Grand Défi. Pour l’heure, le parc s’appuie sur l’office de tourisme des Achards qui centralise la liste des chambres louées par des particuliers. Et le servive RH réfléchit, lui aussi, à des actions avec des campings.
1 Enquête annuelle de France Travail (ex-Pôle emploi) sur les besoins de main-d’oeuvre des entreprises en 2023.