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Protéger l’entreprise et son dirigeant : les experts se mobilisent

Dans un contexte économique marqué par une forte incertitude et une concurrence accrue, la protection de l’entreprise et de son dirigeant est devenue un enjeu majeur. Cyberincidents, interruptions d’activité, litiges commerciaux, difficultés financières... Les menaces sont multiples et mettent en péril la survie des entreprises. Afin de répondre à ces défis, les journées interprofessionnelles organisées à Nantes et Angers offrent aux décideurs et experts l’occasion d’échanger sur les stratégies à adopter pour anticiper les risques et assurer la pérennité de leurs activités.

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Les chiffres récents publiés par la Banque de France témoignent de la pression accrue qui pèse sur les entreprises : entre septembre 2023 et septembre 2024, environ 63 700 d’entre elles ont fait faillite en France, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation, particulièrement visible dans les secteurs des services, du commerce et de la construction, rappelle aux dirigeants l’importance d’une protection renforcée pour sécuriser leur avenir et celui de leurs collaborateurs. « Les récents soubresauts économiques rappellent la nécessité d’être vigilant et bien accompagné », souligne Jean-Yves Lechevestrier, président de l’Ordre des experts-comptables des Pays de la Loire.

Un triptyque d’expertise pour une vision stratégique

Jean-Charles Veyrac

Pour aider les dirigeants à faire face à ces menaces, une approche multidisciplinaire associant les compétences des experts-comptables, des avocats et des notaires est essentielle. Ces trois professions offrent une vision complémentaire : l’expert-comptable se concentre sur l’aspect financier, l’avocat sur les questions juridiques, et le notaire sur les enjeux liés à la transmission et la pérennité de l’entreprise. « Le bon fonctionnement des entreprises, essentiel pour une société apaisée et stable, repose sur ce triptyque d’expertises », rappelle Jean-Charles Veyrac, président délégué pour la Loire-Atlantique de la Chambre interdépartementale des notaires. Il insiste sur la nécessité de cette collaboration, en particulier dans les moments clés de la vie de l’entreprise, comme la création, la transmission ou la succession.

Jean-Yves Lechevestrier complète : « Les chefs d’entreprise doivent se doter d’outils de gestion des risques et de prévention pour sécuriser leur avenir. » Une anticipation proactive permet en effet aux dirigeants de se préparer aux aléas économiques, juridiques ou humains, et de se prémunir face aux imprévus. Le proverbe latin Praemonitus, praemunitus — « averti, donc armé » — résonne particulièrement pour les chefs d’entreprise aujourd’hui.


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La prévention et l’anticipation comme maîtres-mots

Emmanuel Follope

Emmanuel Follope, bâtonnier du barreau de Nantes, souligne l’importance d’intégrer dès la création de l’entreprise des mesures de protection et de structuration du patrimoine. L’avocat, souvent sollicité en cas de crise, peut aussi jouer un rôle essentiel en amont pour éviter ces situations de crise par des conseils personnalisés. « L’avocat est un acteur précieux, capable de guider l’entrepreneur dans ses choix stratégiques, fort de son expérience en contentieux et en résolution amiable des conflits », explique-t-il. Pour lui, le rôle de l’avocat n’est pas seulement d’intervenir en cas de litige, mais aussi d’accompagner les entreprises pour éviter des mesures drastiques comme la liquidation judiciaire.

Cet accent mis sur la prévention s’inscrit dans une dynamique collective que Jean-Charles Veyrac qualifie d’interprofessionnalité. Pour assurer la pérennité des entreprises, une collaboration étroite entre avocats, experts-comptables et notaires permet d’aborder de manière complète les problématiques rencontrées par les dirigeants. Cette synergie donne aux experts la possibilité de proposer des solutions adaptées aux spécificités de chaque entreprise, tout en renforçant la stabilité de la société dans son ensemble. Le proverbe latin Ubi societas, ibi ius — « là où il y a une société, il y a du droit » — glissé par Jean-Charles Veyrac illustre bien l’idée que le droit constitue un pilier fondamental pour le bon fonctionnement de toute organisation.

Un rôle essentiel pour les commissaires aux comptes

Le métier de commissaire aux comptes, bien que plus éloigné du conseil direct, reste central pour la santé financière des entreprises. Guillaume Ronco, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes, souligne que « le commissaire aux comptes reste un garant de confiance pour les parties prenantes, un “garde-fou” contre les excès fiscaux et un premier lanceur d’alerte en cas de signaux faibles dans la continuité d’exploitation. » Sa fonction est cruciale dans les restructurations d’entreprise, que ce soit pour des missions d’évaluation, de fusion ou d’apport.

Alors que les entreprises naviguent dans un contexte économique tendu, les commissaires aux comptes sont souvent les premiers à alerter les dirigeants des risques financiers avant qu’ils ne deviennent critiques, initiant parfois des procédures de conciliation. La profession évolue également vers un rôle accru en matière de durabilité et de responsabilité sociétale. « Avec la prise en charge des rapports CSRD (Corporate sustainability reporting directive) pour les grandes entreprises, les commissaires approfondissent leur compréhension de l’ADN des entreprises au-delà des aspects purement financiers », ajoute Guillaume Ronco, soulignant l’importance croissante de l’analyse extrafinancière dans l’évaluation des risques.


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Un programme ciblé orienté solutions…

Ces journées interprofessionnelles témoignent ainsi de l’importance d’une collaboration renforcée entre les professions juridiques et comptables pour accompagner les entrepreneurs à chaque étape, en mettant l’accent sur la prévention et l’anticipation des risques. Pour Jean-Yves Lechevestrier, elles sont une occasion unique pour les dirigeants de renforcer leur compréhension des enjeux qui touchent leur entreprise et de découvrir des outils concrets pour sécuriser leur activité à long terme.

Le 28 novembre, la matinée de Nantes débutera dès 8 h 30 avec un accueil des participants, suivi à 9 h d’une table ronde animée par Laëtitia Blanchard, directrice de l’IJ. Cette rencontre réunira plusieurs experts ainsi que deux entrepreneurs, Sophie Péan, fondatrice des Jolis Cahiers, et Olivier Riom, dirigeant de Vivolum, qui partageront leurs expériences en matière de protection d’entreprise. « Le soutien des professionnels du droit et du chiffre m’a permis de sécuriser mes actifs tout en favorisant la croissance de mon entreprise », témoigne Olivier Riom.

À partir de 10 h 45, les participants pourront approfondir leurs connaissances en choisissant parmi plusieurs ateliers thématiques, répartis en deux sessions. Chaque dirigeant pourra dès lors explorer les sujets qui lui tiennent à cœur : les aléas de la vie, la protection de la trésorerie ou encore les procédures préventives d’anticipation. Ces ateliers ont pour but de fournir des solutions pratiques et adaptées aux différents profils d’entreprises.

La journée se clôturera par un moment de convivialité et de réseautage lors d’un cocktail à partir de 12 h 15, offrant ainsi aux participants l’occasion d’échanger et de renforcer leurs liens professionnels.

Journées interprofessionnelles
Le 27 novembre à Angers
centre des Affaires de Terra Botanica

Le 28 novembre à Nantes
Pôle territorial des notaires de Loire-Atlantique
de 8 h 30 à 13 h 30

Programme :

  • 8 h 30 : Accueil
  • 9 h : Table ronde avec témoignages
  • 10 h 45 – 12 h 15 : Ateliers au choix
  • 12 h 15 : Cocktail de clôture

Inscriptions ouvertes aux chefs d’entreprise, professionnels et collaborateurs
Infos pratiques et inscriptions :
Formulaire en ligne