Jean-François Robergeau, président de l’entreprise Louineau ©Cyril Badet
Entreprise familiale créée à Luçon en 1981, Louineau s’est rapidement spécialisée dans la fabrication et la conception de pattes de fixation pour menuiseries intérieures, un marché de niche directement lié à l’évolution de celui des industriels locaux (K-Line, Cougnaud…) « Lorsque j’ai rejoint l’entreprise en 2000, nous étions 13 collaborateurs, rappelle Jean-François Robergeau, président de Louineau. Aujourd’hui, nous sommes une centaine dont un bureau d’études intégré de dix salariés ainsi qu’un service R&D. Nous avons fait évoluer nos produits vers une solution globale (fixations intérieures/extérieures, habillages…) afin de sortir de l’image de sous-traitant pour aller davantage vers celle de concepteur. Nos pré-cadres d’habillage pour menuiseries sont devenus un standard, certifié par l’institut technologique FCBA (Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement). C’est cette démarche d’innovation continue qui nous a permis d’intéresser des acteurs du Village olympique. » Et de préciser : « On n’est pas rentrés dans les appels d’offres en tant que tels. Ce sont nos clients – entreprises du bâtiment et architectes – qui nous ont prescrits. » Pour cela, l’entreprise a initié un important travail d’approche lui permettant de se faire repérer. « On a fait valoir notre produit sur sa capacité, notamment, à résoudre des problématiques thermiques et d’étanchéité. Concrètement, le dossier JO a débuté dès 2019 avec la conception des prototypes en 2020 et les premières livraisons au printemps dernier. Nous prévoyons les dernières livraisons cet été. Au total : quatre lots en ossature bois sur le chantier du village des athlètes seront équipés de plus de 3 000 pré-cadres d’habillage Louineau », annonce-t-il fièrement.
À la conquête de futurs marchés
Un challenge relevé par la PME qui a doublé ses effectifs il y a deux ans en prévision du chantier olympique afin de maintenir son activité en parallèle. « Nous avons une place à prendre sur le marché du chantier, assure le dirigeant. Cela implique de sortir de la menuiserie industrielle en allant davantage sur du logement collectif, de la rénovation énergétique et de la surélévation de bâtiments existants. À cet égard, Paris 2024 nous a permis d’intégrer la filiale bois du groupe Bouygues qui vise 30 % de ses futurs marchés sur structure bois d’ici trois ans. »
C’est aussi en répondant à un besoin précis de Bouygues que le Vendéen Master Industrie a remporté deux dossiers sur le futur Centre aquatique olympique et l’Arena. La PME de 50 personnes, filiale du groupe Ligérien Semosia implantée à Chanverrie, s’illustre sur une micro-niche : la fabrication de fauteuils et de tribunes télescopiques depuis 1974. « Le principe est le suivant, déclare Yann Le Guyader, directeur de Master Industrie : proposer un produit pouvant accueillir différents types d’événements dans une même salle, en adaptant la géométrie et la position. Ainsi, nos tribunes sont à la fois télescopiques, déplaçables et séparables. Enfin, nous concevons les fauteuils qui doivent être adaptés pour rentrer dans la tribune qui se replie. » Il ajoute : « Il faut savoir que les deux seules salles créées à l’occasion de Paris 2024 sont la piscine (en face du Stade de France) et l’Arena située Porte de la Chapelle. Les deux chantiers ont été gagnés par Bouygues sur appels d’offres. Pour la partie tribunes, notre nom ressort assez facilement puisque l’on fournit les trois-quarts des Arena de France. Pour les fauteuils, en revanche, l’histoire est différente, raconte l’entrepreneur. La Ville de Paris souhaitait des sièges en plastique recyclé. Grâce à l’entremise de notre agent parisien, nous avons signé un partenariat avec la SAS Minimum qui conçoit des planches à partir de matériaux issus de déchets plastiques. Nous avons travaillé ensemble pour en faire des assises et des dossiers venant se greffer sur notre ossature métallique. C’est l’association de nos savoir-faire respectifs qui nous a permis de gagner les deux marchés, piscine et Arena. » La PME débutera l’installation de 12 000 sièges en septembre. Un sacré défi qui représente environ 15 % de son CA annuel (14 M€ de CA en 2022).
Yann Le Guyader, dirigeant de Master Industrie ©Master Industrie
Du business à l’image
Au-delà du chiffre d’affaires généré directement par les Jeux Olympiques – 10 % du CA annuel de Louineau sur deux ans (pour un CA 2022 de 16 M€) – c’est en termes d’image que les retombées sont attendues. « Le sponsoring d’équipes sportives associatives a toujours fait partie de l’ADN de notre société, renchérit Jean-François Robergeau. Nous partageons avec le monde sportif des valeurs universelles telles que la transmission, le partage et la performance. Avec les JO, j’ai voulu marquer le coup : non seulement nous y participons avec nos produits mais aussi, plus largement, en s’engageant auprès d’athlètes de la région. En tant que passionné d’équitation, j’ai dans mes relations Fabrice Saintemarie, un cavalier de haut niveau ayant intégré l’équipe de France l’an dernier. Avec le Codir, nous avons pris la décision de le sponsoriser. Il n’est pas encore sélectionné pour les JO, mais il lui reste un an et demi pour faire ses preuves. Par ailleurs et pour des raisons personnelles, je suis sensible à la visibilité et à l’intégration du handicap en entreprise. C’est pourquoi nous apportons également notre soutien à la para-triathlète vendéenne Gladys Lemoussu, d’ores et déjà qualifiée pour Paris 2024. » Une aventure humaine, fédératrice pour les collaborateurs, qui auront l’occasion de participer à des actions tout au long de l’année : sortie équestre, triathlon par équipe, equicoaching, invitations au jumping… »
De son côté, même si Master Industrie a déjà vécu l’expérience JO (L’entreprise a participé à ceux de Lillehammer en 1994), Paris 2024 reste une référence prestigieuse avec un impact attendu sur la notoriété. « Pendant 16 jours, Paris sera le cœur du monde, déclare Yann Le Guyader. À nous de profiter de cette opportunité pour conquérir de nouveaux marchés, grâce notamment à notre partenariat sur le siège recyclé », conclut-il.
