Couverture du journal du 12/04/2024 Le nouveau magazine

Nicole Gourmelon, DG du Crédit Agricole Atlantique Vendée

Arrivée il y a un an à la tête du Crédit Agricole Atlantique Vendée (2211 collaborateurs, 1054 entreprises financées en 2019), Nicole Gourmelon se définit elle-même comme un pur produit du groupe bancaire. Entretien avec une « optimiste lucide », qui mise beaucoup sur les atouts du territoire.

Nicole Gourmelon

Nicole Gourmelon © Benjamin Lachenal

J’assume d’être à contre-courant

Vous êtes Bretonne, vous venez de Normandie. Que pensez-vous de notre territoire ?

Je viens de la pointe du Finistère, plus précisément du Conquet, c’est-à-dire du bout du monde. Une localisation qui a forcément eu des impacts sur mon tempérament… Après, c’est la mer, donc si vous ne vous bougez pas, si vous ne prenez pas votre destin en main, si vous n’allez pas au-devant des autres, il ne se passera rien. C’est pour cela que je me sens bien en Loire-Atlantique et en Vendée : j’ai le sentiment de retrouver une terre d’entrepreneurs. 

Quand je suis arrivée, ce qui m’a le plus marquée, c’est la démographie du territoire : c’est une région très attractive, avec une dynamique de consommation et de création d’entreprises réelle. 

Justement, quel bilan faites-vous de cette première année ?

En 2019, on a recruté 200 personnes, dont 60 en emplois net. À l’heure où l’on parle partout de fermetures d’agences, j’assume d’être à contre-courant. C’est un choix audacieux, mais je crois en notre territoire. J’estime que, oui, on peut avoir un retournement de croissance globalement, mais certains territoires peuvent s’en sortir mieux que d’autres et celui-ci est armé pour cela. Et comme contributeur, ma mission est d’agir avec les équipes pour faire en sorte qu’il se développe au maximum.

J’ai donc proposé au conseil d’administration d’investir sur les femmes et les hommes, sur l’immobilier : on a refait nos agences, on bâtit le Campus avec un écosystème inédit… et on nourrit les emplois sur le territoire. Ayons confiance dans l’avenir, dans notre capacité à faire et le Crédit Agricole, dans ce concert d’optimisme lucide, peut jouer sa partie. Si le territoire va bien, le Crédit Agricole ira bien et si le Crédit Agricole va bien, c’est un moyen pour que le territoire aille encore mieux. C’est un cercle vertueux. Mais ça ne se fait pas tout seul.

Comment initier ce cercle vertueux ?

Je veux donner des signes tangibles, comme le fait d’embaucher, d’investir avec les entreprises de la région, d’être partenaire de causes qui contribuent à la dynamique sociale et économique de la région. Notre finalité n’est pas la rentabilité, mais l’utilité. Ce qui veut dire aussi que si on ne croit pas à certains projets, on ne les fait pas, même si c’est au détriment de la rentabilité.

Je souhaite que la région Ouest, au travers de notre territoire, prenne davantage de place au niveau national et international. On a tout pour atteindre cette ambition et si l’on veut que le Crédit Agricole joue pleinement son rôle, il faut des femmes et des hommes. Après, si je constate que ce choix est trop audacieux, je me dis que je pourrais toujours réduire la voilure.

Vous évoquez le Campus, actuellement en construction. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Avec le Campus by CA, l’ambition est d’arriver à réunir un écosystème qui accompagne l’ensemble des entreprises, de couvrir l’ensemble du champ des possibles, en s’adressant à tous, de la TPE au grand groupe, en passant par la PME. L’apport pour le territoire, c’est 1000 emplois regroupés sur le site avec toutes les expertises d’une banque universelle, en proximité et à disposition de tous les acteurs du territoire. 

J’ai une idée ? Je viens au Village by CA. Je suis une jeune entreprise et je veux me diversifier ? Je cherche des cibles pour une croissance externe ou à l’international ? Je vends mon entreprise et je cherche des solutions pour gérer mon patrimoine ? Je veux faire du leasing, de l’affacturage ? Toutes les expertises seront là ! Et pour aller encore plus loin, je ne trouverais pas inintéressant de mettre en place des parrainages de chefs d’entreprise pour les TPE… 

Quelle marque souhaitez-vous imprimer ?

Ma particularité, c’est de croire dans les femmes et les hommes, dans leur capacité à se surpasser. Et c’est vrai tant pour les collaborateurs, les sociétaires, que pour nos clients ou les acteurs du territoire. En chacun, il y a du talent et j’aime faire en sorte qu’il se révèle. 

Je travaille d’abord beaucoup sur l’interne pour que chacun ait conscience qu’il fait un beau métier, celui d’être un partenaire pour nos clients que l’on accompagne dans leurs projets de vie. 

Nous mesurons la satisfaction et l’engagement des collaborateurs tous les ans et il s’agit pour moi de deux indicateurs fondamentaux. Le troisième est celui de l’attractivité de la banque, pour voir combien de nouveaux clients nous attirons : 10 000 net cette année. Nous travaillons aussi la fidélisation. Je lis par exemple toutes les réclamations qui me sont adressées, car pour moi ce sont des signaux faibles. Je demande également à voir le retour que nous leur faisons, l’objectif étant de faire progresser l’entreprise pour une meilleure expérience client.